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France : Société

Le “monde d’après” n’augure rien de fameux, quand celui d’avant, disons-le, n’était déjà pas terrible

Le “monde d’après” n’augure rien de fameux, quand celui d’avant, disons-le, n’était déjà pas terrible

Réaction du père Danziec dans Valeurs actuelles, entre haine contre la police et culpabilisation du monde blanc :

Tout ça pour ça ? 56 jours de confinement pour en arriver là ? Ce fameux “monde d’après” de toutes les promesses, serait-ce donc ce déplorable spectacle auquel nous assistons depuis plus d’une semaine : un antiracisme qui brocarde les blancs, qui fait le procès des figures du passé national, moque le terroir, dénigre le patrimoine, déboulonne les statues, méprise l’ordre et racise le discours ambiant ? A l’image du surveillant le bouillon, dont la voix sévère rappelle en classe le petit Nicolas et ses copains, le nouveau monde déconfiné semble vouloir mettre en retenue les âmes attachées à leurs racines. Il leur ordonne de rester au coin et prend soin de coiffer l’identité française d’un bonnet d’âne.

Ce “monde d’après” porte en lui le désespoir prophétique d’un Jean Raspail : il nous empêche de regarder par la fenêtre et d’enfouir notre regard dans le ciel. Actuellement en effet, dans beaucoup d’âmes résonne davantage l’adagio d’Albinoni que la neuvième symphonie de Beethoven… A force de concessions et d’abandons, l’état de notre pays nous fait mal. Les bons sentiments en roue libre font feu de tout bois, pourvu qu’ils s’agissent de violences policières, du patriarcat ou du mâle blanc. Chateaubriand le notait déjà en 1826 :

« Lorsque les nations sont offensées dans leurs libertés, dans leurs opinions, dans leurs goûts, dans leur orgueil, en vain les champs se couvrent de moissons : un malaise général se fait sentir, et des désordres sont à craindre ».

Le “monde d’après” n’augure rien de fameux, quand celui d’avant, disons-le, n’était déjà pas terrible.

La vérité, aiguisée comme une lame, nous tranche de ses deux côtés. D’une part nous nous sentons livrés à nous-même, étrangers sur le sol qui nous a vu naître, tels des exilés spirituels ou des collés du mercredi. Nous nous sentons perdus dans un univers de plus en plus hermétique à ce qui fit la grandeur de la civilisation française et mille ans de chrétienté. L’amour courtois, la noblesse des sentiments ? C’est ringard. Le goût de l’effort ? Le lieu d’injustices systémiques. L’élégance dans le vêtement ? Passée de mode. Le grand art de l’expression française ? Vieux jeu. Le sens de l’autorité ? Relent de la domination masculine. Sur l’océan du nouveau monde, la liste du renoncement n’a pas d’horizon.

De l’autre côté de la lame, il arrive aussi – j’ai honte de le dire – que ce monde nous fatigue, que sa laideur nous effraie, que ses moeurs nous soulèvent le coeur, que ses figures médiatiques nous dégoûtent, que ce qui sort de ses écrans ou ce qui se trouve sous leurs projecteurs nous apparait profondément méprisable. Que donnerions-nous pour vivre à l’heure d’une douce France, bénéficier d’une harmonie d’esprit et sentir une identité de principes comme si nous étions en famille. Au lieu de cela, nous devons assister aux propos d’une Virginie Despentes dénonçant le racisme des Français sur France Inter, à la posture d’un Omar Sy accusant la police dans L’Obs ou aux récupérations éhontées d’un Jean-Luc Mélenchon sur fond d’affaire Traoré.

Difficile ne pas partager avec Guy de Larigaudie la conviction que le monde dans lequel nous vivons n’est pas à notre taille et que nous avons comme lui le coeur gros, parfois, de toute la nostalgie du ciel. Ce sentiment rude d’arriver trop tard dans un monde déjà trop vieux ne participe en rien, hélas, à épanouir une âme. Et comment pourrait-il en être autrement ? Il faut voir comme on nous parle ! On nous inflige des désirs qui nous affligent, on nous accable de slogans désespérants. Surtout on nous épuise de vaines polémiques et nous voilà réduits à défendre le bon sens, quand ce n’est pas l’évidence.

Entre Gay Pride déjantées et manifestations composites antiflics, on croit voir l’exact négatif photographique des marches qui, autrefois, gonflaient les coeurs de fierté et fédéraient un peuple. Dans les défilés militaires ou les processions du Saint-Sacrement à l’ancienne, on pouvait puiser du panache, de la transcendance. Y était exprimée, imperceptiblement, une apologie du don de soi qui, confusément, indiquait les joies du dépassement. Désormais, si jamais vous avez le malheur de cocher les cases de l’homme blanc, catholique, hétérosexuel et de droite, votre destin s’appelle l’excuse.

Votre vocation ? Vous excuser, au besoin en pliant le genou. Demander pardon d’être hypothétiquement raciste, conservateur, misogyne ou contre le progrès. Et si ce n’est vous, c’est donc votre frère. Ou votre grand-père. Ou vos ancêtres, les gaulois réfractaires. « La honte d’être blanc a supplanté la mauvaise conscience bourgeoise » résume Alain Finkielkraut. La créatrice de Friends a ainsi présenté ses excuses pour le manque de diversité de la série. Dans le New York Times, un universitaire taxe le film Mary Poppins de racisme, coupable de “blackface”. Le chef-d’oeuvre Autant en emporte le vent subit une tempête moralisatrice aussi injustifiée que le film est épique.

Mais la dictature du progressisme ne s’arrête pas là. Tel un mauvais remake des destructions de statues par Daesh, un terrorisme idéologique s’en prend désormais aux effigies de célébrités historiques sur les places des grandes villes. Michel Onfray soulignait habilement la bêtise d’une telle auto-talibanisation du monde occidental : « On ne va pas détruire les grottes de Lascaux sous prétexte que les hommes donnaient probablement des baffes à leurs femmes ». Qu’importe : Christophe Colomb, Baden Powell, Léopold II, Churchill ou encore le général de Gaulle, tous subissent la vindicte de la postérité.

Pendant ce temps, personne ne parle de l’esclavage au Qatar, futur hôte de la prochaine coupe du monde de football. Personne n’évoque le racisme que subissent les subsahariens dans les pays du Maghreb et des violences auxquelles ils sont soumis en Libye. Avec la logique du “monde d’après”, doit-on se préparer à voir les évêques du monde entier se rassembler demain autour du pape demander pardon avec lui, genoux à terre, pour le manque de diversité et de parité dans le collège des apôtres ?

La sagesse du “monde d’après” sent l’arnaque et la farce. Pour l’esprit consensuel, être adoubé par elle facilite sans doute le quotidien. Mais sur le long terme ? Le superficiel n’a qu’un temps mais il suffit pour rider l’âme et étouffer parfois tout appétit d’élévation. La doxa du progressisme embourgeoise et installe. Elle offre des chaussons et un devenir aseptisé, sans saveur. Le message de la civilisation française propose, à l’inverse, des chaussures de marche pour mener l’aventure de la transmission et de l’altruisme. La Foi lui ajoute l’amour d’un patrimoine et la défense d’un Bien Commun qui édifient, bousculent et font sortir de soi-même. Selon Chesterton,

« Le plus heureux des destins humains est de trouver quelque chose à aimer ; mais le deuxième sort le plus heureux est certainement de trouver quelque chose à combattre. ».

Apprend-on encore seulement à aimer ce qui est bon et à combattre ce qui est faux ? Voilà la piste d’un véritable examen de conscience pour bâtir, non le “monde d’après”, mais un monde meilleur.

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