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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Le Magnificat, le chant de l’enfantement

Le Magnificat, le chant de l’enfantement

De Thomas Debesse :

Le Magnificat est profondément un chant de l’incarnation, non seulement parce que lors de la visitation Marie enceinte de Jésus rencontre Élisabeth enceinte de Jean le Baptiste, mais parce que par trois fois Marie chante l’engendrement.

Vous avez pu entendre ces traductions du Magnificat en langue française : « tous les siècles me diront bienheureuse » et encore « sa miséricorde s’étend d’âge en âge ». Le texte français de l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones ou AELF emploie même le mot d’âge dans tous les cas […] Ces mots de siècles et d’âges, s’ils ne sont pas foncièrement faux en soi, […] portent des sens très secondaires […].

« Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse. » Quand Marie prononce ces mots, elle fait sien le cri de joie de Léa au chapitre 30 du livre de la Genèse lorsque naît Aser, fils de Jacob. Léa dit « les filles me diront bienheureuses ». C’est une parole célébrant une naissance. Marie reprend cette phrase et exprime directement la notion d’engendrement. […]

En tant que mère, Marie répond personnellement à la peine du livre de la Genèse au chapitre 3, le récit de la chute : « je multiplierai tes souffrances, et spécialement celles de ta grossesse ; tu enfanteras des fils dans la douleur ». À cela Marie répond : les enfantements me diront bienheureuse. […] Alors Marie ajoute : « Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son nom. Sa miséricorde s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. » […] La somme des âges et le temps des fils et des filles qui s’engendrent ça donne un siècle, mais le sens premier c’est l’engendrement.

Dans son chant du Magnificat Marie répond personnellement à l’hérédité du péché originel. Alors que dans l’engendrement successif des nations chaque enfant hérite de ce péché originel, Marie chante : « la Miséricorde s’étend de progéniture en progéniture ». […]

[Marie] rappelle la nécessité de la naissance dans le Salut. Il ne s’agit pas seulement d’une réalité anthropologique du Salut, la naissance du Christ est une réalité gynécologique du Salut. Il n’est pas seulement nécessaire que Marie soit mère, il n’est pas seulement nécessaire que Dieu se fasse homme, il n’est pas seulement nécessaire que Marie porte ce Dieu fait homme dans son utérus. Il est nécessaire que Marie accouche.

De la même manière que la triple notion d’engendrement s’efface peu à peu dans les traductions du magnificat au profit des notions de siècle et d’âge, la conscience de l’accouchement de Marie s’efface. La société peu à peu évite le sujet de l’accouchement en général qui devient un peu tabou. […] Le dogme de la virginité de Marie précise : « avant l’accouchement, pendant l’accouchement, après l’accouchement » […] je me suis rendu compte que [c’est] peut-être moins la virginité que l’accouchement qui est difficile à accepter. […] La dévotion à Marie Parturiente est une grâce pour notre temps. Le Credo nous demande de professer : « Il est né de la vierge Marie ».

La naissance du Christ est le premier moment où le Dieu incarné est littéralement nu et couvert de sang. La nativité est l’un des seuls moments avec la mort du Christ où le Père peut prononcer la phrase du chapitre 16 d’Ézéchiel : Vis dans ton sang. Vis. […]

Il y a quelque chose de scandaleux et révoltant pour un homme ou pour un ange de voir un Dieu réduit à la forme d’un primate être mis bas par un mammifère femelle. Mais si on n’accepte pas cela, on n’accepte ni l’incarnation ni la naissance, et on ne peut prononcer cette parole du Credo : « il est né ». […]

Il y a quelque chose dans l’accouchement de très brutal. […] Marie nous rappelle cette capacité naturelle et instinctive à accoucher, […] L’accouchement naturel n’est pas un acquis social. Le savoir-faire mis en œuvre dans l’accouchement naturel n’est pas un acquis social.

Il relève Israël son enfant [et non-pas « serviteur »]. Sa miséricorde s’étend d’accouché en accouché et tous les accouchements me diront bienheureuse.

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