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Valeurs chrétiennes : Education

La Fondation Espérance Banlieues : des écoles libres au coeur des cités

Éric Mestrallet est le fondateur et président de la Fondation Espérance banlieues. Il publie Espérance banlieues avec Harry Roselmack, parrain du Cours Alexandre Dumas, école pilote de la Fondation. Il répond à L'Homme Nouveau :

H

"[…] La Fondation Espérance banlieues est née de plusieurs années de réflexion. En tant que chef d’entreprise, je suis confronté à la difficulté du recrutement. En France, voilà plusieurs années que nous connaissons un chômage très important, tout spécialement dans certaines zones. Je crois qu’il y a beaucoup de jeunes qui, faute d’une formation adaptée, notamment au savoir-être, errent sans objectif dans notre système éducatif. C’est un vrai gâchis de talents. J’ai vu une opportunité à Montfermeil de monter une école différente qui permettrait d’accueillir les enfants nécessitant une instruction différente. J’ai rencontré Albéric de Serrant, qui m’a semblé être l’homme idéal pour porter cette école et recruter les professeurs autour du projet éducatif que nous avions défini ensemble. Le Cours Alexandre-Dumas, école pilote de la Fondation Espérance banlieues, a ouvert ses portes en 2012.

Pourquoi vous êtes-vous investi dans un tel projet ?

BComme je vous le disais, je n’aime pas voir tant de jeunes sans réel projet professionnel. Et des zones où la désespérance prospère. En tant que père de famille et chef d’entreprise, je crois qu’il est de mon devoir, à mon niveau, d’agir pour la jeunesse, de donner une espérance à tous les enfants pour qu’ils puissent se projeter dans une vie d’adulte.

Quelles sont pour vous les causes essentielles de l'échec de l'Éducation nationale ?

L’Éducation nationale est un ministère gigantesque qui ne peut se réformer que dans le temps. Je crois qu’il y a une vraie volonté de changement. Nous avons beaucoup à gagner à observer les systèmes étrangers. En France, nous avons tendance à centraliser beaucoup de compétences. Je crois que c’est une erreur. Il faudrait donner plus de liberté aux établissements il me semble. Cela permettrait par exemple d’avoir plus de variété dans nos écoles. Tous les enfants n’ayant pas le même cerveau, ils ne réagissent pas de la même manière aux mêmes méthodes. La variété pédagogique est la clé de la réussite. Les anglais l’ont d’ailleurs très bien compris. Les free schools sont absolument fascinantes, je crois que nous devrions nous en inspirer. L’une des premières mesures qui nous a semblée nécessaire est d’avoir des petits effectifs. Une école type de la Fondation ne devrait pas rassembler plus de 150 élèves, ce qui permet de préserver la proximité et l’attention nécessaires pour répondre aux besoins de chaque enfant. C’est à cette condition seulement que l’on peut prétendre au développement de l’enfant dans son intégralité, sans laisser certaines de ses dimensions à la porte de l’école. […]

Quels sont les grands principes qui fondent la pédagogie mise en œuvre par la Fondation Espérance banlieues ?

La liberté. Le chef d’établissement recrute librement son équipe, il choisit les méthodes qu’il juge les plus adaptées à ses élèves, et en change si nécessaire. Mais les méthodes choisies sont toujours des méthodes très réputées. Il ne s’agit pas de tester de nouvelles pédagogies, mais bien de choisir celles qui conviennent le mieux aux enfants. Nous devons porter une attention à toutes les dimensions de l’enfant pour l’aider à réaliser sa vocation. Cela passe d’abord par l’apprentissage des savoirs fondamentaux mais aussi par celui des codes du monde adulte afin que l’enfant y entre de plain-pied et non à reculons. […]

Dans votre livre, vous mettez beaucoup en avant la liberté pédagogique et l'autonomie des établissements scolaires, quasi inexistantes actuellement, pourquoi ?

C’est lié à notre culture, très étatique. Nous attendons beaucoup de l’Etat. Mais l’Etat doit permettre aux écoles de s’adapter en fonction de leurs terrains. Regardez la réforme des rythmes scolaires : l’idée de départ est bonne, mais pourquoi avoir voulu égaliser cette réforme à toute la France ? Des écoles à Paris n’ont ni les mêmes moyens ni les mêmes besoins que des écoles de campagne !

On pense souvent que les écoles hors contrat sont un luxe réservé aux classes aisées. Comment avez-vous pu, sur le plan financier, le rendre accessible à des populations défavorisées ?

Cela est possible grâce à la grande générosité de nos bienfaiteurs, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises locales intéressées par le travail que nous faisons. Ainsi, 80 % du budget de l’école est constitué par des dons d’institutionnels ou de particuliers. Les 20 % restant, à hauteur de 750 € par an et par enfant, sont à la charge des parents. Nous tenons à cet investissement financier de leur part, qui est une manière de les investir dans l’éducation de leur enfant. Des familles parfois très défavorisées achètent des jeux vidéos à leurs enfants, ils peuvent donc payer l’école ! Bien entendu, en cas de grosses difficultés financières, nous trouvons des arrangements. […]"

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