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L'Eglise : François

La spiritualité du zapping : elle passe et repasse, mais rien ne reste

Bolivie : le Pape rencontre les prêtres, religieux, séminaristes – 9 juillet 2015. Extraits de son discours :

"[…] Deux réalités apparaissent avec force, s'imposent à nous. D'un côté, le cri d'un mendiant et de l'autre, les diverses réactions des disciples. C’est comme si l'Évangéliste voulait nous montrer quel genre d'écho trouve le cri de Bartimée dans la vie des gens et des disciples de Jésus. Comment réagissent-ils en face de la douleur de celui qui est au bord du chemin, de celui qui est assis sur sa douleur ?

Il y a trois réponses face aux cris de l'aveugle. Nous pourrions le dire avec les paroles mêmes de l’Évangile :

1. Passer

2. Tais-toi

3. Courage, lève-toi

1. Passer – passer sans s’arrêter et certains, peut-être parce qu'ils n'ont pas entendu. Passer, c'est l'écho de l'indifférence, de passer à côté des problèmes et que ceux-ci ne nous touchent pas. Nous ne les entendons pas, nous ne les reconnaissons pas. C'est la tentation de voir la douleur comme quelque chose de naturel, de s'habituer à l'injustice. Nous nous disons : c’est normal, il en a été toujours ainsi. C'est l'écho qui naît dans un cœur blindé, fermé, qui a perdu la capacité d'étonnement et, par conséquent, la possibilité de changement. Il s'agit d'un cœur qui s'est habitué à passer sans se laisser toucher ; une existence qui, en passant d'ici vers là-bas, n’arrive pas à s'enraciner dans la vie de son peuple.

Nous pourrions l'appeler, la spiritualité du zapping. Elle passe et repasse, mais rien ne reste. Ce sont ceux qui courent après la dernière nouveauté, après le dernier "best seller" mais ne réussissent pas à entrer en contact, à entrer en relation, à s’impliquer. […]

2. Tais-toi – c’est la deuxième attitude en face du cri de Bartimée. Tais-toi, ne gêne pas, ne dérange pas. A la différence de l'attitude antérieure, celle-ci écoute, reconnaît, entre en contact avec le cri de l'autre. Elle sait qu'il est là et réagit d'une façon très simple, en le reprenant. C'est l'attitude de ceux qui face au peuple de Dieu, le reprennent continuellement, ronchonnant, en lui ordonnant de se taire.

C'est le drame de la conscience isolée, de ceux qui pensent que la vie de Jésus est seulement pour ceux qui se croient aptes. Il semblerait permis que trouvent place seulement les ‘‘autorisés’’, une ‘‘caste de différents’’ qui se sépare peu à peu, en se différenciant de leur peuple. Ils ont fait de l'identité une question de supériorité.

Ils écoutent mais n'entendent pas, ils voient mais ne regardent pas. La nécessité de se différencier leur a bloqué le cœur. La nécessité de se dire : je ne suis pas comme lui, comme eux, les a écartés non seulement du cri de leur gens et de leurs pleurs, mais aussi spécialement des motifs de joie. Rire avec ceux qui rient, pleurer avec ceux qui pleurent, voilà, cela part du mystère du cœur sacerdotal.

3. Courage, lève-toi. Et finalement nous nous trouvons avec le troisième écho. Un écho qui ne naît pas directement du cri de Bartimée, mais du fait de regarder comment Jésus a agi devant le cri de l'aveugle mendiant. C'est un cri qui se transforme en Parole, en invitation en changement, en proposition de nouveauté face à nos façons de réagir devant le saint peuple de Dieu.

Contrairement aux autres, qui passaient, l'Évangile dit que Jésus s'est arrêté et a demandé ce qui se passait. Il s'arrête face au cri d'une personne. Il sort de l'anonymat de la foule pour l'identifier et de cette manière s’engage avec lui. Il s'enracine dans sa vie. Et loin de lui ordonner de se taire, il lui demande : que puis-je faire pour toi ? Il n'a pas besoin de se différencier, de se séparer, il ne le classe pas pour voir s'il est autorisé ou non à parler. Il lui pose seulement une question, l’identifie en voulant faire partie de la vie de cet homme, en voulant assumer le même sort que lui. Ainsi il lui restitue peu à la peu la dignité qu'il avait perdue, il l'inclut. Loin de le voir du dehors, il décide de s’identifier à ses problèmes et ainsi lui manifester la force transformatrice de la miséricorde. Il n’existe pas de compassion qui ne s'arrête pas, n’écoute pas et ne se solidarise pas avec l'autre. La compassion n'est pas du zapping, ce n'est pas d'étouffer la douleur, au contraire, c'est la logique même de l'amour. C'est la logique qui ne se concentre pas sur la peur mais sur la liberté qui naît du fait d'aimer et met le bien de l'autre au-dessus de toutes choses. C'est la logique qui naît du fait de ne pas avoir peur de s'approcher de la douleur de nos gens. Bien que souvent, ce ne soit que pour être à leur côté et pour faire de ce moment une opportunité de prière. […]"

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