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L'Eglise : Benoît XVI

L’autorité politique mondiale : la société des Etats

Dans Présent (article en accès libre pour le WE), Jean Madiran apporte sa pierre à la réflexion au n°67 de Caritas in Veritate (voir ici, iciici et ici) :

"Pour comprendre ce qui est en question, il faut d’abord se rappeler qu’il existe en doctrine trois sociétés « naturelles et nécessaires » : la famille, l’Etat, la société des Etats.

La famille est la première, même chronologiquement, des sociétés naturelles et nécessaires. L’Etat est la société des familles (ce que l’on exprime souvent en disant, comme la Déclaration des droits de 1948, que «la famille est l‘élément naturel et fondamental de la société»). Presque toujours l’Etat, au nom du principe de totalité, a tendance à régenter arbitrairement les familles, en violant plus ou moins le principe de subsidiarité : il faut alors lui résister, car il n’est pas là pour absorber les familles, mais pour les aider à remplir leur rôle. De même, le principe de subsidiarité doit composer avec le principe de totalité pour régler les rapports entre les Etats et la société des Etats.

Le principe de subsidiarité étant respecté, il existe plusieurs voies pour tenter de réaliser une société des Etats. On pense d’abord à une réforme de l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’obstacle est qu’elle s’est suffisamment déshonorée par son imposture d’avoir appelé les gouvernements communistes, qui ne reconnaissent aucun droit naturel, à dire le droit international, lequel est alors frappé, pour le moins, d’une grave suspicion. En outre, l’Organisation des Nations Unies, par son titre même, comme précédemment la Société des Nations (SDN), invite à une confusion entre la famille des nations et la société des Etats. Ce sont les Etats, et non pas les nations, qui ont comme tels vocation à entrer en société. Déjà en 1920, dans son encyclique Pacem, Benoît XV précisait que c’est bien «l’ensemble des Etats» qu’il appelait à «s’unir pour former une société». Si c‘était aux nations d’entrer en société, cela ne serait alors possible que par un super-Etat.

Cette société des Etats est inorganique tant qu’elle ne se reconnaît que des obligations négatives : ne pas nuire à autrui, ne pas violer les traités librement consentis. Elle devient organique quand les Etat créent entre eux des institutions juridiques de coopération ; autrement dit, selon Pie XII, quand ils établissent «une organisation internationale stable» en vue d’«assurer [et non pas supprimer] l’indépendance mutuelle des peuples grands et petits».

De même qu’il existe un bien commun familial pour chaque famille et un bien commun national pour chaque Etat, il existe pour la société des Etats un bien commun qui lui est propre, et que l’on peut nommer «bien commun mondial», «bien commun international» ou «bien commun universel». […] Le bien commun international comporte notamment la paix mondiale, la transmission et le respect de la loi naturelle, l’aide aux Etats les plus pauvres.

Il est vrai que les progrès matériels des sciences et des techniques ont contribué à rendre moins difficile la considération, qui les dépasse, d’un bien commun international. Mais de même qu’il y a «une compétence primordiale des familles par rapport à celle de l’Etat» (Caritas in veritate, § 44), analogiquement il existe une compétence primordiale des Etats par rapport à la société des Etats."

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8 commentaires

  1. “Ce qui se coinçoit bien s’énonce clairement” n’est-ce pas ?
    Pourquoi y a t-il besoin d’expliquer ?
    [Parce que, visiblement, beaucoup de catholiques refusent de comprendre. C’est pourtant clair lorsqu’on lit l’intégralité de l’encyclique. MJ]

  2. Il est difficile de ne pas penser que le mondialisme est à l’origine de beaucoup de nos maux actuels.
    Or c’est aussi le mondialisme qui amènera ou favorisera la venue de l’anté-christ [merci de justifier ce genre d’assertion MJ], aussi je comprends que beaucoup de chrétiens ne comprennent pas bien cette encyclique !
    [Vous confondez mondialisme et mondialisation, sujet déjà traité. Lisez l’article de Madiran. MJ]

  3. Un grand merci à Jean MADIRAN qui est, comme toujours, d’une clarté et d’une précision remarquable!

  4. à Pm ,
    sans tomber dans le mondialisme il faut bien une autorité morale au niveau mondial qui contribue à harmoniser la recherche du bien commun comme c’est nécessairement le cas à tous les niveau des rappports sociaux, que ce soit dans la famille,la cité,l’état, etc.
    Sinon c’est le règne de conccurrence acharnée, de l’anarchie et finalement de la guerre.
    Il n’y a rien de plus conforme à la loi naturelle et de plus nécessaire à la “pesanteur naturelle” dont le relativisme, que vous semblez bien pratiquer ici, n’est pas le moindre boulet.
    Faites donc confiance au Magistère qui est le puit de sagesse, de Grâce et de Miséricorde dont le monde a tant besoin pour définir et inspirer cette autorité.
    Hors de cela vous aurez hélas , que vous le vouliez ou non, droit à une mondialisation effective sur fond de propagande aseptisée,
    telle que nous l’entrevoyons déjà aujourd’hui ,et qui prépare savamment manifestement la fin de bien des liberté dont celle même de penser .
    bien à vous,

  5. Une clarté à couper le souffle, une nourriture substantielle pour l’esprit, un amour de la vérité et de la justice qui font honneur à Madiran et au Salon beige, c’est un grand merci que je vous dis pour m’avoir permis de lire ce texte.

  6. Est-ce si difficile de comprendre que le mot même de Cathos (καθώς) siginifie Universalisme ?
    L’ apôtre des gentiles, Saint Paul lui-même, est venu apporter la bonne parole à Rome et aux romains…
    Alors même qu’ une partie de la gentry juive et particulièrement les pharisiens et autres rabbins de Jérusalem refusaient de considérer le Christ comme l’ envoyé de Dieu que leur annonçaient pourtant leurs propres écrits.
    Et certains catholiques de France voudraient que cette immense et universelle annonce Divine qu’ est le catholicisme d’ origine ne soit qu’ un outil franco-français via un retour hypothétique d’ une monarchie et/ou le Vatican pour défendre un territoire ethnique dénommé France ?..
    Mais Sainte Blandine, St Irénée, et autres martyrs de la chrétienté en Gaule, et dans tout l’ empire romain n’ étaient pas Français à ce que je sache.
    J. Madiran a mille fois raison de déclarer que ce sont les États et non les nations qui ont vocation à organiser nos sociétés.
    Le mot même de nation et de nationalisme doit être banni du vocabulaire d’ un croyant catholique. Tant en France qu’ ailleurs.
    La France, fille aînée de l’ Église, est morte depuis 1905.
    Portons nos regards et lançons nous dans la bataille politique, comme nous l’ a demandé dernièrement Benoît XVI au travers de son Motu Proprio, sans regret, sans nostalgie et avec courage pour regénérer la foi catholique dans nos contrées.

  7. L’Etat n’est pas uniquementla société des familles, mais celle des corps intermédiaires (familles, entreprises, associations…) !!!

  8. Non, l’Etat est bien uniquement une société des familles. Les corps intermédiaires vivent dans l’Etat mais ne le constituent pas.

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