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Cathophobie

Il a parlé de la Bible à ses élèves, il est suspendu

Lu dans Minute sous la plume de Jeanne Smits :

Stories.virtuemart.product.2825_page_01nsp_106"Tout a commencé, pour cet enseignant arrivé il y a deux ans dans le « RPI » (regroupement pédagogique intercommunal) de Malicornay, le jour où un de ses élèves lui a demandé : « C’est qui le Monsieur accroché sur la croix ? » Dans ce petit coin de France profonde où parler de « chères têtes blondes » a encore un sens, la question a sonné comme une accusation. Elle mettait à nu l’incapacité contemporaine de transmettre la culture, l’histoire, les images mentales, les références communes d’un peuple – ou tout simplement d’expliquer ce que fait là ce bâtiment, avec un clocher, au centre du village.

Aussi l’instituteur a-t-il décidé d’enseigner le « fait religieux » en s’appuyant sur des textes de l’Exode et quelques autres. […] L’instituteur a dispensé 6 (six) heures de cours autour de la Bible et des textes chrétiens en cinq mois, dictées comprises – bien moins que les heures consacrées à Shakespeare ou à Harry Potter, et la moitié de son cours sur Sherlock Holmes ! – lorsqu’on se décida à mettre le holà. « On », c’est-à-dire on ne sait qui. Les courageux dénonciateurs de ce scandale ont adressé une lettre anonyme à l’inspection académique, signée : « Un collectif de parents ». Qui ça ? Mystère. Peut-être le directeur académique les connaît-il : Pierre-François Gachet, hussard noir en chef, a pris le corbeau au sérieux. On ne sait jamais ce qui peut arriver avec un fou de Dieu, n’est-ce pas ? Alors : gloire aux indics !

Le courrier anonyme parvient au rectorat le 30 janvier dernier. Un lundi. Deux jours plus tard, un inspecteur est dépêché dans la classe de CM1 et CM2 de l’école de Malicornay. Encore deux jours, et voilà le professeur convoqué au rectorat. L’urgence est telle qu’il est suspendu « à titre conservatoire » dans l’heure ! Trois semaines plus tard, le 27 février, on juge les faits suffisamment graves pour prendre une mesure administrative qui est en soi une sanction : une suspension de quatre mois ! Comme pour des soupçons de pédophilie ou des propos négationnistes… « On est dans une affaire totalement inédite par la rapidité et la disproportion de la décision qui a été prise », commente l’avocat du professeur, Me Jean-Raphaël Mongis. Avez- vous déjà eu vent d’une telle diligence lorsqu’un maître d’école ou un professeur du secondaire emmène ses élèves à la mosquée ? Moi non plus… Pas même lorsque les élèves de Terminale ES à l’école publique Jules-Verne de Nantes ont visité en début d’année la mosquée Assalam, proche des Frères musulmans, et ont pu y écouter pendant une bonne heure l’imam exposer les préceptes et les croyances de l’islam. Il faut croire que la charge explosive du judéo-christianisme est autrement plus grande.

Après l’avoir entendu en commission de discipline le 29 mai, les responsables de l’Académie d’Orléans-Tours ont finalement décidé de muter de force ce maître qui n’a pas su garder la « mesure » par rapport à des textes qui font pourtant partie du corpus où les enseignants sont invités à puiser.

Le professeur de l’Indre rétorque :

« J’ai relu mon projet, j’ai relu les recommandations remises par Régis Debray sur le fait religieux en 2002, je lui ai soumis mes cours : ils sont en règle. » Et forme un recours gracieux contre sa suspension temporaire, avec l’aide de son avocat. Rien n’y fait : son « déplacement d’office » va l’éloigner d’une école où il se sentait bien et où de nombreux parents le soutiennent à visage découvert. Une bruyante manifestation sous les fenêtres du rectorat, avec des dizaines d’enfants brandissant des banderoles avec l’inscription demandant : « Rendez-nous notre maître ! », en avait témoigné en mars. Il a également le soutien des maires des quatre communes qui font partie du RPI de Malicornay. Et celui, plus prudent, des syndicats. […]"

A noter que cet enseignant est agnostique, marié civilement et que ses enfants ne sont pas baptisés. 

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