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L'Eglise : L'Eglise en France

Le Cardinal Barbarin contre le travail dominical

Le Primat des Gaules signe une tribune à paraître dans Le Monde du 3 décembre. Extraits :

"Les révolutionnaires, lorsqu’ils avaient voulu éradiquer la religion et réformer le calendrier, avaient tout de même inventé le « décadi », sachant bien que l’équilibre de l’homme et le lien social appellent un repos régulier et commun.

B On suspecte aujourd’hui les évêques de ne rien comprendre au travail. Je laisse le soin de répondre à ce jeune [qui] disait combien il avait été touché par les propos de Benoît XVI au collège des Bernardins, sur la dignité du travail humain. Il avait retenu que chez les Grecs le travail était la marque des esclaves, alors que la Bible l’honore. Dieu travaille, il continue d’œuvrer dans notre histoire. Et le travail des hommes apparaît comme une expression de leur ressemblance avec Dieu, il les rend participants à son œuvre. […]

Un éclairage limpide est donné sur cette question par la célèbre formule de Jésus : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. » On comprend aisément les dérogations accordées depuis longtemps aux boulangers, au personnel soignant, aux employés des transports en commun, des restaurants ou des cafés… Nous sommes conscients des renoncements qu’impliquent leurs obligations au service du bien commun, et il est juste de profiter du débat actuel pour leur dire notre reconnaissance. Mais il faut que ce principe reste fort, car il est structurant, il est « fait pour l’homme ». Le Décalogue n’est pas seulement une loi cultuelle, il a une portée morale. Il enseigne des « paroles de vie », qui gardent l’homme de l’idolâtrie et qui visent spécialement la protection du pauvre (« Tu ne feras aucun ouvrage [ce jour-là] ni toi,… ni ton serviteur, ni l’émigré qui est dans ta ville »).

On veut aujourd’hui de nouvelles dérogations pour développer l’activité économique. Des voix plus autorisées que la mienne réfutent l’argument : danger pour les petits commerces, simple déplacement d’activité sans création de richesses, disparition progressive des avantages salariaux si cette pratique se généralise, coût écologique… Je me contente de faire remarquer qu’il n’est pas cohérent de réclamer d’un côté une réforme vigoureuse, pour « moraliser la finance », dénoncer « golden parachutes » et rémunérations excessives, et de vouloir par ailleurs relativiser le repos hebdomadaire, simplement pour gagner plus. Depuis vingt siècles, l’Evangile dénonce cette logique sournoise et implacable : l’argent rend fou. […]

Les catholiques savent que le Christ les appelle à ce rendez-vous qui est le sommet de leur semaine. On en voit qui ne le manquent pas, même s’ils habitent un pays où le jour de repos est le vendredi ou le samedi. « Le jour du Seigneur est le seigneur des jours » disait Jean-Paul II. Il serait heureux qu’en France, les chrétiens donnent à ce sujet un témoignage clair. Ce jour-là, ils sont invités à vivre dans une logique autre que celle de la production ou du commerce. Ils prennent le chemin de l’Eglise pour retrouver la communauté, ils posent des actes concrets de partage : prendre du temps pour les proches, visiter une personne malade ou âgée, donner de leurs biens à qui en a besoin… Celui qui sait garder de la distance par rapport à l’argent et au travail offre un témoignage de liberté, toujours très parlant. Benoît XVI a expliqué cela plusieurs fois :

« Il est indispensable que l’homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu’il n’en fasse pas une idole, prétendant trouver en lui le sens ultime de sa vie. C’est dans le jour consacré à Dieu que l’homme comprend le sens de son existence ainsi que de son travail. »"

MJ

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2 commentaires

  1. Interviewé hier (1er décembre 2008) sur BFMTV, Michel-Edouard Leclerc (patron de Leclerc) a déclaré qu’ils n’étaient pas demandeurs de l’ouverture des magazins le dimanche: “on n’est pas demandeur”/”nous ne sommes pas demandeurs”.
    M-E Leclerc avait auparavant expliqué qu’il n’y aurait pas d’achats supplémentaires à cause du faible pouvoir d’achat des Français. Que ce ne serait qu’un transfert des achats de la semaine sur le dimanche. Et qu’à coût salarial égal, il n’y a aucun intérêt pour son groupe de distribution.
    Il y a peut-être un podcast de cette interview, je n’ai pas cherché.

  2. Ne “pas être demandeur” ne signifie en rien être opposé, voire même ne pas être commanditaire, puisqu’il y a au gouvernement suffisamment d’obligés pour tenter d’imposer le “décadi” comme l’explique fort bien Monseigneur Barbarin,comme parfait prolongement révolutionnaire de la suppression des corporations par la loi Le Chapelier en son temps, ceci dans le but non accessoire de dévorer la portion congrue de la distribution qui reste dévolue -pour combien de temps- au commerce de proximité et de service équanime .Que les prédateurs de la grande distribution dont les pères furent parfois jadis catholiques romains veuillent bien nous dire de manière orthodoxe qu’ils sont opposés au travail du dimanche par solidarité avec les familles demeurant clientes jusqu’alors…
    Cela ne ferait pas de mal à leur image de marque en leur conférant un petit look rebelle sincère et pourquoi pas oecuménique , avec, on leur accordra sur ce sujet précis , un synchrétisme de circonstance car après tout, les catholiques de bonne volonté n’ont jamais rechigné à partager cet “acquis sociétal” avec leurs concitoyens, croyants ou non d’ailleurs.

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