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France : Politique en France

La caractéristique majeure de François Fillon est d’être un pur apparatchik

Le portrait de François Fillon, réalisé par Emmanuel Ratier dans Faits et Documents en 2007, est en ligne. Extrait :

Unknown-29"[…] La caractéristique majeure de François Fillon est d’être un pur apparatchik, un fruit du régime parlementaire depuis plus de trente ans. Il a effectué en effet toute sa carrière, nous disons bien « toute », au sein du RPR puis de l’UMP sans jamais s’être frotté à un seul vrai travail. De 1981 à 2007, il a été six fois ministre, député durant plus de 21 ans, maire pendant 20 ans, président du conseil général de la Sarthe pendant six ans, et président du conseil régional des Pays de la Loire pendant cinq ans. Ce qui lui a donné une expérience pratiquement sans égale dans la vie politique.

Né le 4 mars 1954 au Mans (Sarthe), ce fils de notaire gaulliste et d’une universitaire en histoire (et de gauche) a d’abord milité à gauche (comme tant d’autres…). Ouest France (juin 2003) a été l’unique journal à dévoiler ses premiers engagements de jeunesse : « A 14 ans, en mai 68, il fait le mur avec quelques élèves de sa classe de quatrième et revient au collège encadré par les gendarmes en chantant L’Internationale. Une autre fois, les jésuites de Sainte-Croix au Mans le renvoient trois jours pour cause de manifestation organisée contre l’incompétence d’un prof d’anglais. » […]

Fillon doit véritablement toute sa carrière avec Joël Le Theule avec lequel cet ancien appelé dans l’armée de l’air (deuxième classe au Bourget) entretenait des liens très étroits (Le Theule était un vieil ami de ses parents). Ce « jeune loup » fut donc son chargé de mission lorsque ce dernier devint en 1978 ministre des Transports, puis comme ministre de la Défense durant trois mois en 1980 (où Le Theule soutient Raymond Barre et s’oppose vivement à Jacques Chirac). […] François Fillon lui succède donc sans encombre, comme député RPR de la 4e circonscription de la Sarthe (devenant le plus jeune député de France) à la suite du décès prématuré de Joël Le Theule, décédé à 50 ans d’un infarctus du myocarde le 14 décembre 1980 alors qu’il était ministre des Armées. […]

En 1993, il devient ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, renonçant rapidement à toute réforme des IUT (l’excellent « rapport Laurent » passe aux oubliettes) à la suite de grèves étudiantes orchestrées par l’Unef et l’Uned-ID, justifiant sa reculade par l’« impérieuse nécessité de la concertation », ayant été nettement désavoué par le Premier ministre […].

Membre du club d’influence Le Siècle depuis la fin des années 80 (ainsi que du Club 89), il verra quand même le chef de l’Etat adopter un projet qu’il défendait de longue date, la fin de la conscription et la création d’une pure armée de métier. […]

Il devient dès mai 2002 ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité (numéro trois du gouvernement), récupérant le bureau de travail de cuir bleu de François Mitterrand commandé à Philippe Stark, étant reconduit aux mêmes fonctions en juin 2002, où il espère développer une « synthèse libérale, sociale et humaniste ». Comme l’indique Libération (30 octobre 2002), « Son credo! Le rôle de l’humaniste face au sécuritaire ministre de l’Intérieur. En se faisant le défenseur de l’intégration et l’apôtre du dialogue social, attentif aux salariés comme aux exclus, il s’inscrit dans la pure tradition du gaullisme social. »

Très en phase avec Jacques Chirac, celui qui a toujours dénoncé « les dérives droitières » arrive à court-circuiter le cabinet du Premier ministre, obtenant en général des arbitrages élyséens en sa faveur, disposant à l’Elysée d’un allié de poids en la personne de Philippe Bas, secrétaire général de l’Elysée. Ce qui le conduit à de multiples reculades, face à une Chambre très nettement à droite : la loi sur les 35 h ne sera donc pas purement et simplement abrogée ni même aménagée, de même qu’il en sera des réformes sur l’assurance-chômage ou les retraites, d’autant qu’il a réussi à faire l’unanimité contre lui, provoquant une manifestation d’un million de personnes le 13 mai 2003. Pour Hervé Morin, président du groupe UDF, sa réformette n’alignant pas les durées de cotisation du public sur celle du privé est « un coup d’épée dans l’eau. » […]

Le 17 octobre 2002, il présentera aux sénateurs son « contrat d’intégration » et son « projet civique » pour les immigrés, garantissant l’apprentissage du français (600 heures maximums par immigré, ce qui est énorme), la connaissance des droits des immigrés, et un « appui social et professionnel individualisé » pour les 100 000 étrangers qui « sont accueillis chaque année légalement dans notre pays ». Afin d’être bien compris, il répète dans Libération (24 octobre 2002) : « Nous avons besoin d’une immigration légale […] Mais d’une façon générale, tous les primo-arrivants en situation légale, les réfugiés statutaires et les sans-papiers régularisés pourront bénéficier du contrat d’intégration. » Il ira même jusqu’à soutenir des expériences de polygamie, fournissant à plusieurs femmes d’un même homme polygame plusieurs appartements différents en échange d’un simple contrat éducatif pour les enfants. […] Dans le même temps, il confirme le maintien des lois Jospin sur la lutte contre les discriminations […] C’est lui qui sera très largement à l’origine de la Haute autorité pour l’égalité et contre les discriminations voulue par Jacques Chirac […]

En décembre 2004, il s’est prononcé pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne : il ne fallait pas « humilier un grand peuple comme la Turquie, sinon on risque d’aller vers des difficultés graves » (Libération, 10 décembre 2004). Il a signé (30 mars 2005, Le Figaro) une pétition, dont il avait été largement le maître d’œuvre, de dix-neuf parle- mentaires intitulée Nous avons dit non à Maastricht, nous disons oui à la Constitution européenne. […]"

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