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Bioéthique

La franc-maçonnerie, « boussole » et « lumière » sur le transhumanisme ?

Lu sur Boomerang 2017 :

Unknown-20"François Hollande s’est rendu hier au siège parisien du Grand Orient de France, rue Cadet. C’est la première visite, dans l'histoire de la franc-maçonnerie, d'un président de la République en exercice. Il a rendu hommage aux francs-maçons, il a rappelé tout ce que la République devait au travail et à l’influence de ces derniers, singulièrement au sujet des lois sociétales.

Il a notamment déclaré : « Penser les mutations inouïes que les technologies du vivant nous laissent deviner, et c’est ce qu’on appelle le transhumanisme ou l’homme augmenté, c’est une question redoutable. Jusqu’où permettre le progrès ? Car le progrès ne doit pas être suspecté, nous devons le favoriser. Comment faire que nous puissions maîtriser ces graves questions éthiques ? Ce qui est en jeu c’est l’idée même d’humanité, de choix, de liberté. Alors face à ces bouleversements que certains espèrent, que d’autres redoutent, le regard de la franc-maçonnerie est une boussole tout à fait précieuse dans cette période et une lumière. »

C’est ainsi que le président non-candidat a posé une question qui n’a pas encore fait l’objet d’un débat dans la campagne présidentielle. En effet, si les enjeux autour de la robotique ont été abordés avec la proposition de Benoit Hamon de taxer les robots pour financer le revenu universel, le tanshumanisme n’a fait l’objet d’aucune déclaration substantielle ou de propositions notoires d’aucun candidat.

Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel qui vise l’amélioration des caractéristiques physiques et mentales de l’être humain grâce aux avancées des sciences et des techniques. In fine, le transhumanisme a pour objectif la mort de la mort , comme le titrait le retentissant ouvrage du docteur Laurent Alexandre. D’ici là, nos capacités humaines pourront être peu à peu augmentées : mieux voir, mieux entendre, tout savoir, prévenir des maladies, etc. Ce que l’on nous propose est irrésistible.

Le transhumanisme est-il l’avenir ou la fin de l’humanité ? Toute la question est là.

Apparu dans les années quatre-vingt, le transhumanisme a connu un formidable essor depuis l’an 2000 grâce à la convergence des nanotechnologies, de la biomédecine, de l’informatique et des neurosciences, les NBIC. Des exemples ? L’ordinateur Watson d’IBM capable d’établir un diagnostic ; les robots dotés d’intelligence artificielle qui opèrent des malades ou qui battent désormais les champions du monde des jeux de stratégie.

En médecine comme dans tous les domaines, l’accélération est prodigieuse, notamment du fait de la baisse des délais et des budgets : le coût à l’unité de l’analyse du patrimoine génétique est passé d’un milliard à mille dollars en moins de dix ans, ce qui le rend accessible à beaucoup de nos contemporains : ils peuvent désormais savoir quelles maladies les frapperont très probablement au cours de leur vie. Les conséquences sont vertigineuses.

Les acteurs majeurs du transhumanisme sont quatre sociétés dont la plupart d’entre nous utilisent quotidiennement les services : Google, Amazon, Facebook et Apple, autrement appelées les GAFA. Leurs forces sont leurs positions dominantes, leurs puissances financières, leur dynamisme en matière d’innovation et, surtout, leur accès en temps réel, aux connaissances du monde entier.

Si les dirigeants des GAFA ont, dans bien des domaines, des pouvoirs aussi importants, si ce n’est supérieurs, à ceux des Etats, Google occupe une place particulière. Première capitalisation boursière des Etats-Unis, acteur majeur de l’information, il cultive une discrétion légendaire sur lui-même. L’entreprise est en situation de quasi-monopole avec son moteur de recherche. Elle est le leader mondial de l’intelligence artificielle après avoir racheté en quelques années les sociétés les plus performantes de ce secteur.

Certains, comme le patron de la recherche chez Google, le « technoprophète » Raymond Kurzweil, annoncent la fusion entre l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle à l’horizon de ces trente prochaines années, avec une augmentation exponentielle des capacités de notre cerveau.

Nous sommes ainsi en train de changer de paradigme : nous passons à la technocratie dont l’enjeu majeur est la dignité de l’homme. Les NBIC posent la question de notre rapport à la technique : jusqu’où acceptons-nous de confier notre destin à celle-ci ? Notre raison n’est-elle pas instrumentalisée ? Ne risque-t-on pas de perdre si ce n’est notre humanité, tout au moins une part importante de celle- ci ? Qu’en est-il de nos libertés ? Faut-il poser des limites ? Si oui, lesquelles ? Comment les déterminer ?

Ces questions essentielles méritent donc d’être abordées pendant la campagne électorale afin que les électeurs connaissent la position des candidats sur ce mouvement qui bouleverse déjà la vie des sociétés.

C’est ce que demandent les biohumanistes parmi lesquels La Manif Pour Tous se reconnaît. L’homme augmenté est une échelle qui permet à l’humanité de monter en haut du « toboggan de la transgression ». Nous pensons donc que le sort de l’humanité devant les progrès techniques et de l’intelligence artificielle, mérite d’être pensé, débattu avec discernement, à l’occasion de débats publics. Il convient de ne pas laisser trancher ces questions aux seuls transhumanistes qui nous désignent comme bioconservateurs, nous renvoyant ainsi dans le camp, au mieux de l’immobilité, au pire de la réaction, espérant dans tous les cas nous disqualifier.

La campagne présidentielle est donc une occasion importante à ne pas manquer pour les biohumanistes de savoir ce que pense le prochain président de la République à ce sujet."

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