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Histoire du christianisme

Le Jansénisme sur Dieu Merci !

J L'émission Dieu Merci ! du vendredi 29 octobre à 9h est consacrée au Jansénisme et au Quiétisme : l’abbaye de Port-Royal, le XVIIème siècle éclairé, des traditionalistes (jansénistes) et des charismatiques (Quiétistes) avant la lettre.

Avec comme invités Aimé Richardt, auteur d'un ouvrage sur le jansénime préfacé par Mgr Guillaume. Il est aussi l'auteur d'un ouvrage sur l'affaire Galilée, et Laurence Devillairs, philosophe, qui a notamment signé un ouvrage sur Fénelon.

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12 commentaires

  1. Le jansénisme était certes une hérésie. Cependant, elle a donné des fruits (La “Logique” de Port Royal), la grammaire aussi. Les jansénistes ont formé de grands génies comme Pascal ou Racine qui sont morts catholiques.
    Ces personnes (et elles) étaient, certes, excessives. Il paraît que certains prêtres validement ordonnés ne disaient jamais la messe parce qu’ils s’en sentaient indignes. Ce qui me rappelle cette anecdote : le ( à l’époque) cardinal Ratzinger devait sacrer un évêque. Celui-ci lui dit lors de l’entretien avant la cérémonie ” – Monsieur le cardinal, je suis indigne…” Le cardinal l’interrompit : “- Vous êtes indigne d’être sacré évêque ? Et moi je suis indigne de vous conférer le sacrement… Alors faisons-le !” Dit-il en se levant. (Racontée de mémoire)
    Cependant, on peut aussi s’interroger sur les excès de la répression et sur la perte d’une culture féconde. La méditation sur la liberté religieuse peut nous purifier des tentations du fanatisme d’où qu’elles viennent (y compris des “vrais” catholiques).

  2. La comparaison jansénistes/traditionalistes me parait non seulement fausse mais fallacieuse. C’est d’autant plus étonnant qu’elle figure comme commentaire sur votre site. L’autre comparaison n’est pas tellement plus heureuse non plus. En revanche en voulant faire de l’esprit, en quelques mots, vous discréditez la Tradition et le combat que vous menez chaque jour. Bravo!
    [“vous discréditez la Tradition et le combat que vous menez chaque jour”. Késako ? MJ]

  3. On oubliera vite les thèses (sur les) jansénistes exposées ici. Non possumus.
    Par contre le simple résumé concernant Galilée pourrait être instructif pour ceux qui doutent encore de l’existence de la désinformation républicaine.
    Reprise d’une somme connue des spécialistes mais toujours et encore bafouée :
    “Depuis le XIXe siècle, la cause était entendue : l’Église catholique avait condamné, emprisonné et martyrisé Galilée, un astronome génial, qui avait démontré que la Terre tournait autour du Soleil, ce que l’Église refusait d’admettre. Or la réalité est tout autre ! Non seulement Galilée n’a jamais passé un jour en prison, n’a jamais été martyrisé, mais Aimé Richardt démontre, en s’appuyant sur des documents irréfutables, que Galilée n’a jamais prouvé la rotation de la Terre autour du Soleil, et que l’Église était fondée à le condamner. En effet, les plus hautes autorités religieuses lui avaient demandé, en 1616, d’apporter une preuve à sa théorie, qui était d’ailleurs celle de Copernic, ou de parler d’hypothèse et, surtout, de ne pas intervenir dans l’explication des textes de la Bible qui paraissaient soutenir la thèse opposée du géocentrisme. Après l’avoir promis, Galilée est revenu sur sa parole, il a donc été jugé et condamné, avec une mansuétude toute particulière, réclamée par le pape qui était son ami. On est bien loin de l’image d’Épinal du martyr en proie à la persécution de l’Église… ”

  4. Réponse : j’avais cru voir des références positives à la messe traditionnelle, une certaine lutte contre le modernisme et le relativisme et enfin une volonté pour la diffusion de la doctrine sociale de l’Eglise, en lisant votre site chaque jour. Ceci correspond selon moi, peu ou prou, à un combat pour la Tradition, non ?! Mais bon, peut-être ai-je utilisé un gros mot!
    [Soyons simples : il s’agit du combat commun des catholiques. MJ]

  5. En tant qu’étudiant en histoire, permettez-moi de réagir sur l’analogie jansénisme = traditionalisme et quiétisme = charismatisme (pardon pour le néologisme douteux).
    Le jansénisme a tout de même été condamné par la bulle Unigenitus de 1713. Il s’agit d’une hérésie, notamment en ce qu’elle se rapproche du calvinisme dans les questions sur la grâce et de la prédestination. En aucun cas, lorsqu’il s’agit d’une hérésie, on peut dire “certes c’était une hérésie mais elle a formé des Pascal, des Racine…” ou alors on n’est plus dans l’orthodoxie catholique ! De plus, les méthodes des petites écoles de Port-Royal qui privilégiaient l’usage des langues vernaculaires sur celui du latin étaient loin d’être uniques en France, et ce n’est pas une doctrine religieuse qui a formé Racine mais une méthode d’apprentissage (on sait tous par ailleurs quelle vie dissolue il a menée). En conclusion, le jansénisme n’est en rien synonyme de rigorisme religieux. Moi qui vais souvent prier dans des messes de rite extraordinaires, Dieu merci je ne suis pas janséniste, ni les prêtres qui la célèbrent !
    Quant au quiétisme, il fut introduit en France au XVIIème siècle par une pseudo mystique, Madame Guyon. Selon elle, on peut atteindre Dieu par la prière seule, sans se soucier des oeuvres, de l’obéissance à une hiérarchie quelconque etc. Cela fut condamné en 1687, même si ce mouvement a perduré, notamment avec Fénelon, mais on sait quels tourments ont accompagné la fin de sa vie. Dire qu’une communauté comme celle de l’Emmanuel cherche à atteindre Dieu par la prière seule sans l’exercice de la compassion et en dehors de toute fidélité à l’Eglise est de l’ordre du CONTRESENS le plus total !
    Je vous demanderai donc d’être plus précis lors de l’emploi de termes historiques. Merci beaucoup !
    Marc
    [Il faut cela non comme une comparaison, selon laquelle le traditionalisme serait la suite du jansénisme, mais comme une analogie, dans le sens où ces deux courants ont marqué leur époque. MJ]

  6. @ MJ
    D’accord avec Marc. L’équation Jansénisme/Traditionalisme n’est pas juste, même par une analogie très lointaine. C’est une comparaison maladroite qui attise bien des idées fausses, et sur les jansénistes et sur les “traditionalistes”. En histoire, il faut être rigoureux et se garder de tout raccourci commode entre notre époque et celles qui nous ont précédés.Ces raccourcis sont confortables pour l’esprit, certes, mais ils ne servent pas la vérité. Cela dit amicalement, bien sûr.

  7. Moi-même, en lisant “des traditionalistes (jansénistes) et des charismatiques (Quiétistes) avant la lettre”, j’ai compris que la spiritualité traditionaliste était issue du jansénisme, et que le quiétisme préfigurait le mouvement charismatique ; le raccourci peut-être rapidement fait : attention à ce que vous écrivez.

  8. Les comparaisons esquissées ne sont pas des contre-sens. Comparer, c’est éclairer, et c’est alimenter la réflexion.
    Pour ce qui est du jansénisme (comme du quiétisme d’ailleurs, mais cette dernière affaire fut moins importante), soyons prudent. Condamner des propositions n’équivaut pas à rejeter tout ce qui a pu être avancé ou manifesté par tels ou tels. Rappelons que Cornélius Jansen n’a jamais été excommunié pour hérésie. D’une manière générale, le magistère romain est resté traditionnellement très prudent (voir les attitudes de Clément VIII, Paul V, Clément IX, du grand Benoît XIV). Les papes étaient conscients que la « concorde » (comme disait Molina) de la grâce et de la liberté n’est pas une affaire simple, et jetaient de l’eau plutôt que de l’huile sur le feu. La papauté ne s’est mise en mouvement que sous la pression de la monarchie française. A bien des égards d’ailleurs, l’affaire janséniste a été une obsession française. Rois et épiscopat étrangers y ont été plutôt indifférents. On ne s’explique pas très bien les ressorts profonds qui de Mazarin à Louis XIV ont animé cette politique. Sans doute la peur rétrospective de voir resurgir un mixte de la Ligue et du calvinisme (« rebouilli »), une terreur qu’une « secte » rallume des Guerres de Religion. Au vrai, sous Louis XV, après Fleury, la monarchie fut assez en retrait et c’est l’épiscopat (bien épuré par Fleury) qui prit le relais. Comme écrivait Gaxotte, vers 1750, il n’y avait plus guère de jansénistes (essentiellement des bourgeoise pieuses et charitables, estimées de leur quartier), mais il arrivait qu’il en mourût encore. C’est alors que Christophe de Beaumont trouva habile des les persécuter avec la triste affaire des billets de confessions. Comme les Américains au Moyen-Orient, c’est en grande part la guerre déclenchée qui entretint et renforça l’ennemi, plus que celui-ci ne la justifiait. Tout cela a été très regrettable. La mentalité janséniste qui s’est cristallisée en réaction a été l’un des facteurs de la Révolution (sans tomber dans la thèse du « complot janséniste »). L’historiographie américaine l’a bien mis en valeur. Mais tous les jansénistes n’étaient pas des hérétiques. Ils avaient beau jeu de rappeler qu’ils ne soutenaient pas toutes les propositions qu’on leur attribuait, surtout quand ils ne faisaient que citer saint Augustin. On ne peut pas non plus relire sans respect ni plaisir les Provinciales, premier monument de la polémique française. Concédons enfin que les prélats jansénistes furent plutôt des évêques modèles (le Régent ironisait : « J’ai tout donné à la grâce et rien au mérite »).
    Gallilée : l’inquisition romaine n’a pas été en l’affaire très bien inspirée. Cela ne justifie évidemment pas le procès en obscurantisme instruit bien après selon des préjugés assez évidents (Gallilée se trompait sur les marées, contre son contradicteur, le père Grassi) En revanche, il était prudent de la part du Magistère de ne pas tenir pour démontrer une thèse qui n’était que probable (même prudence aujourd’hui sur la théorie de l’évolution). Rome attendit les observations de Bradley (l’aberration des étoiles fixes) pour adopter l’héliocentrisme début XVIIIe.

  9. Défendant la liberté religieuse, je ne m’attendais pas à être considéré comme en dehors de l'”orthodoxie catholique”.
    Je visais la suppression trop brutale (selon certains historiens) du monastère des religieuses de “Port royal”. Ces agissements du pouvoir politique avaient privé la France de gens sérieux qui avaient accompli une oeuvre encore en usage environ quatre siècles plus tard (de nos jours). On peut méditer sur l’intervention indue du pouvoir dans les affaires religieuses et sur ses résultats.
    J’ai lu dans Pascal que les jansénistes (il y avait un côté idéologue chez eux), ne félicitaient jamais les enfants pour ne pas induire de la vanité dans leurs âmes. Ce faisant, cependant, ils les décourageaient et aboutissaient à un résultat déplorable par excès de zèle, les enfants devenaient sombres et sans volonté. Et Pascal de conclure que la faiblesse humaine doit être un paramètre à intégrer dans l’éducation. Ils auraient dû féliciter les enfants, les encourager, ils auraient obtenu de meilleurs résultats (je crois que j’ai lu cela dans “Les Pensées”, dans ses méditations sur le péché originel, si mes souvenirs sont bons). On voit qu’il s’était éloigné des jansénistes ou qu’il était resté critique à leur égard.
    Les jansénistes d’autre part insistaient trop sur le péché à éviter, cela aboutissait à une apraxie : quand on ne fait rien, on ne pêche pas, donc ne faisons rien pour ne pas pécher (excès qui a pu exister). La doctrine catholique, si je ne m’abuse, dit que si nous prévoyons qu’une action, une entreprise peut nous amener au danger de pécher (nous mettre en colère par exemple), il faut tout de même l’accomplir, le péché n’est pas le tout de la morale.
    “La doctrine de l’universalité du péché ne doit cependant pas être séparée de la conscience de l’universalité du salut en Jésus-Christ. Si on l’en isole, elle engendre une fausse angoisse du péché et une considération pessimiste du monde et de la vie, qui conduit à mépriser les réalisations culturelles et civiles de l’homme.” (Compendium 120 § 2)
    http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html
    C’est probablement dans ce défaut qu’étaient tombés les jansénistes ou certains d’entre eux.
    Mon intention était de demander de la compréhension, de l’indulgence et de constater que, selon ce que j’ai lu, les excès de la répression ont conduit à la suppression d’une secte qui avait accompli par ailleurs un travail intéressant et donné des génies au monde. Il y aurait eu probablement des moyen de les ramener à la raison sans violence, par le dialogue, la longanimité.
    Je ne désire pas, en ayant souffert, raisonner par “hérétique = mauvais = à abattre”, “catholique = bons = merveilleux = il faut tout casser de ce qui n’est pas catholique, exclure, regarder de haut, rompre, cracher dessus”.
    La doctrine catholique, sauf erreur, nous dit que le bien est partout et que l’Eglise ne méprise pas la sagesse où qu’elle la trouve ; et même qu’elle fonde une partie de sa doctrine morale sur une sagesse qu’elle trouve dans l’humanité et qui lui est antérieure.
    Cela dit je ne nie pas les excès ni les hérésies des jansénistes.
    Vive la liberté religieuse, vive Dignitatis humanae !

  10. Les Jansénistes se sont opposés, en bref, au culte marial (et au futur dogme de l’Immaculée), au culte du Sacré-Coeur, aux Saluts du Saint-Sacrement. Comme le soulignent justement certains lecteurs, ils ont ensuite défendu la Messe en langue vernaculaire, et constitué au fur et à mesure (en plus d’être une hérésie) une opposition à la royauté dont la Révolution n’est qu’une lointaine conséquence. Pour schématiser, les Jansénistes s’allièrent aux Gallicans au XVIIIe s., tandis que les Traditionalistes sont ultramontains ! Merci de ne plus associer les deux !

  11. Avec comme patron saint François de Sales, l’Institut du Christ Roi est anti-janséniste par essence. Il suffit d’ailleurs de fréquenter ses apostolats pour le savoir !

  12. Insistons, il n’est pas impertinent de mettre en parallèle les diverses persécutions endurées par les jansénistes aux XVIIe-XVIIIe, petit troupeau des saints victimes des puissances du siècle (c’est ainsi qu’ils voyaient les choses) avec la position de l’isolat traditionaliste depuis les années 60. Maints traits de mentalité janséniste (mysticisme, providentialisme, charisme pastoral, rigorisme moral) rapprochent les deux mouvements, jusque dans cette protestation acharnée de fidélité catholique aux traditions les plus authentiques, tendue par dessus les errements des pasteurs mondains.

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