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Immigration

Le multiculturalisme est l’idéologie dominante de notre temps

Mathieu Bock-Côté a été interrogé dans le dernier numéro de La Nef. Extrait :

Couverture291"[…] Le multiculturalisme est l’idéologie dominante de notre temps. Elle domine le monde politique, le monde médiatique, le monde académique, le monde économique. Elle œuvre à la reconstruction en profondeur des fondements mêmes de notre civilisation : elle pousse à la dissolution des identités historiques, à l’effacement des frontières, à la mutilation des repères anthropologiques les plus fondamentaux. On arrache l’homme à sa culture, à ses appartenances, d’autant qu’on présente ces dernières comme un amas de préjugés dont il devait se délivrer pour enfin renaître, dans une humanité nouvelle. Finalement, on l’arrache à sa nature. Je le redis : cette idéologie n’est pas confinée dans les marges excentriques de certaines institutions académiques. Elle condamne nos sociétés à une forme d’appauvrissement existentiel, dont la conséquence la plus immédiate est l’impuissance politique. Il est naturel, d’y résister, même si ses promoteurs maquillent cette idéologie en un sens de l’histoire auquel on ne pourrait tout simplement pas s’opposer. Je conviens que cela ne va pas de soi : comment résister à un mouvement qui se veut à la fois juste et inévitable ? Il est difficile de penser librement dans de telles circonstances. Comment s’extraire des catégories mentales prescrites par l’époque ?

Vous consacrez de fortes pages sur le problème de la présence massive de l’islam dans nos pays occidentaux : en quoi précisément pose-t-il un problème ?

Permettez-moi de reformuler le problème : ce qui me frappe, d’abord et avant tout, c’est l’aveuglement identitaire de nos élites intellectuelles qui se contentent d’une définition juridique et procédurale de la nation : leur vision du monde repose sur le déni des cultures. Dès lors, toutes les communautés, quelles qu’elles soient, peuvent cohabiter librement, sans que ne se pose jamais la question de la culture commune appelée à fonder la communauté politique. Mais une nation, quoi qu’on en pense, n’est pas qu’un empilage d’individus blindés dans leurs droits, non plus qu’une addition de communautés étrangères les unes aux autres et seulement réunies par la magie sémantique du vivre ensemble. La question de l’immigration importe parce qu’elle révèle les limites du contractualisme en politique. Une nation est une réalité historique inscrite dans la durée. Ceux qui la rejoignent doivent en prendre le pli identitaire et apprendre à dire nous avec elle. On parle beaucoup de la question identitaire aujourd’hui : à travers elle, on cherche à nommer ce qui allait autrefois de soi : la langue, la culture, la mémoire, les symboles, les mœurs. Mais sommes-nous encore capables de comprendre la part symbolique et existentielle du politique ? À cette lumière, on peut penser la question de l’islam. De quelle manière l’islam peut-il prendre le pli de la civilisation occidentale, quand on sait que la mouvance islamiste refuse de toutes ses forces qu’elle s’y intègre ? Est-ce que la civilisation européenne a encore la force et la vigueur nécessaire pour absorber ces populations nouvelles ? On est en droit d’en douter, quand on voit notre civilisation s’avachir dans le culte pénitentiel et se complaire dans une image détestable d’elle-même. […]

Que vous inspire la campagne électorale pour l’élection présidentielle en France ?

Au moment où je vous écris ces réponses (le 18 mars), j’ai l’impression que la France se fait voler son élection présidentielle. Depuis cinq ans, la France connaissait une poussée conservatrice aussi profonde que vigoureuse. Elle était appelée à connaître une traduction politique significative. Cette traduction semble avorter aujourd’hui. Par ailleurs, le déploiement de la question identitaire, l’émergence des questions sociétales, les enjeux soulevés par le terrorisme islamiste, tout cela aurait dû transformer la présidentielle de 2017 en grand débat sur l’avenir de la France, entre des options politiques clairement définies. Ce n’est pas ce qui arrive. Le système médiatique a repris le contrôle de la vie démocratique en la réduisant à des intrigues de coulisses et en la vidant de sa substance politique."

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