Partager cet article

Valeurs chrétiennes : Education

La situation est catastrophique pour l’enseignement des mathématiques

Jean-Pierre Demailly, professeur de mathématiques à l'institut Fourier (Grenoble-I), membre de l'Académie des sciences, critique les réformes des programmes scolaires :

"Les réformes successives du système éducatif français depuis la fin des années 1960 ont progressivement vidé les programmes scolaires de leur contenu. Les réformes ont surtout été pensées en termes de gestion des flux ou en termes budgétaires, et – pour autant qu'il y ait eu réellement un pilote dans l'avion – les responsables n'ont en général prêté qu'une attention très faible à la cohérence et à la pertinence de ce qui pouvait être enseigné. La situation est particulièrement catastrophique pour l'enseignement des mathématiques et des sciences physiques : il n'y a pratiquement aucun programme à quelque niveau que ce soit qui tienne encore vraiment debout dans notre pays ; on peut observer des incohérences et des lacunes majeures dans toutes les progressions scolaires, depuis la maternelle jusqu'aux classes préparatoires et à l'université. […]

À l'école primaire, les premiers enjeux – et les enjeux premiers – sont la maîtrise de l'écriture-lecture et du calcul. Ces apprentissages fondamentaux ont hélas beaucoup souffert de la mise en place de méthodes, de programmes et de progressions d'enseignement inadaptés. Peu à peu, le savoir-faire des professeurs d'école s'est érodé, et aujourd'hui, sans en avoir conscience, une majorité d'entre eux se contente de pratiques sous-performantes, souvent à l'instigation de l'institution scolaire elle-même.

L'inefficience de l'apprentissage de la lecture a été fortement médiatisée, du fait de l'usage très répandu de méthodes idéovisuelles ou semi-globales désastreuses. Mais il faut savoir que l'enseignement du calcul et de la géométrie est aujourd'hui tout aussi catastrophique. La pratique de nos classes expérimentales SLECC a confirmé qu'il était beaucoup plus efficace d'apprendre la numération et les quatre opérations arithmétiques simultanément. Cet enseignement est indissociable de celui de la langue et des autres sciences, à travers la rédaction détaillée des solutions, la manipulation des unités de grandeur, la résolution permanente d'exercices, l'observation, la mesure… Or les programmes ignorent ces contraintes et continuent à étaler sur plusieurs années l'apprentissage des quatre opérations en les dissociant entre elles, et en les dissociant de leurs applications. Il faut signaler cependant que les savoirs fondamentaux ne constituent pas un but en eux-mêmes : il s'agit de former de futurs citoyens capables de s'exprimer clairement, de penser de manière rationnelle, de forger un regard critique sur les situations de la vie ; pour cela, il est nécessaire de s'appuyer sur une solide connaissance de l'environnement historique, géographique, scientifique et technologique de nos sociétés.

[…] Le problème est aggravé par la structure rigide du collège unique, là où il faudrait davantage valoriser les aptitudes manuelles, artistiques ou sportives de certains élèves, en leur offrant des voies exigeantes en rapport avec leurs capacités et leurs intérêts. On a préféré niveler les programmes par le bas, condamnant les bons élèves, ou même les élèves moyens, à la sous-alimentation chronique ou à la paresse. Pis encore, les programmes de science sont devenus un galimatias incohérent où les objectifs parfois trop ambitieux semblent être là uniquement pour donner le change et masquer la faible rationalité des contenus. Le lien entre les sciences physiques et les mathématiques est constamment rompu.

[…] Et cela devient presque pire au lycée : avec la réforme Chatel, les programmes de sciences ont été littéralement massacrés à la tronçonneuse ; il est vrai qu'ils étaient déjà très mauvais. […]

Avec de telles bases, il n'est pas étonnant que l'on assiste en ce moment à un véritable massacre des formations supérieures, notamment celle des professeurs. La comparaison avec les pays asiatiques place aujourd'hui la France dans une situation de profond sinistre éducatif, et le pire semble à venir si le ministère de l'Éducation nationale ne reprend pas ses esprits."

Partager cet article

11 commentaires

  1. Etant enseignant, je peux témoigner que dans des classes de seconde de mauvais niveau, la majorité des élèves sont strictement incapables de résoudre des problèmes d’une extrême facilité.
    Exemple :
    200petits pains coûtent 300 Euros, combien vaut un petit pain ?
    30% multiplient les deux données —–

  2. Comment voulez-vous faire avec des sinistres comme l’académicien Darcos qui ne sait pas faire une règle de trois: http://www.youtube.com/watch?v=O0SLpAJ_8aw ?

  3. Tout cela est voulu par l’oligarchie mondialiste et à l’œuvre en France depuis la mise en place du plan Langevin-Wallon au sortir de la seconde guerre mondiale. Former des personnes intelligentes, cultivées et libres est dangereux pour le système ; en sabordant l’instruction la plus élémentaire, on peut facilement formater les esprits, anesthésier les consciences, dominer un troupeau de consommateurs hébétés qui ne voit pas plus loin que son petit ego nombrilesque.

  4. Les professeurs d’école actuels (depuis au moins une dizaine d’année) sont des ex-élèves de la réforme Jospin (l’élève au centre) et des suivantes. Un élève qui n’a jamais appris la règle de trois (et donc les pourcentages) et qui ne sait pas faire des divisions à plus d’un chiffre (2 pour les meilleurs), voire ignore ses tables de multiplications, mais qui palliait ses lacunes grâce à des calculettes performantes, ne peut pas, une fois devenu professeur des écoles après une licence quelconque (langues, lettres, sciences…) et un master spécialisé (en préparation de concours et pédagogisme à haute dose), enseigner correctement les maths aux générations suivantes…

  5. Un collègue me disait qu’en première année de fac, il y avait 75 % d’échecs.
    Quand on voit le programme des « Troisièmes » …

  6. C’est aussi catastrophique en histoire et en français.

  7. Catastrophique en effet, si les profs et instits eux-mêmes ne sont pas correctement formés (hormis l’idéologie de gauche, le laxisme, les revendications syndicales et autres théories du genre) comment pourront-ils restituer leur savoir?
    Le but de la manoeuvre : régner sur un “peuple” qui n’est plus capable ne serait-ce que de réfléchir par lui-même et donc de se rendre compte des manipulations. Tellement plus simple à diriger ensuite …

  8. Il faut leur apprendre l’arithmétique de la police: 100+100=10.
    Comme ça ils pourront postuler à la Préfecture ou devenir pilote d’hélico.

  9. “il s’agit de former de futurs citoyens capables de s’exprimer clairement, de penser de manière rationnelle, de forger un regard critique sur les situations de la vie ; pour cela, il est nécessaire de s’appuyer sur une solide connaissance de l’environnement historique, géographique, scientifique et technologique de nos sociétés” (sic)
    Oui ! Sauf si l’on n’a justement pas envie que les futurs citoyens soient capables :
    – de lire et écrire correctement
    – de s’exprimer clairement !
    – de penser de manière rationnelle !
    – de forger un regard critique !
    – d’avoir une solide connaissance historique, géographique, scientifique etc.
    Il n’y a pas que l’enseignement forcené de l’idéologie du gender et de l’éducation sexuelle pour lesquels tous les moyens sont mis en œuvre.
    Il y a aussi des réformes incessantes, toutes plus ahurissantes les unes que les autres, et dont les buts manifestes ne sont pas d’améliorer l’enseignement mais bel et bien de le dégrader.
    Il suffisait de voir les réactions des professeurs atterrés, voir en larmes, à chacune de ces nouvelles réformes pour comprendre leur dégout progressif et la chute des vocations.
    Aujourd’hui les résultats sont là ! On ne peut plus suspecter ces réformes de vouloir nuire, on peut l’affirmer, tout en constatant qu’elles l’ont fait !
    Il y avait du monde à la manœuvre avant même les Chatel et les Peillon…
    A quand les JRE pour les lycéens et les étudiants ?

  10. Bien d’accord avec: jpr, d.d et DUPORT…
    Un tel massacre de l’enseignement de l’instruction, si opiniâtre depuis tant d’années, ne peut qu’être volontaire et programmé (pour formater maçonniquement plus facilement des “veaux” dépersonnalisés.)
    Il s’agit bien d’un complot anti-français (mais aussi anti-occidental). Ce n’en est qu’une facette, mais qui va de pair avec toutes les autres (anti-famille, anti-décence, anti-intériorité, antireligieuse, etc.)

  11. Pour prendre la mesure selon mes propres observations…
    En 1ère année de BTS tertiaires (les jeunes venant tous d’obtenir un bac pro, technique ou général) :
    – 75 % des jeunes ne savent pas calculer un taux de variation.
    – 35 % des jeunes ne savent pas passer d’un calcul à une expression en heures / minutes.
    – 15 % des jeunes ne savent pas passer correctement d’un prix TTC au prix HT.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services