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France : Politique en France / France : Société

“La question en politique n’est pas seulement celle du mal ou du bien, mais du meilleur cheminement pour que le bien puisse prévaloir”

12009799_1652952068313878_3111351201604914373_nUn coup de gueule (trouvé ici) de Pascal Gannat, Conseiller Régional Pays de la Loire, Président du groupe FN, Membre du Bureau Politique du FN, secrétaire Départemental de la Fédération FN de la Sarthe. Il insiste sur le pragmatisme politique du FN au sujet de l'avortement, que le FN parlait d'abroger jusqu'en 2002 et qui a disparu des écrans radars dans le programme 2017, remplacé par deux propositions natalistes (points 54 et 55).

"Je suis très étonné de voir des gens se réclamer de St THOMAS ignorer la gradualité de la loi, d'où la règle du moindre mal dans l'action politique et le vote. Vous semblez ignorer la diversification par leur fin, leurs moyens et leurs procédés propres, que saint Thomas établit entre les trois sciences morales (individuelle, familiale et sociale ou politique) qui ne sont pas assimilables l'une à l'autre.

Quand ST LOUIS codifie la prostitution, il ne l'interdit pas, il la déplace des bains publics pour la placer en des lieux fermés. Bel exemple de la distinction thomiste, que les catholiques qui se réclament de la morale individuelle comme seul critère de l'action politique feraient bien de méditer.
L'oubli ou la méconnaissance de cela explique l'irréalisme et il faut le dire, la marginalité politique de bien des catholiques : on a SA morale, donc, on a SA marginalité et on en est fier de SA supériorité morale. On ne fait rien mais on s'en vante au nom de LA morale. Et on prive ceux qui n'ont pas SA morale de tout bénéfice même partiel de cette morale devenu un étendard plus qu'une charité agissante.
Je vous imagine au pouvoir : vous décrétez une interdiction de l'avortement que vous ne pourrez faire appliquer, pas plus que si vous décrétiez illégal l'alcoolisme ou l'usage de la drogue, voire l'adultère.
La question en politique n'est pas que celle du mal ou du bien, mais du meilleur cheminement pour que le bien puisse prévaloir autant qu'il prudemment possible, dans les situations ou les sujets ou les lieux, ou encore les périodes où c'est le mal ou la violence ou la dégradation de la dignité humaine qui sont prégnants.
Les poses moralisatrices n'ont aucun intérêt : elles n'ont d'ailleurs aucune efficacité et n'en n'auront jamais.
La France a été laïcisée, son épiscopat a renoncé, la masse des baptisés est indifférente, et les catholiques de la marge exigent de Marine LE PEN qu'elle fasse ce que eux-mêmes ne parviennent pas à conceptualiser : avancer ?
Je pense cela tellement grandiloquent que cela en devient ridicule : les matamores de LA morale n'ont pas fait bouger les lois depuis 1974. Par contre ils se chamaillent et participent à toutes les querelles et divisions des droites au nom de la morale pure et parfaite, mais sans JAMAIS parvenir à quoi que ce soit de concret et de pérenne.
Soyons réalistes : partons du réel. Et examinons ce qu'il est possible de faire en 2016, 2017 et sq. et non avant 1789 ou dans un avenir d'autant plus hypothétique que ses partisans ne font rien politiquement pour le construire.
En tant que catholique je pense que la position de Marine LE PEN sur l'avortement est la seule qui ait une pertinence politique, parce qu'elle prend en compte la France telle qu'elle est et non telle que ceux qui confondent morale individuelle et morale politique l'imaginent dans leurs fantasmes.
Je préfère, comme cela s'est fait dans de nombreux états américains, dans certaines régions italiennes ou en Russie, voire diminuer tout de suite le nombre d'avortements, que de rêver en permanence à son interdiction impossible.
De la même manière que je préfère dire à un ami alcoolique qu'il commence par diminuer sa consommation de moitié et l'aider à y parvenir, plutôt que de le rejeter en exigeant de lui de manière absurde qu'il cesse toute consommation du jour au lendemain, ceci d'autant plus que le cas individuel n'a rien à voir avec la morale de la politique. Voir plus haut sur la distinction.
Le catharisme politique : tous Parfaits sinon rien n'a rien à voir avec l'Evangile dans son interprétation catholique.
L'avortement ce n'est pas comme le vol de bicyclette ou d'autoradio : c'est un acte qui est au coeur de la personne humaine et qui souligne les manques des sociétés humaines à toutes les époques.
Cessons de vaticiner et de fulminer : ayons des gestes concrets qui aident ceux que la société pourra aider à faire un vrai choix.
La loi ne crée donc pas la morale : elle peut la favoriser, en se fondant sur l'état de la société. Et non sur la morale pure et parfaite.
Parce qu'entre catholiques, nous pouvons nous poser cette question : si ceux qui possèdent LA morale doivent confesser leurs fautes individuelles de manière réitérée (et sans se faire horreur à eux-mêmes), comment ne voient-ils l'ampleur de la tâche en politique et la nécessité de la gradualité ?"

On rappellera au passage les points non-négociables énumérés par Benoît XVI, qui constituent le réalisme auquel il faut tendre en politique : "La vie démocratique a besoin de fondements vrais et solides, c’est-à-dire de principes éthiques que leur nature et leur rôle de fondement de la vie sociale rendent non négociables."

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