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France : Société

La trinité postmoderne : technicisation, victimisation, liberté illimitée

Jean-Michel Castaing s'inquiète, dans Liberté politique de la trinité postmoderne, qui est bien différente de la Sainte Trinité :

"(…) Le Père, en tant que source, a été remplacé par la technique fécondante et énergisante. Désormais la perpétuation de l'espèce lui est confiée : fécondation in vitro, gestation pour autrui, procréation médicalement assistée.

Mais la Technique peut aussi se faire puissance démiurgique plus radicalement encore. Tel est le projet poursuivi par le transhumanisme, dont le but consiste à augmenter l'humain de telle sorte qu'advienne le posthumain. C'est ainsi que le Père, comme Personne à qui est appropriée traditionnellement la toute-puissance, se trouve maintenant dépassé par la biotechnique, qui ne contentera pas d'un vulgaire humanoïde grevé de faiblesses, d'états d'âme et de sous-performances corporelles…

De son côté le Fils de la trinité postmoderne sera métamorphosé en archétype des victimes que notre modernité tardive désire prendre sous sa coupe afin de s'en faire une clientèle idéologique docile et facilement malléable. Jésus n'a-t-il pas été la première victime du pouvoir religieux, patriarcal ?

Dans la foulée la postmodernité va régler ses comptes avec ses maîtres auxquels elle ne veut rien devoir, et cela en leur imputant rétrospectivement des crimes à foison. C'est ainsi qu'est inaugurée l'ère majestueuse de la repentance, de la haine de soi, et des victimes : populations colonisées, enfants martyrisés, femmes soumises, déviants sexuels stigmatisés, mal-croyants ostracisés.

Le Fils de la trinité postmoderne, ce sont toutes les personnes victimes des « phobies » des âges obscurs du patriarcat, de l'européen dominateur, du mâle violent, de l'inquisition religieuse, etc.

Enfin, dernier de la triade, l'Esprit postmoderne constitue le catalyseur d'une liberté illimitée dont le résultat se cristallise dans le droit absolu à faire tout et son contraire. Liberté pour les singes bonobos et criminalisation des propos politiquement incorrects, lutte contre la peine de mort et incitation à l'euthanasie (avec toutes les précautions euphémiques qui s’imposent), protection fanatique de la vie des cétacés et promotion dans le même temps du droit à l'avortement…

Un âge de l'Esprit, caricature de celui de Joachim de Flore, où l'hubris d'un « droit à » n'est bornée que par les digues des procédures d'un « vivre ensemble » qui n'est qu'un autre mot pour traduire la réalité, autrement moins ragoûtante, d'un « vivre séparé » problématique.

Ainsi se dessine une fausse trinité postmoderne : technicisation tous azimuts, victimisation à outrance (avec ses deux corollaires : infantilisation et déresponsabilisation), liberté illimitée. Trinité de l'excès, ignorante de la paternité bienveillante de Dieu, du désir de rendre grâce du Fils, de la liberté dans la vérité de l'Esprit.

Une contrefaçon, mais pas seulement : car nous ne sommes pas ici dans un simple jeu spéculatif. Cette fausse trinité idéologique tente de prendre possession de la réalité, de la faire plier à ses diktats.

Désormais, on ne joue plus. À la liberté des fils du Père dans l'Esprit risquent de succéder la tyrannie de la technique triomphante, le terrorisme des procureurs chargés de défendre — et de trouver — des victimes qui vont se raréfiant, en traquant leurs soi-disant « bourreaux », et enfin la course folle aux innovations sociétales.

L'homme n'a rien à gagner à l’escamotage de la Trinité chrétienne par cette macabre caricature. Il devient plus urgent que jamais d’en prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard."

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