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L'Eglise : Le Vatican

Le cardinal Gianfranco Ravasi, l’alliance de la foi et de la culture

En 2007, méditant le chemin de Croix au Colisée, Mgr Gianfranco Ravasi déclarait :

G"Sous la pression de l’opinion publique, Pilate incarne alors une attitude qui semble dominer de nos jours, celle de l’indifférence, du manque d’intérêt, du primat de l’opportunisme.
Pour vivre tranquillement et à son avantage, il n’hésite pas à fouler
aux pieds vérité et justice. L’immoralité explicite, elle, engendre au
moins un sursaut ou une réaction ; cette attitude, en revanche, est pure amoralité ; elle paralyse la conscience, elle éteint le remords et elle émousse l’intelligence. L’indifférence est la mort lente de l’humanité véritable. Le résultat se retrouve dans le choix final de Pilate. Comme le
disaient les auteurs latins anciens, une justice hypocrite et tiède est
comme une toile d’araignée dans laquelle les moucherons se prennent et
meurent, mais que les oiseaux déchirent par la force de leur vol. Jésus,
un des petits de la terre, incapable de prononcer une parole, est
étouffé par ce filet. Et comme nous le faisons souvent nous aussi,
Pilate regarde de l’autre côté, s’en lave les mains et lance comme alibi
– selon l’évangéliste Jean – l’éternelle question propre à tout scepticisme et à tout relativisme éthique : « Qu’est-ce que la vérité ? »."

En novembre 2007, l'ancien préfet de la Bibliothèque ambrosienne de Milan, prestigieuse
institution de recherche théologique italienne, le membre de la
commission biblique pontificale, devenu Président du Conseil Pontifical pour la Culture a adressé un message aux participants au Congrès "Ontogenèse et
vie humaine", qui se déroulait à Rome :

R"[Pour] la Bible, la finalité de
l'embryon est nette : il s'agit d'une unité, inséparable, d'un
processus unitaire et cohérent, compact et harmonieux avec la finalité
à rejoindre, celle de la pesonne humaine
".

Dans les Psaumes, indique Mgr Ravasi, on trouve "un terme hébreux  très rare : "golmi",
qui indique quelque chose d'enroulé ou cylindrique : c'est la
dénomination symbolique de ce que nous appelons "embryon". Dans le sein
maternel, il y a par conséquent, une présence efficace de Dieu qui
intervient dans la formation de l'être humain
".

C'est une
"espèce de création continuelle, termine Mgr Ravasi, qui voit dans la
conception et dans le dévelopement de l'embryon la participation du
Créateur
qui a finalisé la créature vers sa plénitude."

En 2008, il lance l'initiative consistant à lire en direct, sans interruption et sans commentaire la Bible à la télévision. En 2009, il dénonçait le pseudo-art contemporain :

1"Un grand artiste américain me disait dernièrement : «Les artistes contemporains excluent deux choses : la beauté et le message.» C’est cet horizon contemporain que nous voulons considérer, tel qu’il est. Sur
ce point, on peut vraiment parler de divorce avec l’Église. Car l’art
contemporain semble pour une grande part avoir exploré toutes les voies
de la déconstruction, du nihilisme, pour nous amener à constater
l’inconsistance de l’être, démontrant que plus rien ne vaut rien, jouant
de la provocation sur l’absence de sens de notre réalité
.
Mais, affronté à cet itinéraire, ce même art se trouve automatiquement
en passe de se détruire, car l’objectif ultime ne peut être que le
silence de la mort, du suicide. […]

Il nous a donc semblé que le moment était venu pour une nouvelle proposition
: engager les artistes à se réapproprier les grands symboles, les
grandes narrations, les grands thèmes, les grandes figures. […] Ainsi,
le Saint-Siège va inviter des artistes à la Biennale de Venise,
leur proposant de travailler sur les onze premiers chapitres de la
Genèse, qui portent en eux toute la vie de l’humanité.
[…] L’artiste
ne doit pas faire une œuvre directement catéchétique. L’esthétique
authentique, lorsqu’elle touche les grands thèmes, peut s’interroger et
nous interroger sur le sens de la vie, même si elle ne prend pas en
compte le message évangélique. Une esthétique artistique authentique,
par nature, touche l’éthique. […]

Nous croyons à la possibilité d’une rencontre entre la foi et l’art, pourvu que l’art sorte de son impuissance provocatrice.
De même, l’Église ne doit plus s’en tenir à une récupération hasardeuse
de styles anciens et à des productions artisanales sans ambition. Elle
doit accepter la confrontation avec ces nouvelles grammaires, à ces
nouvelles modalités d’expression. Ce dialogue-là serait fécond pour
elle."

En février 2011, il a lancé des attaques contre ces églises modernes

"dans
lesquelles on se sent perdu comme dans une salle de congrès, distrait
comme dans un palais des sports, écrasé comme dans un sphéristère,
abruti comme dans une maison prétentieuse et vulgaire".

En mars 2011, il présentait le parvis des gentils :


2"Il existe dans notre monde des croyants qui croient croire et des non-croyants qui croient ne pas croire

s’interroger sur la signification ultime
de l’existence ne concerne pas le sceptique sardonique et sarcastique
qui ne vise qu’à ridiculiser les assertions religieuses. Par ailleurs,
une personne qui s’y entendait pour parler d’athéisme, le philosophe
Nietzsche, n’hésitait pas à écrire dans le Crépuscule des idoles (1888) que «ce n’est que si un homme a une foi robuste, qu’il peut s’adonner au luxe du scepticisme».
Le rationaliste, enveloppé dans le manteau glorieux de son
autosuffisance cognitive, ne veut pas lui non plus courir le risque de
s’avancer sur les sentiers de montagne de la sagesse mystique, selon une
grammaire nouvelle qui participe du langage de l’amour, qui est bien
différent de l’épée de glace de la raison pure, aussi importante
soit-elle par ailleurs
(…)

La rencontre entre croyants et non-croyants a lieu lorsque l’on laisse
derrière soi les apologétiques féroces et les désacralisations
dévastantes et qu’on ôte le voile gris de la superficialité et de
l’indifférence, qui saborde l’élan profond à la recherche
, et que se révèlent en revanche les raisons profondes de l’espérance du croyant et de l’attente de l’agnostique. Voilà
pourquoi on a imaginé le «Parvis des Gentils», inauguré à Bologne, dans
son antique université, et à Paris à la Sorbonne, à l’Unesco et à
l’Académie française.
Laissons de côté
la dénomination historique qui n’a qu’une fonction symbolique, évoquant
l’atrium qui dans le temple de Jérusalem était réservé aux «gentils»,
les non-juifs en visite à la ville sainte et à son sanctuaire.
Arrêtons-nous en revanche sur son aspect thématique, que fait briller
Dagerman. L’un des intellectuels juifs les plus ouverts du ier siècle,
Philon d’Alexandrie, artisan d’un dialogue entre le judaïsme et
l’hellénisme — c’est-à-dire selon les canons de l’époque, entre les
fidèles yahvistes et les païens idolâtres — définissait le sage avec
l’adjectif methòrios, c’est-à-dire celui qui est sur la
frontière. Il a les pieds plantés dans sa région, mais son regard va
au-delà de cette frontière et son oreille écoute les raisons de l’autre.

Pour réaliser une telle
rencontre, il faut s’armer non d’épées dialectiques, comme dans le duel
entre le jésuite et le janséniste dans le film La Voie lactée
(1968) de Buñuel, mais de cohérence et de respect : cohérence avec notre
propre vision de l’être et de l’existence, sans déformations
syncrétistes, débordements fondamentalistes ou approximations
propagandistes ; respect pour la vision d’autrui à laquelle il faut
réserver de l’attention et qu’il faut aller vérifier
(…)

En dernière analyse, il n’y a peut-être qu’un seul obstacle à ce dialogue-rencontre, celui de la superficialité qui délave la foi en une vague spiritualité et réduit l’athéisme à une négation banale ou sarcastique (…)

Tel est le grand risque qui met
en difficulté une recherche réciproque, en enveloppant le croyant d’une
mince aura de religiosité, de dévotion, de ritualisme traditionnel, et
le non-croyant plongé dans le réalisme pesant des choses, de l’immédiat,
de l’intérêt.
Comme l’annonçait déjà le prophète Isaïe, l’on
se retrouve dans un état d’atonie: «et je regarde: personne! Parmi eux,
pas un qui donne un avis, que je puisse interroger et qui réponde!» (41,
28). Le dialogue sert justement à faire pousser la tige des questions mais aussi à faire fleurir la corolle des réponses. Tout au moins de quelques réponses authentiques et profondes".

En juillet 2011, il saluait l'intérêt de Twitter :

"Le langage synthétique et incisif de Twitter peut beaucoup enseigner à la communication religieuse".

En novembre 2011, il invitait les prédicateurs à prendre en compte les nouveaux
langages pour capter l'attention des fidèles et aussi à ne pas craindre
"le scandale" que crée la parole de la Bible
.

"Nous devons retrouver cette dimension de la parole qui offense, qui inquète, qui juge".

Il a aussi invité les prêtres à suivre "la révolution dans la communication" :

"L'information télévisée et informatique demande à être incisif, de recourir à l'essentiel, à la couleur, à la narration".

En septembre 2012, il annonce la création de l'Académie pontificale latine, parrainée par le Conseil pontifical pour la culture.

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2 commentaires

  1. Concernant sa déclaration de 2009 sur l’art contemporain, pour ceux qui veulent retrouver l’article (auquel on n’aboutit plus de lien en lien), c’est ici:
    http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Mgr-Gianfranco-Ravasi-L-Eglise-doit-accepter-la-confrontation-avec-l-art-moderne-_NG_-2009-11-13-568723

  2. Et signis qui fait la pub pour le film pro-euthanasie “Amour”: bizarre, bizarre…sans parler du prix attribué à la série “ainsi soient ils”…
    “l’alliance de la foi et de la culture”: c’est parfois difficile à suivre!

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