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L'Eglise : L'Eglise en France

Jean de Tauriers : des arguments de foi nous font préférer la messe traditionnelle

Jean de Tauriers : des arguments de foi nous font préférer la messe traditionnelle

Intervention de Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté, lors du colloque sur l’avenir de la messe traditionnelle :

Conclure notre colloque sur l’avenir de la messe traditionnelle ne sera pas facile étant donné la richesse des interventions, l’importance du sujet et … l’incertitude des temps. Vous me pardonnerez de ne pas vous décrire l’avenir de la messe traditionnelle sur le moyen ou long terme. Je me concentrerai sur l’avenir de la messe traditionnelle, ‘à très court terme’, pendant les mois que nous allons vivre prochainement, avec ou sans le pape François, d’ailleurs.

A court terme, très court terme, nous aurons à défendre la messe traditionnelle de toutes nos forces. Comme le pèlerin qui aime prendre des engagements après un pèlerinage, l’auditeur
attentif de notre colloque parisien de début d’automne pourrait lui aussi prendre quelques résolutions. En m’adressant essentiellement aux laïcs, je vous proposerai trois engagements qui
permettront à nos enfants, nos petits-enfants, de pouvoir se sanctifier demain grâce à la messe traditionnelle : le militantisme, la formation et l’esprit d’unité.

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Rien ne sera, en effet, possible si nous, catholiques traditionnels (acceptons ce terme pour aller vite), ne redevenons pas des militants, c’est-à-dire des catholiques engagés dans l’action.
À la veille de sa mort, en 1975, le Père Roger-Thomas Calmel donnait comme définition de la vie chrétienne « l’engagement, le combat, la béatitude » (militia, certamen, beatitudo).

L’engagement, le combat sont importants. Ce sont des termes forts, guerriers et pourtant bien adaptés à la situation. Nous l’avions peut-être oublié ces dernières années. Le Pape François nous rappelle ces derniers temps ce qu’étaient les années soixante-dix où le Concile qui ne voulait condamner personne a fait tomber toutes les condamnations sur les traditionalistes. Il se rejoue exactement la même chose aujourd’hui. La messe tridentine doit donc être défendue puisqu’elle est attaquée et cette tâche incombe aux laïcs. Rassurez-vous, je ne vous propose aucune action violente, derrière le mot de militantisme, d’engagement, j’entends que nous aurons à pétitionner, argumenter, défiler, manifester, pèleriner, discuter et négocier, insister, organiser des messes privées, savoir remercier quand il le faut, etc, etc. Notre détermination sauvera les apostolats, protègera les prêtres ainsi que les communautés traditionnelles. Nous gagnerons cette nouvelle ‘guerre liturgique’ rallumée inutilement, comme elle l’a été hier, d’abord grâce à Dieu mais aussi grâce à notre énergie militante, notre nombre et notre jeunesse.

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Ce militantisme ne suffira cependant pas si nous ne savons pas défendre intellectuellement notre attachement à la messe tridentine. Ce colloque a eu lieu pour vous donner les arguments intellectuels nécessaires. Là aussi, nous avons trop souvent laissé dire des propos lénifiants et faux : « notre préférence liturgique serait affaire de sensibilité, d’esthétisme, de conservatisme, etc » Nous l’avons entendu aujourd’hui : des arguments de foi nous font préférer la messe tridentine. L’Eglise fait aujourd’hui face à un véritable effondrement de la connaissance des vérités de la foi. Il faut oser le dire : nous vivons une crise de la transmission sans précédent. Elle est liée à la crise catéchétique sans oublier la crise magistérielle, en dépit du redressement des années Jean-Paul II et Benoît XVI. Pour cette raison, nous parlons couramment dans le monde traditionnel, et nous sommes très critiqués pour cela, de crise dans l’Eglise. Il nous est reproché de relier cette crise notamment aux expériences liturgiques du Nouvel Ordo ou à la crise catéchétique. Quelques exemples tirés de l’enquête du Monde de 2020 :

  • 63% des pratiquants réguliers ne savent pas ce qu’est la Pentecôte
  • 74% des pratiquants réguliers ne savent pas ce qu’est la Toussaint
  • 62% ne savent pas ce qu’est le péché

Décrire le réel est indispensable si nous voulons comprendre les erreurs commises. Souvent, on veut nous faire croire que cette crise serait uniquement « sociétale » c’est-à-dire liée à mai 68 et indépendante des expériences conciliaires. Ce n’est pas notre position. Nous considèrons que la réforme liturgique, les expériences catéchétiques, les flous magistériels et pastoraux sont les explications essentielles de la situation que nous vivons aujourd’hui. J’espère, chers amis, que ce colloque vous aura donné le courage, la curiosité d’approfondir ces sujets, avec comme but la transmission avec l’art et la manière afin de toucher les cœurs et les intelligences.

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Enfin, comme nous le demandait Jean Ousset : « N’ayons pas l’esprit de boutique ». La crise actuelle avec le collapsus de l’autorité dont parlait Jean Madiran modifie le lien, la relation entre les catholiques eux-mêmes ; le petit monde traditionnel est touché comme les autres. Ne pas avoir l’esprit de boutique vaut également en-dehors du monde traditionnel. Je me ferai comprendre en prenant l’exemple du pèlerinage de Chartres. De nombreux prêtres diocésains célébrant habituellement la messe de Paul VI viennent au pèlerinage pour célébrer la messe tridentine. Je les entends souvent nous dire combien la célébration de la messe traditionnelle a modifié leur manière de célébrer la messe de Paul VI. Ne pas avoir l’esprit de boutique, c’est comprendre que ces prêtres sont nos alliés, courageux et amicaux. Ils représentent une part importante de ce qui restent des vocations diocésaines en France. Les observants, c’est-à-dire les catholiques fervents au sens de Yann Raison du Cleuziou dans son livre « Une contre-révolution catholique », sont nettement majoritaires parmi les 2% de pratiquants réguliers restant en France. Ce clergé, ces laïcs, disons conservateurs, ne comprennent rien à l’acharnement du pape François contre la messe traditionnelle. La défense de la messe traditionnelle, et son avenir, passera nécessairement par la mobilisation de tous les derniers catholiques fervents, sans esprit de boutique.

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Ayons bien conscience que nous en sommes désormais à la troisième génération de déchristianisés en France ! Les petits enfants des familles catholiques du milieu des années 60 sont devenus des « nones » c’est-à-dire des personnes se déclarant sans religion (64% des 16-29 ans se disent « sans religion »). Nous savons de foi que l’Eglise ne disparaîtra pas, que Notre Seigneur ne nous abandonne pas. Un redressement arrivera de manière certaine. Si nous sommes inquiets, nous restons confiants. Nous savons que l’Eglise nous sauvera, nous ne sauverons pas l’Eglise, même si nous voulons la défendre bien sûr. Et nous savons bien que seul le Magistère pourra corriger le Magistère défaillant. A vues humaines tout du moins, l’Eglise devra s’appuyer sur ses dernières forces, ses derniers pratiquants, son histoire, ses racines, sa grande tradition. Unir les catholiques fervents ni tièdes, ni timorés ou résignés, veut dire bien évidemment pleinement intégrer la frange traditionaliste qui doit avoir « toute sa place dans l’Eglise », comme le promettait Benoît XVI. C’est tout le sens de notre défense de la messe tridentine, un combat pour l’honneur de Dieu et pour l’Eglise.

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