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France : Société / Liberté d'expression

La politique est avant tout une question de rapports de forces

De Gabriel Privat :

"[…] La politique est avant tout une question de rapports de forces. Vous ne pesez dans le débat public que si vous disposez des fonds suffisants, des relais d’élus ou d’affaires ou encore du nombre de militants adéquats pour faire peur à vos alliés de circonstance ou vos adversaires en les menaçant de marcher contre eux. La Manif pour tous n’a pas l’argent, ni les relais d’affaires et encore moins les élus en nombre suffisant, mais elle a le peuple. Que ce dernier vienne à manquer, que la marche du 5 octobre soit un échec, et elle n’aura plus qu’à plier ses bagages. Les associations réunies n’auront plus qu’à se disperser. Ce sera une nouvelle défaite car elle ne sera plus prise au sérieux par les pouvoirs publics, ni par les mouvements prétendument conservateurs, qui tireront comme conclusion de cet échec que la baudruche s’est dégonflée et que la défense de la famille n’a plus à faire partie des priorités politiques du moment.

Les défenseurs de la famille seront trahis et plumés s’ils ne marchent pas. Aucun homme fort de l’UMP, du Modem ou de l’UDI, et certainement pas du Front national, ne lèvera le petit doigt pour la famille si ces manifestations deviennent des échecs. Et les personnalités de second rang comme Hervé Mariton, Laurent Wauquiez, Henri Guaino, Xavier Lemoine, Christine Boutin, Marion Maréchal Le Pen ou Jacques Bompard qui se sont levés pour la famille et n’ont pas encore rendus les armes, seront devenus inaudibles dans leurs propres courants politiques. Que ces leaders de chapelles partisanes perdent leur puissance, et les courants qui progressent dans leur ombre, comme Sens commun, s’effondreront pour n’être plus que des clubs ultra-minoritaires.

L’enjeu est donc de taille. Le pouvoir politique, hélas, en démocratie, a besoin de la force de la rue pour s’affirmer. N’enlevons pas l’échelle à ceux qui défendent la famille au Palais Bourbon, au Palais du Luxembourg et dans les cabinets politiques conservateurs.

Certes, ce n’est à chaque fois que du retardement. La victoire ne sera pas partisane mais civilisationnelle. La société française s’est déjà désintéressée de la question du mariage pour tous, tout comme elle se désintéressera de l’euthanasie après que celle-ci soit passée, et comme elle semble s’être désintéressé de la PMA ou de la recherche sur l’embryon. L’absence de mobilisation sur la GPA est assez éclairante sur la mollesse à venir. Les Français ne sont occupés que de leur portefeuille. En période de crise on les comprend ! Mais avec un peu de clairvoyance ils verraient que sans défense de la dignité humaine et de la famille il ne peut pas y avoir de défense du travailleur et de vraie justice sociale. Hélas ! Les Français dans leur grande majorité sont loin de ces considérations et ils s’en éloignent chaque jour un peu plus au fur et à mesure que le christianisme et son cortège de valeurs s’effacent des esprits et des cœurs. La reconquête du juste et du vrai ne viendra que de la nouvelle évangélisation de la société occidentale. Mais en attendant il faut bien retarder l’ennemi.

En effet, pendant que progresse doucement cette nouvelle évangélisation, pendant que la nouvelle génération de chrétiens et de clercs se lève, le monde n’attend pas, et la marche du nihilisme continue. Plus il progressera plus il sera difficile de faire entendre la voix du Christ, dont la parole semblera incongrue, incompréhensible. C’est donc un devoir pour un chrétien ou pour tout homme convaincu du caractère essentiellement positif des valeurs du christianisme pour le monde, de manifester et de participer à sa mesure au combat politique.

C’est pourquoi nous devons nous déplacer le 5 octobre. Certes, ce n’est pas possible pour tout le monde. Certains ont des réunions de famille, des mariages, des baptêmes, des voyages prévus de longue date et qui ne peuvent être déplacés. Mais vous qui n’avez rien d’important ce jour-là, vous pourrez marcher. Et vous qui n’avez pas le temps, ou plus la force de marcher à cause de la maladie ou de l’âge, vous pouvez inciter vos amis et vos parents à se déplacer, vous pouvez soutenir financièrement ceux qui aimeraient monter à Paris et n’en ont pas les moyens en ces temps de crise. Il n’y a pas d’action inutile.

Rien ne sert de crier "on ne lâchera jamais rien", si quelques mois plus tard nous restons chez nous, vaincus par un lâche "à quoi bon ?" Il y a là comme un air de déjà vu. Les chouans rentraient chez eux le soir après la bataille, et ils furent vaincus atrocement. Les manifestants de 1984 rentrèrent chez eux après avoir obtenu la victoire et l’Enseignement libre est aujourd’hui sous l’étroite dépendance financière de l’Etat. Les partisans de Combat pour les valeurs ou du Mouvement des citoyens groupes du défunt RPR ont baissé les bras devant l’ampleur de l’effort et ce qu’ils combattaient, l’Europe libertaire, la destruction des moeurs chrétiennes, s’est accompli. Vous aussi voulez-vous participer à la défaite générale, ou mener jusqu’au bout cette guerre d’escarmouches et de retardement en attendant le grand retournement ?"

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