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France : Politique en France

La guerre des droites

Guillaume Bernard décrypte le premier débat de la primaire pour Famille chrétienne :

Capture d’écran 2016-10-15 à 15.47.34Durant le débat avez-vous eu le sentiment d'une guerre des droites comme le suggère votre prochain essai à paraître ?

Sans doute, encore que sa manifestation a été édulcorée. Il y avait d'un côté un débat haché qui n'a pas permis aux protagonistes d'exposer une vision globale de la politique et, de l'autre, une omniprésence de la droite « moderne » qui a quelque peu étouffé la voix de la droite « classique » (qui existe au-delà de la droite modérée) représentée par un seul débatteur (Jean-Frédéric Poisson, ndlr) Car, doctrinalement, il existe deux droites : la droite classique qui s'appuie sur l'idée de la sociabilité naturelle (les corps sociaux existent en tant que tels dans un ordre cosmologique des choses qui leur donne leurs règles de fonctionnement) et la droite moderne qui croit à la sociabilité artificielle (chaque corps social est le fruit d'une convention entre les hommes qui lui donne non seulement son existence mais également ses principes). Cette contradiction s'applique aussi bien à la nation qu'à la famille ; elle lie tous les sujets entre eux. Il est certain que s'il devait y avoir un second tour de la primaire où les enjeux doctrinaux soient vraiment représentés par deux candidats opposés, Jean-Frédéric Poisson devrait être l'un d'eux. S'il s'est révélé au grand public dans cette émission, il n'a pas encore réussi à marquer explicitement et avec force tous les clivages.

Au-delà des nuances sur les mesures économiques qu'est-ce qui distingue les candidats ?

Le débat a commencé d'une manière d'autant plus tendue que chacun des protagonistes se rendait bien compte que les divergences de leurs programmes étaient ténues. Il n'y avait pas de différences de nature mais uniquement de degré. Tous ont fait des propositions qui, peu ou prou, relevaient du libéralisme. Mais, ce qui est extrêmement troublant, c'est que les causes du chômage ou de l'absence de croissance ont été réduites à un problème, par ailleurs réel, du poids excessif des prélèvements obligatoires. Le débat en est resté à la confrontation de catalogues de mesures (ce qui l'a rendu sinon inaudible, du moins fastidieux) sans analyse politique globale de la situation : rien sur l'ouverture des frontières (et les travailleurs détachés), rien sur la financiarisation du capitalisme (et les délocalisations). Le seul qui a tenté d'évoquer les conditions de la réussite de la politique économique (les questions du rôle de l'État et du protectionnisme), c'est Jean-Frédéric Poisson. De philosophie politique, il n'y en a donc eu guère dans ce débat. Il est cependant possible de distinguer deux visions antagonistes des corps sociaux qui se sont exprimées de manière sous-jacente : le bien commun résulte-t-il de la réalisation du bien du tout (qu'il s'agisse de la nation, de la famille ou de l'entreprise) autant que de celui des parties ou de la confrontation des intérêts particuliers ?

Les candidats sont-ils d'accord sur la laïcité et la liberté religieuse ?

Les candidats à la primaire ont tous, à l'exception de Jean-Frédéric Poisson, encore lui, surenchéri pour défendre une laïcité ne s'appliquant pas uniquement à la puissance publique mais également à l'espace public. Il s'agit, là, d'une laïcité exacerbée, une manifestation du laïcisme. Voilà le vide érigé en politique de lutte contre l'islam(isme), comme s'il était capable de résister à un impérialisme ne distinguant nullement le spirituel du temporel, le cultuel du culturel. C'est la même quasi-unanimité qui s'est révélée à l'occasion du débat sur l'identité et l'immigration : avec des expressions différentes, les politiques de la droite modérée se sont fait les parangons du multiculturalisme (l'identité heureuse, les valeurs universelles), rejetant l'idée d'une identité propre de la France, enracinée dans son histoire et ses traditions. Dans ces conditions, il est étonnant que Jean-Frédéric Poisson, qui a évoqué les racines spirituelles de la France, n'ait pas voulu se faire le défenseur de l'assimilation culturelle (la conversion des étrangers à l'identité française), préférant affirmer ne pas voir de différence avec l'intégration (où l'identité du corps social est faite de la somme des identités particulières présentes sur son territoire)"

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