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France : Laïcité à la française / L'Eglise : L'Eglise en France

Le laïcisme condamne l’Eglise à l’atrophie

Le laïcisme condamne l’Eglise à l’atrophie

Pierre Manent a été interrogé dans Valeurs Actuelles. Extrait :

Le catholicisme, dites-vous, semble aujourd’hui avoir du mal à distinguer la proposition chrétienne de “la religion de l’humanité” : le christianisme est-il aujourd’hui tenté de se préoccuper davantage de “l’unification morale de l’humanité” que du salut des âmes ?

La difficulté de l’Église à se dire aujourd’hui, à dire ce qui lui est propre, ce qui fait le sens même de son existence et de sa mission, est pour une part la conséquence presque inévitable de la situation qui lui est faite par le régime de “séparation”. Le principe de laïcité peut être résumé ainsi : le droit de commander est réservé à l’État ; l’Église a la liberté d’enseigner les croyants. Partition raisonnable en elle-même, mais qui condamne la religion à l’atrophie progressive. En effet, comment faire valoir sa prétention de détenir les clés du Royaume si l’État qui gouverne met un point d’honneur à être indifférent à cette mission ? Comment garder les sociétaires attentifs à l’Église comme médiatrice du salut entre Dieu et les hommes si la société s’organise de plus en plus dans l’indifférence aux choses de Dieu ? Au fond, l’Église put continuer d’affirmer le caractère unique et urgent de sa mission aussi longtemps qu’elle regimba contre la prétention de l’État à porter seul la loi suprême. Maintenant qu’elle n’ose plus défendre son droit face à l’État, elle ne sait plus comment dire ce qu’elle est, ni au public ni aux chrétiens eux-mêmes. Elle formule encore, il est vrai, des critiques courageuses de certains excès du législateur, mais celui-ci ne fait même pas semblant de prendre ces critiques en considération puisqu’elles viennent de l’Église qui n’a pas voix au chapitre.

C’est donc une forte tentation pour l’Église de se cacher dans la foule et de parler la langue étrangère qui lui semble la plus proche de la sienne – la langue de la compassion humanitaire qui ressemble à la langue de la charité chrétienne. C’est pourtant obéir à une autre religion, à une autre compréhension de la misère humaine et à une autre conception du remède à cette misère.

En quoi consiste cette nouvelle religion ? Elle définit la misère, comme le remède à la misère, en termes lourdement politiques : l’unité désirable de l’humanité est entravée par une division principale, celle qui sépare le “centre” des “périphéries”, “nous” des “autres”, l’Occident du reste et principalement des peuples jadis dominés. Le remède à cette misère et le sacrement de l’unité humaine résident dans le geste le plus simple du monde : abattre la barrière entre eux et nous, les laisser entrer s’ils le souhaitent car ils en ont le droit étant titulaires des droits humains. Définir les tâches de la charité chrétienne dans le cadre de cette conception des enjeux du présent, c’est prendre un parti politique contestable et, surtout, c’est rapetisser singulièrement le propos de la charité. Pas plus que la condition ouvrière ne résumait la misère du monde au temps des prêtres-ouvriers, la condition des migrants aujourd’hui ne résume les tâches de la charité chrétienne. De même que les ouvriers alors disposaient de la force de leur nombre et de leurs diverses organisations, les migrants aujourd’hui disposent de la force de leur nombre et des diverses organisations qui encouragent et facilitent leurs migrations. Ce sont des hommes agissants, volontaires, entreprenants, qui transforment profondément les équilibres du monde – leurs sociétés en les quittant, les nôtres en s’y installant. La charité chrétienne doit venir au secours de leur détresse, mais elle doit veiller à ne pas se laisser séduire par leur force.

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4 commentaires

  1. les gens n’ont pas compris que lorsque Jen Paul II a organisé Assise , il a proclamé urbi et orbi
    la “mort de Dieu”.
    c’est comme s’il disait : on vous a trompés , l ‘Eglise catholique ne sert à rien.
    les papes de Vatican II n’ont pas le souci de mener le troupeau aux pâturages éternels;
    ce sont des nihilistes en communion avec les athées.
    Mgr Lefebvre, seul, a bien compris le problème.

    • Ridicule. Expliquez pourquoi la FSSP discute et a discuté avec Pierre ? Si c’était aussi simple que vous le dites ce fut du temps perdu. Egarement suicidaire qui ne peut plaire au Seigneur.

  2. Bof, les propositions de “la religion de l’humanité” (les valeurs de la république®) c’est avant tout le droit de tuer les bébés, de divorcer et d’organiser des gay prides.

    Ça reste très éloigné des propositions du catholicisme.

  3. Rien à ajouter aux deux excellents commentaires précédents ! Tout y est fort bien dit !……….. ( malheureusement….)

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