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Environnement

La destination eschatologique de la création

Critiqué par ceux qui ont tendance à réduire le respect de l'environnement à l'hypothèse du réchauffement climatique dû à l'homme, pour avoir osé préfacer l'ouvrage de Stanislas de Larminat (qui avait en 2012 déjà envoyé un pavé dans la mare écolo-bobo, et que certains voudraient faire taire), Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles se défend en rappelant l'importance de la dimension eschatologique de la création, dimension souvent passée sous silence par les nostalgiques du jardin d'Eden, ayant oublié que la nature a aussi fait les frais du péché originel :

"Je me sens peu concerné par cette polémique. J’ai fait la connaissance de Stanislas de Larminat lors d’une brillante causerie qu’il a faite pour une sous-commission de la CCEE qui s’occupe des questions concernant la sauvegarde de la création. Une causerie qui remettait en question certaines positions dominantes en la matière, mais qui, surtout, abordait la problématique en resituant l’état présent de la création par rapport à sa condition originelle et, de manière magistrale, par rapport à sa destination eschatologique. Ce qui correspond tout à fait à ma propre approche et n’est pratiquement jamais pris en considération par les chrétiens qui réfléchissent à l’écologie.

C’est pourquoi, ayant rapidement parcouru les principaux chapitres de son livre, j’ai écrit une préface qui était, en fait, la simple reprise résumée de ma propre intervention lors de ce colloque. Certes, il y a, dans ce livre, comme dans l’exposé à la CCEE, des pointes polémiques et sans doute des prises de positions mal fondées, voire non fondées. Mais depuis quand la rédaction d’une préface signifierait-elle que son auteur ratifie toutes les thèses du livre préfacé ? On aura d’ailleurs remarqué que je ne cite le nom de Stanislas de Larminat qu’à propos du regard eschatologique qu’il propose sur la Jérusalem céleste, précisément parce que je la tiens pour prophétique et généralement absente de la théologie de la création.

Pour le reste, je suis demeuré dans les généralités, me limitant de mettre en garde contre une écologie qui perdrait de vue l’état déchu de l’Univers présent et me gardant bien d’aborder les sujets qui fâchent dans lesquels je suis incompétent. Pour moi, préfacer un livre qui suscite le débat n'est pas du tout un problème, car ce débat doit avoir lieu. Mais, parmi les thèses soutenues par Mr de Larminat, je n'ai pris personnellement position que sur l'importance d'une approche de l'écologie qui intègre la dimension eschatologique. C'est, de mon point de vue, la thèse la plus importante et la plus novatrice de l'ouvrage."

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8 commentaires

  1. Le livre de Stan de Larminat dérange, preuve qu’il est sur la bonne voie.

  2. J’étais à la conférence à l’espace Bernanos il y a qq semaines et en effet, un certain nombre d’écolo-bobo-catho étaient venus, pour faire la peau de Stanislas de Larminat. J’ai été très déçue par leur attitude: monopolisant le temps de questions pour poser la leur, assortie d’un exposé, et souvent à côté de ce qui était dit (autrement dit, ils avaient préparé leur question et ne faisait pas l’effort de s’adapter à la situation).
    Pour ma part, j’ai trouvé que ce rappel que Dieu a créée la terre pour l’Homme et que l’Homme en responsable de la cultiver, mais qu’il ne faut pas tomber pour autant dans l’excès du culte de la déesse terre, est très précieux dans la réflexion par rapport à l’écologie. Je n’ai pas lu le livre, mais en tous cas, à aucun moment je n’ai compris des propos de Stanislas de Larminat, qu’il rejetait l’écologie parce qu’inutile.
    Il est bien dommage que certains se laissent emporter dans un clivage binaire noir-blanc, alors que, comme toujours, la réalité est beaucoup plus subtile.

  3. Il semblerait plutôt, à la lecture de cet article, que Mgr Léonard regrette d’avoir préfacé ce livre ! C’est loin d’en être une apologie…
    [Au contraire, au vu du vocabulaire, c’est clair qu’il ne regrette pas. MJ]

  4. Il ne faut pas oublier que la cruelle “chaîne alimentaire” cessera. Les animaux ne sont pas des “choses” dépourvues de sensibilité.

  5. @Claire,
    Face à ce Monsieur élevé au “grain du productivisme à tout va”, c’est sa génération et sa génération s’achève demain, il n’y avait comme vous dites pas d'”écolo bobo” mais bien des chrétiens, catholiques romains, chercheur de Dieu, dans les sacrements, dans sa Parole, dans sa Création. Je vous conseille de relire les textes de Saint JPII, Benoît XVI et François sur la question de l’écologie, de la Création et de la justice, c’est très clair pour qui veut bien entendre. Comme c’est le devoir de tout chrétien, je vous invite à chercher, et comme vous dîtes à dépasser les schémas bien confortables qui nous sont imposés et nous acceptons, pauvres pêcheurs. L’exigence chrétienne dépasse “ce démon qui nous offre la domination de la terre, la puissance et le pouvoir”. L’écologie, loin d’être une idéologie, est bien une approche systémique de la Création, oeuvre de Dieu confiée à l’Homme. Le “culte de la déesse terre” est une invention grotesque de ce Mr de Larminat, concept fumeux qui n’existe absolument pas dans les mileux écologistes militants, sur le terrain, ceux qui font avancer les choses. Mêche chez les gauchistes “de base”.
    Pour être constructif, en effet, c’est bien dans l’approche prophétique (osons!) de l’écologie plénière, écologie intégrale, que vous trouverez du sens. La bioétique, la morale chrétienne, l’écologie humaine, l’écologie environnementale offrent une Espérance telle que l’Evangile nous l’enseigne. Il ne s’agit pas de dire que la Création doit être sauvée pour nous sauver sans elle, “la tête dans le ciel et les pieds dans le vide…” C’est bien incarnés que nous sommes Vivants, créé chaque jour par Dieu, “les pieds sur terre” parceque “celà était bon”. Nous seront alors devant le créateur: “Qu’as tu fait de tes talents?” Nous les enfouissons dans la facilité, sans aucun doute dans le système que nous connaissons aujourd’hui, système sans Dieu, système sans l’Homme sa créature, système hors sol, sa Création. Et l’Homme démissionne?
    Aussi, il me semble que le clivage existe bien et que cet homme, ce Mr de Larminat, pêcheur comme nous, n’y est pas étranger! UDP
    Didier de B.
    [Le culte de la déesse terre existe bien dans les milieux écolos-bobos et parfois même cathos. Ce culte a été dénoncé il y a déjà longtemps notamment par Mgr Michel Schooyans dans La Face cachée de l’ONU, publié en 2000. C’est donc bien loin d’être une nouveauté et encore moins une invention.
    Pour avoir les pieds sur terre, peut-être faut-il avoir aussi les idées claires.
    MJ]

  6. “mettre en garde contre une écologie qui perdrait de vue l’état déchu de l’Univers présent et me gardant bien d’aborder les sujets qui fâchent dans lesquels je suis incompétent. Pour moi, préfacer un livre qui suscite le débat n’est pas du tout un problème, car ce débat doit avoir lieu.”
    Il est bon de définir les mots: L’écologie est une science qui étudie les interactions du vivant, l’organisation systemique, biologiques et abiotiques, climatique aussi. L’écologie donne aussi des outils de compréhensions, scientifiques, de l’évolution du vivant sur la planète Terre. M^me si les études scientifiques sont toujours sujet à discussion (protocoles, communication des résultats..), il n’est pas besoin d’être dîplomé pour voir, observer la situation du vivant. La vision de Mr de Larminat sur le cliamt est la sienne en espérant qu’elle soit honnête, il y a tout le reste…tous les autres signaux qui sont dans le rouge: eaux, sols, espèces, déséquilibres, manipulations génétiques, etc. C’est énorme, c’est en effet inquiétant même si nous ne devons pas nous inquiéter en tant que Chrétien, nous devons “soumettre correctement la terre”. Curieusement, la courbe de l’écologie environnementale suit la même pente que celle de ce que l’on appelle aujourd’hui l’écologie humaine.
    N’oublions pas que l’Homme a vocation a être d’abord incarné avant d’être ressuscité, que la vie naturelle ne s’oppose pas à la vie surnaturelle.
    Le débat a lieu, en effet. Il convient alors que chacun reste honnête, humble et juste.
    Deo gratias.

  7. Cher MJ, Mes idées sont claires et vous remercie. Je précise donc “à ma connaissance” et “de mon expérience” vielle de 20 ans seulement. De mon point de vue, c’est anecdotique et on ne peut raisonnablement poser un argumentaire sur ce pseudo-mouvement, accompagné d’une dialectique qui montre bien l’intention de l’auteur SdL pour jeter le discrédit sur une vision qui n’est pas la sienne, et pour cause… le sujet mérite mieux que des invectives dignes d’une joute sur une cour de récréation: “Ces adorateurs de Gaïa”!
    [Oh que si on peut poser un argumentaire car il ne s’agit pas d’un pseudo mouvement mais d’une tendance de fond. L’ignorer c’est prendre le risque d’aller droit dans le mur.
    Si vous n’avez pas d’expérience, écoutez les anciens. C’est mieux que de les mépriser.
    MJ]

  8. Mes ancien enseignent notemment:
    Amañ pell diouzh an trouz; Hag holl safar ar bed; Ar maezioù am c’helenn kenkoulz; Hag ar gouiziekañ doktored
    (Ici, loin du bruit et de tout le tracas du monde, la campagne m’enseigne autant que les plus savants docteurs) et croyez bien que l’expérience de la terre, l’expérience des anciens qui cultivent et qui vivent sur la terre, l’expérience collective d’un peuple chrétien, louant et oeuvrant comme nos moines, au rythme des saisons, valent bien des théories aussi brillantes soient elles. Parce que je ne met pas de hiérarchie entre l’érudition et la contemplation, entre l’expérience de Dieu et la culture de Dieu. Aussi quand nous cherchons des références, il est préférable de les choisir. Les saints de l’Eglise sont, par exemple, de bonne références. Je l’avoue, je ne connais pas ce Mgr Michel Schooyans et je vais de ce pas me documenter sur ses écrits. Merci à vous. Didier de B.

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