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L'Eglise : Foi

La théophanie de Dieu fait homme

Voici l’homélie du Père Madros,  prêtre palestinien, pour l’Epiphanie

Unknown-41"L’Epiphanie tombant le 6 janvier, un vendredi, elle est transportée, dans divers pays déchristianisés, au dimanche suivant. Pas grave : les deux occasions rentrent magnifiquement dans le cadre de « la manifestation », la théophanie de Dieu fait homme : il apparaît aux Mages ; il se manifeste aux sages d’Orient. De Bethléem, de Jérusalem, nos pensées recueillent les leçons de ces réalités salvifiques qui nous touchent de près, soit comme peuples de la Gentilité, soit comme fidèles revenant à Dieu, le cœur contrit !

Les Mages et l’Etoile : que de controverses !

En étudiant le chapitre 2 de saint Matthieu (2, 1- 12 ; tiens Jean 2, 1-11 c’est les noces de Cana !), un auteur catholique n’hésite pas à exposer « la narrative d’une fiction théologique ». En d’autres mots, l’histoire des Mages n’est pas historique pour trois sous ! Dorénavant, « il faut rejeter l’historicité de cet épisode », sans crève-cœur. L’argumentation part de « l’impossibilité astronomique d’un tel phénomène ». Mais les « négationnistes » les plus obstinés vous mettent en relief le symbolisme de cette « légende », en insistant sur sa valeur spirituelle et morale.

N’ayant pas ici le temps de discuter la chose, nous pouvons répondre à tout ce défi lancé avec bonne volonté. Au-delà de la littéralité ou du symbolisme indéniable, aucun des auteurs chrétiens ne semble mettre en doute la divinité du Christ et l’incarnation du Verbe, autant de miracles mille fois plus substantifs et plus grands que la visite de sages d’Orient ! Donc un peu à la façon de la foi du charbonnier, et avec beaucoup de bon sens, nous pouvons tranquillement affirmer que le Dieu capable de s’incarner peut se manifester, d’une manière miraculeuse et non conventionnelle ni astronomiquement explicable, à des sages d’Orient, qui représentent la future adhésion des nations païennes au Christ « lumière du monde », « astre du matin ».

L’un des arguments avancés contre l’historicité de la visite des mages résiderait dans le silence de Flavius-Josèphe. Pour une fois, l’argument laisse beaucoup à désirer : comment voulez-vous qu’un Juif, de race sacerdotale par-dessus le marché, passé au camp romain, vous écrive quoi que ce soit de reluisant à propos d’un certain Jésus, roi chimérique, « messie-fantoche » et exalté crucifié ?

Provenance des sages d’Orient

Pour nos amis de Terre Sainte, saint Justin de Naplouse et Origène d’Egypte et de Césarée, les mages seraient venus d’Arabie. L’encens et la myrrhe indiqueraient cette direction. Pour d’autres, ils seraient partis de la Chaldée ou de la Perse. Sautons tout de suite à une conclusion dramatique : quelle joie, quel miracle si ces pays orientaux, en particulier l’Arabie, l’Iran et l’Irak majoritairement non chrétien reconnaissaient le Christ comme Seigneur et Sauveur ! Depuis des décennies, l’argent pétrolier, différent de « l’or » des Mages et plutôt « noir », a acheté bien de « consciences » (assez élastiques à la Judas) et a fait de tout pour déchristianiser encore davantage un monde occidental quelque peu paganisé !

Les élucubrations américaines des « Témoins de Jéhovah » !

Comme si nos « rationalistes » ne suffisaient pas, voici un groupe d’une vingtaine de dénominations judéo-américaines, dont la principale s’appelle « les Témoins de Jéhovah », qui avance une théorie rocambolesque. Nous l’évoquons pour information et prévention, pour ne pas nous surprendre. En effet, l’élément de la surprise constitue un point fort des sectes.

Voici la théorie jéhoviste : « L’étoile qui a conduit les mages à Jérusalem, et pas directement à Bethléem, venait du Démon. A cause d’elle, Hérode le grand a fait tuer les enfants judéens ! » Monumentale méprise théologique : maintenant ce sont les phénomènes naturels et surnaturels qui portent la responsabilité de certains crimes, pas ceux qui les perpètrent ! A ce compte-là, le brave Hérode pouvait, comme plus tard Pilate, se laver solennellement les mains ! Et puis, quelle affection profonde pour les enfants de Bethléem, affection inexistante quand les Témoins ne donnent pas de sang aux enfants et aux mères enceintes pour sauver leur vie !

Pourquoi d’abord Jérusalem ?

Il fallait avertir le Judaïsme officiel, l’autorité sacerdotale et royale.

Quelques conclusions spirituelles, morales et ecclésiologiques

Dès Isaïe, ou plutôt dès la chute originelle, Dieu a promis de sauver l’humanité, par « la Descendance de la Femme » (Gen 3, 15). Isaïe (surtout chh. 2 et 60), et Jonas en particulier soulignent l’universalité du salut. Le Dieu créateur de tous ne saurait se limiter à chérir un seul peuple. Le « Dieu de Jésus-Christ », prêché par lui-même et par Paul, plus que d’autres, « manifeste » définitivement sa nature : Amour universel, Paternité absolue, Miséricorde sans frontières, Salut « jusqu’aux confins de la terre » !

Autre épiphanie de Jésus : au Jourdain (Mt 3, 1- 12)

A propos de Jean-Baptiste et de Jésus, saint Matthieu utilise le verbe « paraginetai παραγίνεται », « il paraît, il apparaît ». Absolument pas question de « vouloir se faire voir », si fréquent parmi les hommes surtout les « importants, les puissants ou les grands » ! Il s’agit d’une manifestation au peuple d’un personnage providentiel, jusque là caché dans la discrétion d’une famille pieuse ou d’une retraite au désert silencieuse.

En arabe, nous appelons la fête de l’Epiphanie ghitaas غطاس « immersion », précisément en nous référant au baptême du Christ.

Quelques sectes, surtout judéo-chrétiennes, enseignaient que Jésus avait eu conscience de sa messianité lors de son baptême. (Les Témoins de Jéhovah semblent bien avoir repris cette doctrine). Une telle assertion contredit l’Evangile qui déclare sans équivoque la divinité du Verbe. Dès l’Annonciation faite à Marie, la Vierge elle-même savait à quoi s’en tenir. Elle savait que son Fils aurait été « grand », en forme absolu, « Fils du Très-Haut », héritier « du trône de David son père », bref l’apogée des titres messianiques.

Au point de vue pastoral

Une objection revient souvent : « Jésus a été baptisé à l’âge de trente ans environ, pourquoi alors baptiser les enfants ? »

Soit le Baptiste soit le Seigneur Jésus lui-même ont fait une claire distinction et séparation entre le baptême reçu par Jésus et celui institué par lui. Le baptême de Jean, nous disent les deux personnages, à l’unanimité et presque avec les mêmes mots, « était dans l’eau » seulement, pour la pénitence, des adultes, en préparation à la venue du Messie.  Le baptême que Jésus institue est « dans l’eau et l’Esprit Saint » « et le feu » qui brûle le péché originel (donc chez les enfants aussi), et pas seulement les péchés actuels (chez les adultes ou les jeunes qui ont atteint l’âge de raison). Le baptême que Jésus a établi est une « nouvelle naissance d’en haut » (Jn 3, 1 s) en contraste avec l’ancienne naissance naturelle, physiologique en vertu de laquelle les enfants ne sont que chair. Par contre, les enfants baptisés deviennent « esprit ».

D’ailleurs, dans les baptêmes de multitudes (Actes 2 et 18) et de familles entières (Corneille, Lydie, le geôlier, Crespus, Stéphanas), les Apôtres ont certainement baptisé des enfants.

Conclusion

Le Seigneur a manifesté sa lumière ; à nous de la refléter !

Bonnes fêtes !"

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