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Culture de mort : Avortement

La Covid ne doit pas servir de prétexte pour porter atteinte à la santé, et à la sécurité des femmes par une banalisation accrue de l’avortement

La Covid ne doit pas servir de prétexte pour porter atteinte à la santé, et à la sécurité des femmes par une banalisation accrue de l’avortement

Tribune d’Alliance Vita dans Valeurs Actuelles :

Il semblerait que les consultations et actes d’avortement aient baissé durant les deux mois de la période de confinement. S’agit-il pour autant d’un « recul du droit à l’IVG » comme l’affirme le Planning familial ? Voilà un raccourci dialectique étrange destiné à choquer mais surtout qui risque de cacher une autre réalité.

Sous la pression d’associations militantes, le nouveau ministre de la Santé a parlé d’« une réduction inquiétante du recours à l’IVG », sans apporter d’analyse chiffrée, ni prouver en rien des difficultés d’accès à l’avortement.

En effet, ces « chiffres à la baisse » qu’il faudrait pouvoir objectiver, peuvent tout autant signifier que des femmes préfèrent poursuivre leur grossesse, même inattendue, en cette période de contagion par la Covid-19. Nous l’avons constaté, la pandémie et ses menaces peuvent changer le regard sur la vie.

En réalité, la préoccupation exprimée par les femmes enceintes en temps de confinement n’a pas tant été la continuité des services médicaux (d’autant que l’avortement a été déclaré « soin d’urgence ») que celle des services sociaux. Pour preuve, le long travail que nous avons dû faire, à Alliance VITA, pour référencer les lieux d’aide et de soutien opérationnels aux femmes enceintes, spécialement pour celles victimes de violence, ou encore les lieux d’accueil d’urgence.

C’est dans ce contexte qu’a surgi l’arrêté du 15 avril du ministre des solidarités et de la santé qu’Alliance VITA a contesté devant le conseil d’Etat, car les mesures qu’il contient mettent les femmes en danger de manière déraisonnable. Par cet arrêté en effet, les délais de « l’IVG médicamenteuse » à domicile ont été allongés de 5 à 7 semaines de grossesse pendant l’état d’urgence sanitaire. Pour rappel les IVG médicamenteuses peuvent être pratiquées jusqu’à 5 semaines à domicile et jusqu’à 7 semaines en établissement hospitalier. Au-delà et jusqu’à 12 semaines, on procède à l’avortement chirurgical.

Présentée à tort comme moins traumatisante, la méthode d’« avortement médicamenteux » n’est pas sans risques physiques et psychologiques. Il s’agit de la prise de deux types de comprimés, la myfégine d’abord que la femme prend devant un médecin ou une sage-femme, puis 24 à 48 h plus tard, le misoprostol qui provoque l’expulsion du fœtus. Ce dernier est pris soit en établissement hospitalier, soit possiblement à domicile avant 5 semaines de grossesse.

Avec cette méthode, les descriptions que font certaines femmes de ce qu’elles voient du fœtus expulsé peuvent les marquer durablement. C’est particulièrement rude quand cela a lieu à domicile. Il n’est pas rare d’ailleurs que des femmes hésitent à prendre les seconds cachets.

D’autre part, au-delà de 5 semaines de grossesse, les protocoles médicamenteux sont spécifiques car les risques sanitaires sont accrus, ce qui explique que soit exigée la présence de la femme à l’hôpital. En effet, plus la grossesse est avancée, plus importantes sont les douleurs, les saignements et les risques d’hémorragie. Concernant la douleur, une étude de l’Inserm parue en 2016 a révélé qu’une femme sur quatre ressent des douleurs « très intenses » au 3ème jour de l’IVG et avoir été inquiétée par les saignements provoqués par la prise des médicaments. Autre problème à l’origine de la contestation de l’arrêté, les protocoles médicamenteux ont été modifiés entre 6 et 7 semaines de grossesse par rapport à ce qui est pratiqué en établissement de santé, avec notamment un doublement des doses de misoprostol hors AMM, alors que ce dosage est explicitement contre-indiqué dans la fiche BUM 2018 (Bon usage du médicament).

Des femmes abandonnées à leur solitude

La Covid ne doit pas servir de prétexte pour porter atteinte à la santé, et à la sécurité des femmes par une banalisation accrue de l’avortement. Promouvoir cet acte à domicile en période de confinement, qui plus est au-delà des délais habituels, constitue une forme de violence : on abandonne les femmes à une plus grande solitude. Facteur aggravant, le même arrêté autorise d’une part la téléconsultation d’IVG, le plus souvent par téléphone, d’autre part l’approvisionnement en produits abortifs directement par la femme en pharmacie, et non plus par l’intermédiaire du médecin ou de la sage-femme. Les pharmaciens se retrouvent ainsi, en pleine crise sanitaire, en première ligne, sans préparation, sommés de délivrer des produits, pour certains hors AMM, engageant par là leur responsabilité, notamment vis-à vis des jeunes mineures.

Ces dispositions laissent entendre que le recours à l’avortement est anodin ; elle négligent la gravité d’un acte qui met – faut-il le rappeler ? – des vies en jeu.

L’ordonnance du Conseil d’Etat publiée le 22 mai a rejeté en référé notre demande de suspension de ces mesures, alors même que le confinement a été levé et que l’acte d’IVG, quelle que soit sa méthode, a toujours pu être pratiqué en établissement de santé, pendant cette période.

L’IVG n’est pas une fatalité

Nous ne pouvons pas nous résoudre, comme le fait le planning familial, à dire que « l’urgence prime sur la réduction des risques ». Notre requête en excès de pouvoir contre cet arrêté se poursuit sur le fond. Ces mesures font courir des risques disproportionnés aux femmes enceintes au lieu d’apporter un soutien renforcé à celles qui poursuivent leur grossesse et souhaitent éviter l’avortement.

La véritable urgence en temps de crise sanitaire, c’est que les femmes enceintes puissent être accompagnées et sécurisées, qu’elles puissent avoir accès aux aides et être soutenues si elles sont en difficulté, et surtout qu’elles soient protégées de toute violence. Parmi ces violences, nous déplorons la recrudescence des pressions masculines ou de l’entourage qui tentent de les pousser à avorter.

La véritable menace qui pèse sur les femmes enceintes en 2020, c’est d’être conduites à avorter par contrainte, à contrecœur, comme si c’était une fatalité. 

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