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France : Société / Liberté d'expression

Jusqu’où obéir ?

C'est ce que se demande une sociologue du CNRS, qui reprend la fameuse expérience de Milgram. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. L'objectif de l'expérience est de mesurer le niveau d'obéissance à un ordre même contraire à la morale de celui qui l'exécute. Des sujets acceptent de participer, sous l'autorité d'une personne supposée compétente, à une expérience d'apprentissage où il leur sera demandé d'appliquer des traitements cruels (décharges électriques) à des tiers sans autre raison que de « vérifier les capacités d'apprentissage ». L'expérimentateur et l'élève sont en réalité des comédiens et les chocs électriques sont fictifs. Stanley Milgram montrait que la politique génocidaire de l'Allemagne nazie n’aurait pu être menée à bien sans qu’un très grand nombre de personnes ne consentent elles-aussi à obéir à leurs supérieurs. D'où la question : jusqu'où obéir à l'autorité légitime ?

Sophie Richardot écrit :

"[…] Sommes-nous, aujourd’hui plus qu’hier, plus enclins à désobéir à des ordres immoraux émanant d’une autorité légitime (la science, la télévision, l’école, l’entreprise, etc.) ? On peut en douter quand on voit la faible propension de ces institutions à promouvoir des actes de désobéissance raisonnés. À l’armée, les militaires sont-ils vraiment encouragés – même s’ils en ont légalement la faculté – à désobéir à un ordre illégal donné sur un terrain d’opération ? Apprend-on à l’école, davantage aujourd’hui qu’hier, à désobéir à bon escient ? Valorise-t-on, dans le travail et ailleurs, la désobéissance constructive ? Est-on toujours reconnaissant aux lanceurs d’alerte d’avoir fait entendre leur voix ? Nous en sommes loin. Les cadres du secteur bancaire, fonctionnaires, professions libérales qui ont été amenés à dénoncer des pratiques frauduleuses, parfois dangereuses, dont ils ont été témoins ont souvent vu leur vie basculer : harcèlement, mise au placard, licenciement, procès, isolement. Adhérer sans réserve, cautionner sans discussion et obéir inconditionnellement aux autorités légitimes vont encore souvent de soi.Et cela n’est probablement pas de bon augure pour nos démocraties."

Cela fait quelques temps que nous le disons. Mais si même le CNRS l'affirme, cela devient intéressant.

Voici la fameuse expérience de soumission à l'autorité de Stanley Milgram reprise dans l'excellent film d'Henri Verneuil "I comme Icare", avec Yves Montand :


I comme Icare Milgram par PPPlazaref

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