Partager cet article

Liberté d'expression / Médias : Nouveaux médias

Le flicage des citoyens, plus grave que l’espionnage d’Etat

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

"Je suis assez mal à l’aise avec
les discours de plus en plus
nombreux, notamment en
France, qui font d’Edward
Snowden un héros des temps
modernes. Ces discours mélangent tout, espionnage, terrorisme
et libertés publiques
et me
donnent la désagréable impression
de hordes de gardes rouges beuglant
« feu sur le quartier général » !
Disons d’abord que, si un homme
ayant eu accès à des données classifiées
dans notre pays les avait révélées
à l’étranger, je le considérerais
comme un traître
. Je peux fort bien
concevoir que les États-Unis en fassent
autant pour ce jeune homme qui
a révélé le programme d’écoute
Prism de la NSA.
Mais l’affaire vient de connaître un
rebondissement avec la publication
d’informations sur les écoutes au sein
d’ambassades, notamment l’ambassade
de France à Washington.
Aussitôt, le Quai d’Orsay a exigé des
explications des Américains qui ont
laconiquement déclaré qu’ils ne
répondraient pas en public, mais par
voie diplomatique.
Je serais assez curieux de voir si nos
grands défenseurs de la transparence
vont publier ces explications. À mon
humble avis, après avoir « surfé » sur
la vague anti-américaine, nos gouvernants
vont sagement faire le silence
sur cette affaire. Ils ont, en effet,
autant à perdre que les États-Unis
dans un déballage public en matière
d’écoute et d’espionnage
.
Je n’ai aucune lumière particulière
sur ces questions, mais il me semble
assez évident que poser des micros
dans une ambassade, fût-elle celle
d’un pays allié, doit constituer l’un
des passe-temps favoris des services
de renseignement. Je serais donc fort
surpris que les États-Unis ne disposent
pas de preuves que la France en
a fait autant ailleurs. Et la publication
de ces preuves nuirait sans doute un
peu à l’image de vestales des droits
de l’homme qu’affectent nos politiciens
!
En outre, le pouvoir, en France, n’a
jamais hésité à placer illégalement
sur écoute les adversaires (ou les
amis !) politiques.
Bref, je doute fort que le pouvoir
socialiste ait des leçons à donner à
quiconque en matière de libertés
publiques
.

[…] Ce qui me gêne surtout, dans ces
révélations, c’est la confusion.
L’espionnage d’État à État a toujours
existé. On peut éventuellement trouver
que ce n’est pas élégant, mais,
enfin, comme c’est une question de
survie nationale, on voit mal comment
un État pourrait y renoncer.
Ce qui est considérablement plus
grave, c’est le flicage des citoyens.
On me dira que surveiller internet est
fondamental pour lutter contre le terrorisme.
Certes. Mais je ne suis pas
prêt à accepter d’être surveillé par
Big brother pour être sûr que
Mohamed Merah le soit aussi.
D’abord, parce que cette surveillance
n’empêche pas Merah d’assassiner
(et qu’en un sens, cette surveillance
lui a même permis d’assassiner, puisqu’il
fallait, selon les canons médiatico-politico-policiers du moment, que
l’assassin soit « d’extrême droite » et
que la surveillance de faux suspects a
laissé le champ libre au véritable
assassin). Et, surtout, parce que n’étant,
justement, pas terroriste, je ne
vois aucune bonne raison d’être surveillé
comme Merah !
Au nom sans doute de la non-discrimination
(ici entre terroristes et honnêtes
gens), il faudrait surveiller identiquement
honnêtes gens et terroristes.
Je conteste, quant à moi, absolument
tout droit de l’État à surveiller
ma vie privée et, conséquemment, à
surveiller internet
. Je ne suis pas franchement
d’extrême gauche, mais je
suis, là-dessus, absolument d’accord
avec les pirates d’Anonymous.
Seule la justice (à laquelle je persiste
à ne faire aucune confiance, mais
c’est une autre affaire !) est habilitée
à me reconnaître suspect et à me
mettre sur écoute. Pas un policier,
même anti-terroriste ! Faute de quoi
nous ne cesserons de retomber sur la
vieille question de Juvénal : quis custodiet
ipsos custodes, qui gardera les
gardiens ? Ces gardiens ne peuvent
manquer d’être tentés d’abuser de
leur pouvoir.
La seule bonne réponse à Big brother,
c’est la liberté totale d’internet
. Et la
censure ne doit intervenir que sur
décision de justice. Pas sur décision
d’une « haute autorité » ou d’un
chien de garde de l’oligarchie ! Là-dessus,
au moins, Snowden a mille
fois raison.

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services