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La réaction hystérique de Sophie Cluzel s’explique-t-elle par sa volonté de faire disparaître les établissements spécialisés conformément aux injonctions de l’ONU?

La réaction hystérique de Sophie Cluzel s’explique-t-elle par sa volonté de faire disparaître les établissements spécialisés conformément aux injonctions de l’ONU?

La polémique déclenchée involontairement par Eric Zemmour a le mérite de mettre en lumière l’inquiétude de nombreux parents d’enfants handicapés de voir disparaître progressivement les établissements spécialisés comme les IME, IM PRO ou les ITEP. Et cette disparition semble belle et bien programmée et voulue par le gouvernement.

Il existe effectivement de nombreux enfants, dont le handicap, souvent mental ou avec un comportement violent ou imprévisible, est tellement complexe que l’école ou le collège “de la République” ne sont pas adaptés. Les IME sont des établissements qui accueillent ces enfants en accueil de jour et de nuit et qui leur permettent de bénéficier d’un contexte de soins adapté (infirmier, médecin psychiatre, psychologue…) ainsi que d’activités visant à leur permettre un épanouissement personnel (scolarité avec des professeurs détachés), un développement de la relation à l’autre (sport, visites culturelles) et un début d’apprentissage professionnel (stages, ateliers).

Le besoin pour ces parents et leurs enfants est avéré et le manque de places existantes est criant. Plus de 7 000 enfants traversent la frontière belge chaque jour pour trouver chez nos voisins des structures plus nombreuses et plus développées en France. Cela coûte entre 400 et 500 millions d’euros à la sécurité sociale alors que cet argent pourrait être investi pour développer ces établissements sur notre sol. [source]

Or, que se passe-t-il sur le terrain ? Les parents constatent la diminution progressive du nombre de places, la diminution des possibilités d’internat (source de répit pour des parents épuisés physiquement et psychologiquement) et même la fermeture d’IME ou d’ITEP. Dans un article publié le 15 décembre 2021 (extrait ci-dessous), le lecteur constatera qu’Eric Zemmour n’a rien inventé et n’a fait que décrire une situation réelle :

Des parents d’enfants handicapés, inquiets de la suppression prochaine de 200 places dans les instituts médico-éducatifs (IME) de l’Isère, se sont rassemblés devant l’Agence régionale de santé (ARS), à Grenoble, ce 15 décembre 2021. En cause, la stratégie nationale d’inclusion visant à garantir la scolarisation effective des enfants autistes en milieu ordinaire. S’ils reconnaissent ce projet positif et progressiste, les parents considèrent que l’inclusion ne doit pas se faire « à marche forcée » au détriment des prises en charge dans des instituts spécialisés.[source]

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« Apparemment, ce qui se passe en Isère n’est heureusement pas en train de se passer dans les autres départements », explique l’une des membres du collectif. Pas sûr. En juin 2021, le syndicat FO 35 interrogeait sur une « disparition possible des IME », conséquence du « démantèlement » par l’Etat de « tout l’édifice médico-social tel qu’il s’est constitué depuis plus de 60 ans ». [source].

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Le gouvernement a décidé de mettre en application, à marche forcée, le démantèlement de tout l’édifice médico-social tel qu’il s’est constitué depuis plus de 60 ans. Sous le titre « Transformation de l’offre du champ de l’enfance », la lettre de cadrage de l’ARS de Bretagne adressée aux associations médico-sociales est sans équivoque (…)

L’ARS pilote la transformation à l’aide d’indicateurs « les financements évoluent en fonction de ces indicateurs », « les objectifs sont fixés » on ne peut être plus clair.
Quelques exemples d’objectifs :
Diminution des places en IME
➔ Les prises en charge sous amendement Creton doivent diminuer
Le taux de scolarisation des enfants accueillis doit être porté à 50 % en 2020, à 80 % d’ici 5 ans (…)

En conclusion, sous le titre « transformation de l’offre champ de l’enfance » l’ARS Bretagne a fait parvenir aux associations médico-sociales une lettre de cadrage pour organiser au nom de l’inclusion le démantèlement des IME et des EMS. Les IME sont condamnés par la loi (décret du 9 mai 2017 qui modifie la nomenclature des établissements et services). Ils sont transformés en dispositifs ; plateformes au service de l’Éducation nationale qui devra « inclure » tous les enfants porteurs de handicaps.

Alors que les besoins restent immenses : en Ille-et-Vilaine par exemple : un millier d’adolescents ayant un droit pour être admis en établissement médico-social ne peuvent l’être faute de place. [Extrait d’une note publiée par le syndicat FO Action Sociale d’Ile-et-Vilaine]

Dès le 5 avril 2018, le député Olivier Léonhardt attire pourtant  l’attention de Sophie Cluzel, secrétaire d’État, auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées :

” sur les vives inquiétudes des élus locaux concernant la mise en place du plan dit « services et établissements : réforme pour une adéquation des financements aux parcours des personnes handicapées » (Serafin-PH) au sein des instituts médico-éducatifs (IME) (…)

Pourtant, la mise en œuvre du plan Serafin-PH, qui propose une modification des financements avec la mise en œuvre de la tarification à l’acte, risquerait de transformer les IME en plateforme d’évaluation et d’orientation des bénéficiaires vers d’éventuels services de soin ou de rééducation.

L’abandon d’une prise en charge globale des personnes handicapées, qui pourraient être renvoyées à leur domicile et prises en charge de façon segmentée, cause de vives inquiétudes.

L’accueil des enfants et leur encadrement par des professionnels au milieu d’autres enfants pourraient à terme disparaître, ce qui serait catastrophique pour leur vie sociale et les priverait de toute relation avec d’autres jeunes de leur âge (…) Cette situation serait évidemment aussi catastrophique pour les familles concernées.

Il lui demande quelles mesures seront prises pour répondre à ces inquiétudes et pour assurer le maintien des financements des IME afin d’éviter leur fermeture à court ou à moyen terme.”

Or, il semblerait que ce soit sur injonction de l’ONU que la France s’oriente docilement vers le démantèlement des établissements spécialisés qui concernent des enfants handicapés qui ne peuvent pas être accueillis en inclusion au sein de l’Education nationale, malgré toutes les incantations républicaines de Sophie Cluzel. Le supranational s’impose une fois de plus :

La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées dénonce le “système de ségrégation” dont sont victimes, en France, 300 000 enfants et adultes vivant en établissement (…) 

« La Convention dispose d’une primauté sur le droit français », a commencé par rappeler cette juriste de formation (…). Or, une partie de la législation française n’est toujours pas en accord avec ce texte. La loi handicap de février 2005 ne reconnaît pas, ainsi, la capacité juridique pleine et entière des personnes handicapées.

En 2015, 385 000 personnes sous tutelle en France étaient toujours privées de cette capacité, en violation de l’article 12 de la CDPH. « Placer les personnes sous tutelle ne les protègent pas, au contraire : cela augmente les risques d’abus et d’institutionnalisation » a-t-elle souligné (…)

« Extrêmement inquiète » de constater le nombre élevé d’enfants (100 000) et d’adultes (200 000) résidant en milieu fermé, la rapporteuse a engagé l’État à adopter un plan pour fermer progressivement tous les établissements existants. « La désinstitutionnalisation des enfants devrait être une priorité » a-t-elle estimé. Elle préconise de transformer les IME en centres de ressources non résidentiels (…)

Effrayant.

En juin 2019, un éducateur spécialisé travaillant au sein d’un IME publie une tribune pour dénoncer cette soumission scandaleuse de la France :

Nous savons que les fausses promesses de l’inclusion scolaire systématique n’ont d’autre but que de permettre une désinstitutionalisation totale, avec pour point final la disparition des établissements spécialisés et notamment les IME (Institut médico-éducatif).

Nous sommes scandalisés par les discours justifiant la fin des établissements spécialisés. L’existence et la pratique de nos prises en charge sont jugées ségrégatives et discriminantes. L’Etat français va s’empresser de mettre fin à cette soit disant mise à l’écart des personnes handicapées.

Nous nous insurgeons contre ces attaques dévalorisantes, alors que nos établissements permettent aux jeunes accueillis de s’épanouir dans toutes les composantes de leur vie. Ils sont accueillis dans nos établissements car le milieu ordinaire a été, faute des moyens nécessaires, dans l’incapacité de leur offrir le cadre indispensable pour répondre à leurs besoins.

Nous savons que les changements voulus par le gouvernement, comme l’inclusion scolaire systématique, ne permettront absolument pas d’accompagner correctement les personnes concernées et de répondre à leurs besoins.

Nous ne pouvons accepter que l’intérêt financier prime sur l’intérêt des personnes handicapées.

Il est urgent de prendre la défense des IME face aux attaques frontales dont les établissements médico-sociaux sont la cible ; attaques qui impacteront les personnes en situation de handicap, et les personnels. Car ce qui se prépare c’est bien au final la fermeture de tous les établissements médico-sociaux (…)

Nous nous opposons résolument à la disparition des établissements spécialisés, dont les IME, qui en découlera inéluctablement.

Eric Zemmour a donc ouvert une boîte de Pandore en abordant un sujet bien plus complexe que le gouvernement ne voudrait le laisser croire. A travers les réactions hystériques de Sophie Cluzel, il s’agit en fait de camoufler la disparition programmée des établissements spécialisés pour enfants handicapés sur ordre d’une instance supranationale et idéologue .

Parmi les proches d’Eric Zemmour, au moins trois femmes sont directement concernées par un enfant ou un frère handicapé : Sarah Knafo, Laurence Trochu et Agnès Marion. On peut ajouter la personne de Jean-Frédéric Poisson dont l’engagement au profit des plus faibles (prisonniers, handicapés, pauvres) est notoire depuis des années.

 

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7 commentaires

  1. La réaction hystérique de Sophie Cluzel est effectivement celle d’une criminelle dont les manœuvres destructrices apparaissent soudain au grand jour.
    Si elle était honnête, elle n’afficherait pas cette agressivité méprisante envers les contradicteurs, et elle n’utiliserait pas ces méthodes de terrorisme intellectuel.
    Quant à sa servilité envers les instances mondialistes, il vaut sans doute mieux ne pas trop en chercher les raisons : elle a fait carrière dans une école supérieure de commerce, et l’on sait les moyens dont disposent les milliardaires mondialistes pour acheter les consciences…
    La vraie question est pourquoi l’ONU prend ses mesures délirantes. Et la vraie réponse semble être, à court terme, l’élimination prénatale de TOUS les handicapés. Et le tri eugéniste des embryons…
    Alors, quand Sophie Cluzel – qui n’a JAMAIS lutté contre l’assassinat prénatal – parle d’ “inclusion”, on a vraiment envie de vomir.

  2. “Cela coûte plus de 4,5 milliards d’euros à la sécurité sociale en frais de taxi “, pour 7000 enfants? 650k€ par enfant? Dans l’article “source”, ouest France parle de 400 millions au total (pas juste les frais de taxi)…
    Mais article intéressant (et scandaleux) !

  3. A la lecture de cet article, je remarque, dans le dispositif normatif, l’importance du décret du 9 mai 2917, c’est à dire d’un décret pris par le gouvernement Cazeneuve quelques jours après l’élection présidentielle de 2017, alors que ce gouvernement était sur le départ, censé se contenter d’expédier les affaires courantes. Quelle est la légitimité de dispositions prises ainsi en catimini au milieu des cartons de déménagement ?

  4. Je pense qu’il faut faire le lien avec la loi sur l’avortement…

  5. On la dit mère d’un enfant handicapé afin de dire qu’elle contredit justement Zemmour… J’aimerais savoir si son handicap est l’un de ceux auxquels fait référence Zemmour. J’aimerais savoir si son enfant doit subir ce que subissent les enfants lourdement handicapés.

    Inconnue jusqu’au week-end dernier, Cluzel a prétendu sur Sud Radio qu’il n’y a aucun enfant handicapé français scolarisé en Belgique :
    https://www.youtube.com/watch?v=qI5zld2j34U

    Les familles de ces enfants la remercient de nier la vérité.

  6. C’est sans doute simpliste, mais il me semble que, dans la logique d’inclusion, ne devrait-on pas prôner la suppression des jeux paralympiques au profit d’une inclusion des sportifs handicapés (heuh! pardon, en situation de handicap) dans les équipes “standard”.

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