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France : Politique en France

Il faut que Marine Le Pen fasse plus que son score du premier tour

D'Alain Hasso dans Monde & Vie :

Capture d’écran 2017-04-25 à 09.55.00"[…] La démocratie chrétienne a toujours eu un gros faible pour les institutions internationales, lorsqu’il a fallu les créer. Mais maintenant qu’elles fonctionnent à plein régime, imposant leur morale libertaire, leur économie délocalisée et leur société hors sol, il serait peut-être temps que les chrétiens réalisent qu’ils n’en sont plus à l’époque de De Gasperri, d’Adenauer et d’Edmond Michelet… Le choix est tout autre. […]

Ce qui ressort de ce premier tour, c’est une victoire indubitable des populismes sur les soi-disant “Partis de Gouvernement”. Si l’on additionne les scores des Républicains à ceux du Parti Socialiste, on est à 27 % des suffrages exprimés : une catastrophe pour l’establishment, un drame pour le PS, catastrophe à gauche dont on parle le moins possible sur les Plateaux. Si l’on additionne les résultats des deux premiers, le populiste mondain ou verbal qu’est Macron et la populiste convaincue qu’est Marine Le Pen, et si l’on ajoute tel petit Parti, anti-européen, si l’on reconnaît enfin que Mélenchon, l’inventeur de la France insoumise, est fondamentalement populiste lui aussi, on est dans une démarche populiste qui concerne (de manière certes très différente) près de 70 % des électeurs. Les deux chiffres de 30 % pour les institutionnels et de 70 % pour les mécontents semblent vraiment sans appel. Pourquoi la droite s’acharne-t-elle à mettre sur le dos de François Fillon et des affaires, ce qui correspond à un affaiblissement historique des Partis de gouvernement ? La logique de la fausse alternance, front républicain contre Front national, où l’on obtenait toujours à l’arrivée la même politique, a semble-t-il vraiment lassé l’électeur, tout en faisant la fortune d’Emmanuel Macron, servi par un Benoît Hamon incapable de rassembler ses ouailles. Voilà qui suffit à montrer l’extrême fragilité du candidat Macron : il prétend refuser le Système tout en recueillant les voix de tous ceux qui ont peur du changement de système, et qui, comme des castors, ont voté pour lui afin de « faire barrage » aux réformes structurelles devenues nécessaires. Le candidat Macron est ce prestidigitateur qui prétend pouvoir tout changer sans rien changer. En même temps qu’il ouvre, il fait barrage. C’était déjà la logique sous-jacente des lois Macron I et II. Quel espace politique réel pourra-t-il occuper ? Il devra s’employer, ayant joué sur les peurs d’un électorat qui craint le grand saut anti-européen, à rassurer tout le monde en ne changeant rien, alors même que des changements profonds s’annoncent à l’horizon, changements voulus à notre avantage ou plus probablement changements subis à notre détriment… 

[…] À ceux de nos lecteurs qui croient qu’il faut « faire barrage » à Marine pour protéger leurs économies, je dirais très simplement qu’elle a aujourd’hui le système contre elle, les partis contre elle, les médias contre elles et même les juges contre elle. Bref, elle ne risque guère de l’emporter. Il faut néanmoins qu’elle fasse plus que son score du premier tour, car, dans notre théatrocratie républicaine, avec la superstition démocratique qui nous reste en héritage, elle représente non le repli mais l’identité, non le calcul d’intérêts personnels mais la défense des valeurs, non le passé (c’est Macron le candidat du passé et l’on va très vite s’en rendre compte) mais l’avenir… Et il ne faut jamais insulter ce qui nous reste d’avenir ! Les premiers sondages la donnent aux alentours de 40 % au second tour. Ce sont ces 40 % de Français, soudés dans l’amour de la France et vaccinés contre la logique électorale des Partis de gouvernement, qui représentent l’avenir, en faisant bloc contre la politique de oui-oui… et encore oui. Les élections législatives vont sans doute voir se reformer le cartel des Partis, avec, en mot d’ordre, « tous à la gamelle ». Pour ce troisième et ce quatrième tour de l’élection présidentielle, pour ce cinquième et ce sixième tour si l’on compte les deux Primaires, il faudra être capable d’aller jusqu’au bout, d’en finir avec les partis institutionnels, si peu inventifs, si peu créatifs qu’ils renouvellent l’un et l’autre, socialistes et républicains, leur appel traditionnel à « faire barrage », sans se rendre compte qu’ainsi ils achèvent de se faire hara-kiri, se désignant eux-mêmes à l’avance comme responsables du cinglant échec que ne peut manquer de nous procurer le conservatisme progressiste de M. Macron."

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