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Le pape François n’est l’homme d’aucune faction

Nicolas Diat vient de publier un livre sur Benoît XVI, “l’Homme qui ne voulait pas être pape”. Il répond à Valeurs actuelles :

"On a tendance à opposer le pape François à son prédécesseur, Benoît XVI. Le premier est réputé progressiste, quand l’autre était jugé conservateur. Qu’en pensez-vous ?

Il s’agit d’une opposition purement médiatique. J’en veux pour preuve le conclave de 2005. On a présenté Bergoglio comme le challenger de Ratzinger, mais il n’y a jamais eu de challenge ! C’est malgré lui qu’on a fait du cardinal de Buenos Aires le candidat du camp progressiste. D’une part, il jugeait indécent de s’opposer à l’élection d’un homme dont il appréciait la bonté et les qualités intellectuelles. Par ailleurs, le camp progressiste n’était pas uni. Bergoglio est un jésuite, mais il n’a jamais approuvé la ligne réformiste du supérieur général de l’époque, Pedro Arrupe, qui s’est traduite en Amérique latine par un soutien plus ou moins explicite à la théologie de la libération. Bergoglio n’est pas un idéologue, il n’est l’homme d’aucune faction. Il est tout simplement inclassable.

[…] Benoît XVI a maintenu, développé, approfondi le magistère. Mais a-t-il gouverné ? Le seul acte de gouvernement qu’il ait posé, n’est-ce pas la renonciation de 2013 ? [Il y en a eu d'autres, comme les affaires liées aux abus sexuels, la création d'Ordinariats pour les Anglicans, le motu proprio sur la forme extraordinaire, etc. NDMJ] Joseph Ratzinger est un homme d’une douceur et d’une abnégation telles qu’il prend tout sur lui. Jamais il ne sévit, jamais il n’écarte. Quand on porte à ce point les fautes des autres, cela devient épuisant. Et cela crée forcément une situation de blocage institutionnel. Sur ce point, François est très différent de Benoît. C’est un jésuite à l’ancienne, qui décide, qui tranche sans hésiter — un peu comme un directeur de collège jésuite : il faut que l’établissement soit bien tenu !

[…] La curie telle que nous la connaissons encore aujourd’hui a été structurée par Paul VI dans les années 1970. Elle a très bien fonctionné pendant plusieurs années. Les choses se sont dégradées sous Jean-Paul II, d’abord à cause de divergences géopolitiques. La secrétairerie d’État s’accommodait des régimes communistes, alors que Wojtyla pressentait qu’ils allaient s’effondrer. Au lieu de la réformer, Jean-Paul II prend l’habitude de contourner la curie, qui se transforme en bureaucratie. C’est une machine paralysée dont hérite Benoît XVI en 2005. Aujourd’hui, l’ambition de François est de remettre la curie au service de l’Église. On sait désormais qui est le chef !

[…] De même, il a convoqué un premier synode pour la famille, qui se déroulera en octobre. Il y sera question, notamment, des divorcés et des remariés. Sur ce sujet, le pape a manifestement tendance à ne pas mésestimer les problèmes pastoraux même s’il ne faut pas imaginer une révolution en marche. Certains progressistes risquent d’être très marris… […]

La mobilisation en faveur du mariage et de la famille a surpris très favorablement le Vatican. On y a vu la réponse à l’apostrophe de Jean-Paul II au Bourget, en 1980 : « France, fille aînée de l’Église, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » Le Bourget, c’est un peu le lieu de naissance de La Manif pour tous. Benoît XVI a creusé ce sillon. En fait, la prière du 15 août 2012 que le cardinal Vingt-Trois a fait lire à tous les prêtres de notre pays a constitué une véritable bombe. Je remarque d’ailleurs que l’archevêque de Paris fait l’admiration de nombreux prélats européens pour la vigueur et la subtilité de sa stratégie. Le Vatican est donc très attentif à ce qui se passe en France. Le pape a minutieusement préparé la visite de François Hollande. Avec son ministre des Affaires étrangères, le Français, d’origine corse, Mgr Dominique Mamberti, le Saint-Père a fait passer des messages : on a trop peu souligné que le recul du gouvernement sur la loi famille suivait de très peu cette rencontre…"

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