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France : Politique en France

La part de responsabilité du FN dans son échec au second tour

Extrait d'une analyse des élections régionales par Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :

Arton512-e6b01"[…] Il serait cependant puéril de croire que la responsabilité de cet état de fait incombe exclusivement au « Système ». Si le FN a certes été rejeté par l’appareil politique et les médias dominants il a également, volontairement, cultivé cette exclusion. Jean-Marie Le Pen par ses provocations, Marine par son rejet abrupt d’une classe politique uniformément désignée comme mondialiste, et au sein de laquelle il serait inutile de faire des distinctions entre, par exemple, Laurent Wauquiez et Claude Bartolone. Ce choix, stratégique ou de conviction, a permis au Front national de s’assurer le monopole des voix de ceux qui souhaitaient réagir et d’assécher autour de lui toute concurrence. Électoralement, il a permis au parti d’engranger un maximum de voix au premier tour, et il explique ses succès. Mais il lui interdit, dans le même temps, les alliances avec des concurrents désignés comme des traîtres. Il empêche, par voie de conséquence tout accès du FN au pouvoir, sauf à faire, tout seul 50 % des voix, ce qui n’a jamais été le cas d’aucun parti sous la Véme République. Dès lors, la part de responsabilité, indirecte, du FN dans ce processus de décadence tient à ce qu’il a préféré et préfère encore l’aggravation de la décadence, parce qu’elle lui permet seule d’espérer la grande alternance, à un partage du pouvoir qui aurait pu lui permettre de limiter les dégâts. C’est un choix qui peut se défendre, mais qui interdit de jouer les victimes quand on en subit soi-même les conséquences.

Le résultat concret de tout cela, est que la protestation prophétique de Le Pen a été stérilisée par ses choix électoraux. Il a montré les solutions mais les a rendues infréquentables. Marine a accentué ce phénomène puisqu’elle a associé ces solutions, non seulement à des préoccupations purement matérialistes mais à un programme économique d’inspiration socialo-chevènementiste.

La souveraineté pour quoi faire ?

La souveraineté n’est pas un but en soi. Elle est la condition préalable pour échapper au carcan européiste, permettre à la France de renouer avec son destin et mener l’indispensable réforme intellectuelle et morale dont notre pays a besoin. Il est conforme à la dure loi de la vie que les peuples jeunes et prolifiques rejettent dans les poubelles de l’histoire les peuples vieillissants, surtout s’ils doutent d’eux-mêmes. La terre appartient aux vivants ! Il n’est un secret pour personne que le Front national est partagé entre deux lignes politiques qui correspondent en fait à deux analyses différentes de la crise que vit notre pays.

La ligne Marine Le Pen- Florian Philippot privilégie les questions économiques dans une approche étatiste et jacobine : retour de la retraite à 60 ans, augmentation des bas salaires de 200 Euros, renforcement du rôle du ministère de l’Éducation nationale, etc. Marion Maréchal privilégie au contraire les questions identitaires et de société en participant à La Manif Pour Tous, prévoyant de supprimer les subventions du Planning familial, acceptant de prendre sur sa liste Philippe Vardon, responsable des Identitaires à Nice. Les urnes ont tranché le week-end dernier. Dans une configuration identique, face à un candidat de droite, le candidat socialiste s’étant retiré, le score de Marion Maréchal est très sensiblement supérieur à celui de sa tante. Être ferme sur les questions de société ne nuit donc pas au report des voix, en particulier de droite, bien au contraire. Wallerand de Saint-Just, candidat du Front national en région parisienne qui avait été d’une lâcheté insigne lors de sa campagne à propos des subventions au Planning familial, s’en est aperçu à ses dépens, laissant prospérer, au premier tour, sur sa droite, la liste de Nicolas Dupont Aignan et perdant un grand nombre de voix au second. […]

De nombreux commentateurs se sont émus de la piètre image de notre démocratie transmise par le résultat de ces élections. C’est, me semble-t-il, n’avoir rien compris à ce qu’est la démocratie moderne. En effet la démocratie moderne, fille en France de la Révolution française et de la Terreur n’est pas le « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Elle est le culte de l’individu-roi, déraciné, massifié, libéré de tout déterminisme, réduit aujourd’hui à sa seule dimension de producteur et de consommateur. Tout vote en ce sens est un vote démocratique, tout vote à rebours de ce prétendu sens de l’histoire est un vote populiste. Ce qui est encore reproché par le Système au Front national, celui-ci s’étant rallié aux valeurs dominantes sur les questions de société, c’est qu’il refuse, par son attachement à la nation cet ultime déracinement. Il est d’autant plus triste que les intellectuels (Gollnisch, Chauprade, Couteaux, etc.) qui auraient pu, en son sein, prendre de la hauteur sur ces questions de fond n’aient désormais plus voix au chapitre dans ses instances dirigeantes."

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