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Histoire du christianisme

La nuit du 4 août 1789 a été liberticide

Bertrand Dutheil de La Rochère, membre fondateur du Rassemblement Bleu Marine, conseiller régional FN d’Ile-de-France, a célébré, dans un tweet la nuit du 4 août:

Antoine Ciney, dans Minute, lui rafraichit la mémoire :

Stories.virtuemart.product.2834_page_01nsp_116"[…] Rappelons tout d’abord que la nuit du 4 août 1789 fait référence à la séance de l’Assemblée nationale constituante, siégeant à Versailles, au cours de laquelle fut votée l’abolition de tous les privilèges féodaux ainsi que de tous les privilèges des classes, des provinces, des villes et des corporations, à l’initiative du « Club breton », futur « Club des Jacobins », du duc d’Aiguillon et du vicomte de Noailles. La fin du régime de droit privé que constituait la féodalité (du moins ce qu’il en restait après l’action énergique des Valois et des Bourbons menée contre elle) était nécessaire et souhaitable, ne serait-ce que pour sauver les institutions publiques de l’ancienne France que constituait la monarchie traditionnelle et héréditaire.

En revanche, la disparition des droits et privilèges des provinces, des villes et des corporations constitua une atteinte sans nom aux libertés locales et aux corps intermédiaires. « L’homme du XVIIIe siècle a vécu dans un pays tout hérissé de libertés », a écrit Georges Bernanos dans La France contre les robots, à la suite de bien des historiens. La disparition de ces instances démocratiques laissa l’individu, rebaptisé citoyen, dénudé face aux prédateurs de tout poil, notamment financiers. […]

C’est en explorant méthodiquement les archives de sa petite ville natale de Martigues, sur les rives de l’étang de Berre – elle comptait six fois moins d’habitants qu’aujourd’hui –, que Maurras est devenu successivement félibre, fédéraliste puis monarchiste. Chez l’écrivain, le roi est protecteur des libertés locales qui constituent le bien commun des citoyens enracinés dans leur commune et leur province. Comme il le faisait remarquer, « c’est donc au moment où nous avons fait de toute la France la République une et indivisible que les libertés vraiment républicaines ont été perdues : elles ont été faites prisonnières et verrouillées dans les préfectures ». Il faudra attendre 1983 et la décentralisation effectuée par François Mitterrand et Gaston Defferre pour que l’étau préfectoral se desserre un peu des collectivités territoriales (régions, départements, communes).

La défense des libertés communales est partagée par la tradition contre-révolutionnaire maurrassienne et par l’héritage du véritable libéralisme politique. « Jusqu’à la Révolution, la paroisse rurale de France conserve dans son gouvernement quelque chose de cet aspect démocratique qu’on lui avait vu dans le Moyen Age », nous dit ainsi par exemple Alexis de Tocqueville dans L’Ancien Régime et la Révolution. Tocqueville affirme dans la même veine et quelques pages auparavant : « En France, la liberté municipale a survécu à la féodalité. Lorsque les seigneurs n’administraient plus les campagnes, les villes conservaient encore le droit de se gouverner. » […]

La nuit du 4 août 1789 a été le premier pas vers ce qui constituera un siècle plus tard le radical-socialisme : l’alliance du libéralisme économique et du jacobinisme. C’est la nuit du 4 août qui prépare le décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791 supprimant les corporations et la funeste loi Le Chapelier du 14 juin 1791 qui proscrit les organisations ouvrières, à commencer par les corporations et le compagnonnage. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle et les lois sociales largement inspirées par les parlementaires monarchistes légitimistes partisans du catholicisme social pour que ceux-ci puissent de nouveau s’organiser. […]"

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