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France : Laïcité à la française

La morale laïque selon Vincent Peillon

Extrait d'un débat hier à l'Assemblée :

"M. Thierry Braillard.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, nous avons travaillé
aujourd’hui pour l’école. Le rapport annexé au projet de loi
d’orientation
et de programmation pour la refondation de l’école de la République
contient un article rappelant clairement que l’enseignement de la morale
laïque, tout comme l’instruction et l’éducation civique, visent à faire
comprendre aux élèves l’exigence du respect
de la personne, de ses origines et de ses différences mais aussi
l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les fondements et le
sens de la laïcité, qui défend la neutralité des institutions publiques à
l’égard de toute influence religieuse.

Cette exigence est d’autant plus contemporaine que l’on observe
parfois, au sein de la jeunesse de notre pays, un individualisme
relativiste ne reconnaissant que bien peu de règles morales communes.
Croire en la vertu de l’éducation est aussi l’un des fondements
de l’idée républicaine. Vous comprendrez donc, monsieur le ministre,
que le représentant du parti de Jules Ferry salue avec enthousiasme
l’instauration de la morale laïque !
Comment la définissez-vous, monsieur le ministre, et en quoi a-t-elle une acuité particulière en 2013 ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Vincent Peillon, ministre. Vous appartenez, monsieur
Braillard, au parti non seulement de Jules Ferry mais aussi de
Ferdinand Buisson
et de quelques autres qui ont fait l’école de la
République en un temps où le conseil supérieur de l’instruction
publique pensait qu’il n’était pas totalement absurde d’enseigner aux
plus jeunes des valeurs constitutionnelles dès lors qu’elles sont
partagées. Nous instruisons, mais nous éduquons aussi. J’entends
aujourd’hui des gens demander ce qu’est la morale laïque.
C’est dire que les jeunes ne sont pas les seuls à donner dans
l’individualisme et le relativisme et qu’il faut rappeler aux plus âgés
quelques principes élémentaires !

Une morale laïque, c’est une morale qui n’est pas confessionnelle.
Pour autant, elle n’est pas antireligieuse. Elle ne repose pas sur un
fondement transcendant mais essaie d’enseigner des valeurs de respect,
de dignité, de tolérance et la notion même de
devoir, qui est morale et non juridique, sans avoir recours à une
quelconque transcendance mais sans blesser les consciences qui ont
d’autres opinions religieuses.

Un tel enseignement peut être utile actuellement, car si nous
renonçons à défendre la morale laïque, il semblerait que seuls ceux qui
ont recours à la transcendance – donc à dogmatismes et des catéchismes
édictés par des églises – transmettent ces valeurs.

La morale laïque n’est pas non plus le droit. La République s’est
construite sur l’idée qu’une politique, c’est-à-dire un rapport de
pouvoir, ne suffisait pas – c’est la raison pour laquelle nous sommes le
pays de la Déclaration universelle des droits de
l’homme, seul credo du républicain
– et qu’il fallait y ajouter
de la morale. On obéit au droit parce qu’il prévoit une sanction ; en
revanche, dans la morale, l’obligation est intérieure. Au plan
juridique, on peut mentir : si ce n’est pas su, on n’est
pas sanctionné ; au plan moral, on ne le peut pas.

Nous allons donc rappeler au pays que sa tradition est d’unir morale
et politique, que la morale laïque est un élément essentiel du pacte
républicain et que si l’on s’abstient de la défendre, on affaiblit le
pays et on rend impossible la construction d’une
communauté nationale. Cela étant, je veux rassurer les inquiets, cette morale ne sera pas
celle du ministre : nous la construirons tous ensemble. Nous avons de
grands prédécesseurs et il nous faut faire vivre la tradition, car elle
engage l’avenir."

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12 commentaires

  1. un excellent livre à lire et faire lire : “la révolution n’est pas terminée” de V Peillon. Tout y est clairement écrit (même si c’est parfois très jargonneux).
    Le pb, c’est qu’il part du principe que nous sommes tous républicains et que la république est le seul système politique possible (d’ailleurs en fait il considère que c’est une idée en construction permanente). Mais non, moi je ne signe aucun pacte républicain, aucun contrat social. Et je fais tout mon possible pour que mes enfants fassent de même.
    Et comme dit la chanson “Et vive le Roi, à bas la république, Et vive le Roi, la gueuze on la pendra”.

  2. L’Etat n’est pas à sa place quand il veut faire de la morale. A chacun sont métier, et les vaches seront bien gardées !

  3. “On rend impossible la construction d’une communauté nationale”. Cela montre bien que la France n’est pas une unité réelle, mais un assemblage de différents peuples, de différentes coutumes. La Bretagne en sait quelque chose, car Paris fait tout pour effacer sa différence, à commencer par sa langue et son unité géographique (le Sénat vient de refuser la possibilité d’un référendum à propos de la Loire-Atlantique et de son retour à la Bretagne officielle; l’UDB doit en faire, une tête !).

  4. Chacun doit rester à sa place . C’est aux parents d’éduquer leurs enfants et non pas au ministre !!!!! Ou est la liberté dans ce pays ?
    Vincent Peillon affirme des choses qu’il ne connait pas : le dogme et le catéchisme ne blessent pas la conscience de nos enfants mais les rend libres !

  5. @PGC :” L’Etat n’est pas à sa place quand il veut faire de la morale. A chacun sont métier, et les vaches seront bien gardées !”
    Vous avez parfaitement raison, surtout quand on voit l’état “moral” de nos gouvernants d’aujourd’hui !

  6. Comment ose-t-il parler de morale et d’éducation alors qu’il fait la promotion de “ligne Azur”, une incitation de mineurs à la débauche? Il est indispensable de signer la pétition des AFC à ce sujet. Se taire, ce serait de la non assistance à personnes en danger.

  7. “Une morale laïque, c’est une morale qui n’est pas confessionnelle”. C’est une religion athée très dogmatique et imposée.

  8. Moi aussi, comme Michel, je suis d’accord avec PGC. Sans référence transcendante il me paraît assez difficile d’enseigner la morale car quel critère sera utilisé pour distinguer le bien du mal? Les “droits de l’homme”? Mais qui donne des droits à l’homme? etc….Vive le catéchisme!

  9. À Clovis et Pgc : selon le rapporteurs projet de loi de mariage pour tous, ce qui décide du bien et du mal, c’est le rapport de force à l’instant donne, c’est ainsi que se détermine la loi…. Cela laisse rêveur !
    Sans Dieu, point de morale, uniquement la loi du plus fort.

  10. Avant d’être républicain, Peillon est communiste, c’est même sa profession de foi. Les nostalgiques du goulag se croient toujours obligés de jouer les moralistes !

  11. C’est quand même moins pire que d’habitude : il faut lui en porter crédit.
    Si l’on veut l’entendre avec bienveillance, on pourrait dire qu’il parle ici de la morale naturelle.
    Je n’ai rien vu qui soit rejetable (dans les propos ci dessus uniquement) par l’Eglise.
    Or il serait de première importance que soit enseignée partout la morale naturelle, à condition évidemment qu’elle n’enseigne rien de faux. Même en se limitant à une déontologie, comme semble l’envisager Peillon.
    Il ne s’agit pas de formater nos enfants mais de donner aux 90 % de jeunes français qui n’ont aucun enseignement d’aucune morale au moins une base naturelle.
    Reste que le projet est très dangereux concrètement car les postes seront récupérés par les marxistes et socialistes de tout poil, et qu’ils risquent d’en faire ce qu’ils veulent

  12. @Trophyme,la lois naturelle a un fondement qu’il semble nier,à savoir Dieu. Sans ce fondement on tombe rapidement dans le relativisme.En outre sans Dieu,l’ homme n’ a pas d’ âme et n’a donc pas plus de dignité qu’ un animal…pourquoi alors le respecter?Comment le justifier?

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