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Culture de mort : Euthanasie

La sédation terminale introduit un changement dans les mentalités

Alix de Bonnières, médecin dans une unité de soins palliatifs en région parisienne et auteur de Consentir à mourir (Éditions Toucan), livre son analyse sur la proposition de loi Claeys-Leonetti :

"Je suis assez inquiète à cause de l’ambiguïté du vocabulaire employé. On y parle de pronostic vital engagé à court terme sans définir ce que cela signifie. Le problème est que nous, médecins, ne pouvons prédire quand un patient décédera. Certains malades résistent beaucoup mieux que ce que l’on aurait pu croire. Comment déterminer, alors, s’il faut les sédater ou non ? Ensuite, cette loi entraînerait certaines modifications importantes. Pour ne prendre qu’un exemple : l’alimentation et l’hydratation seraient désormais considérées comme des traitements et donc susceptibles d’être stoppés. Enfin, cette loi associerait la sédation au décès. Or, la sédation est un traitement que nous utilisons en soins palliatifs, mais de façon temporaire.

Pensez-vous que cette loi serait, comme le disent certains, une euthanasie déguisée ?

La sédation, si elle est pratiquée dans les conditions rigoureuses définies par la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs), n’est pas une euthanasie déguisée. En revanche, je crains qu’elle puisse être utilisée comme une étape, vers la légalisation de l’euthanasie car elle introduirait un profond changement dans les mentalités : elle habituerait les malades, les familles, à une mort qui n’est déjà plus une mort naturelle.

Vous-même avez été confrontée, au sein de votre service, à des demandes d’euthanasie. Qui fait la demande généralement ?

Elle émane parfois de personnes qui, lorsqu’elles arrivent dans notre service, nous disent être adhérentes de l’ADMD (l’Association pour le droit de mourir dans la dignité). Elles nous le font savoir tout en sachant que nous ne pourrons pas répondre favorablement à une demande d’euthanasie. Il y a aussi ces patients qui, face à des symptômes difficiles, veulent que « cela se termine », sans toutefois prononcer le mot d’euthanasie. Mais dans la plupart des cas, quand la douleur est soulagée et que nous avons pu les rassurer, la requête disparaît d’elle-même. Enfin, il arrive que ce soit les familles qui parlent d’euthanasie, devant la souffrance de leur proche et la leur.

[…] Il arrive que certaines personnes acceptées dans notre service changent d’avis par rapport à notre travail. Lorsqu’elles constatent ce que sont réellement les soins palliatifs, comment les soins sont délivrés et à quel point la vie est respectée jusqu’au bout, malgré la dépendance physique, elles voient l’intérêt de notre travail. Et surtout elles constatent que, malgré la perte d’autonomie et la dégradation d’un état de santé, la dignité de la personne demeure."

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