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Culture de mort : Euthanasie

Jean Leonetti : l’exception d’euthanasie est une impasse

L En décembre, la mission Leonetti, chargée de l'évaluation de la loi sur la fin de vie, remettra son rapport au gouvernement. Le député Jean Leonetti vient de publier un ouvrage intitulé "A la lumière du crépuscule", dans lequel il revient sur l'affaire Sébire, à l'origine de cette mission d'évaluation. Selon lui, le traitement médiatique qui en a été fait "a complètement éclipsé tout raisonnement derrière". Sur un sujet aussi grave que celui de la fin de vie, il est nécessaire de ne pas se laisser guider par l'émotion. Et puis,

"quand on connaît l'histoire médicale et qu'on voit comment les choses se sont passées, on se dit que tout le monde a manipulé tout le monde".

Il souhaite ensuite faire "évoluer la conscience palliative" :

"la médecine d'accompagnement (…) n'est pas un pis-aller ou un complément […] ça n'est pas parce qu'on ne va pas guérir les gens que l'on ne peut pas les soigner. […] le médecin n'est pas l'instrument d'un malade qui viendrait chercher la mort comme un self-service et, réciproquement, il ne doit pas considérer le malade comme un objet à qui on inflige un traitement de la part d'un sachant par rapport à un souffrant".

Pour Jean Leonetti, la légalisation d'une exception d'euthanasie est "une impasse" : comment un comité pourrait-il décider de la vie ou de la mort des gens ? Comment justifier la qualification d'exceptionnelle pour une situation plutôt que pour une autre ? Enfin, il revient sur le combat mené par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Reprenant les termes de François Goldwasser (chef de service en cancérologie à l'hôpital Cochin), ses membres prônent un "ex-progrès devenu ringard" :

"C'est vrai qu'il fut un temps où il valait mieux faire ça que l'agonie dans la torture. Mais, aujourd'hui, avec les techniques qui sont en place, médicaliser la mort, c'est l'adoucir. Cela s'apprend. Et c'est souvent par incompétence ou par peur que l'euthanasie est réclamée ou qu'elle est donnée."

Michel Janva

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2 commentaires

  1. Vous écrivez “médicaliser la mort, c’est l’adoucir. Cela s’apprend” C’est bien là le drame ! Mes deux parents ont été euthanasiés, sans que je le sache à l’époque, par une pompe à morphine qui l’injecte à haute dose et qui tue aussi bien et presque aussi rapidement qu’un produit létal.
    Fautes de moyens et de personnels bien formés, comme à la maison Jacques Garnier, dans 95% des cas, les soins palliatifs sont déjà en fait et seront de plus en plus une euthanasie douce déguisée, avec le langage manipulé, en “soins palliatifs” !

  2. A Jean D’Agniel.
    Je fais partie des gens qui ont vu un proche envoyé ad patres parce “qu’on ne savait pas où le mettre” faute de place. Il ne l’avait pas demandé, il ne souffrait pas.
    Personne ne s’inquiète qu’en donnant tout le pouvoir aux médecins les overdoses d’antalgiques vont devenir de plus en plus la variable d’ajustement du taux d’occupation des lits d’hôpitaux. Un lit vide coûte cher à l’Hôpital…. et le nombre de lits disponibles a tendance à se restreindre…. Il y a à gagnber dans les deux sens.

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