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L'Eglise : L'Eglise en France / Médias : Désinformation

Henri Tincq nous offre une bonne tranche de rigolade

Capture d’écran 2018-04-06 à 19.17.30Henri Tincq, qui fut naguère, et pendant fort longtemps, l’arbitre des élégances religieuses au « Monde » – et aussi, hélas, dans les Eglises « qui sont en France » –, fait en ce moment la tournée des popotes médiatiques pour promouvoir son récent livre : « La grande peur des catholiques de France ». Je ne l’ai pas encore lu, mais je me promets un bon moment de détente. Car, d’après ce qu’en disent des médias généralement incultes en matière religieuse, l’argument (si j’ose dire…) du livre est assez simple : jadis, c’était bien, l’Eglise était « cool », ouverte et tolérante ; aujourd’hui, c’est mal, les « conservateurs » parlent trop fort et l’Eglise n’est pas assez « open-minded ».

Et, naturellement, chers amis, les « conservateurs » honnis, c’est nous !

Tincq invite donc (que dis-je ? somme, du haut de sa chaire magistérielle) les autorités de l’Eglise de nous faire taire.

C’est ce qu’il expliquait sur RTL le 5 avril dernier.

Mais ce qui m’a le plus fasciné dans ces 5 minutes d’humour involontaire, c’est l’incohérence du propos.

  1. Tincq est un ardent défenseur de la liberté des laïcs ; mais il exige une réaction cléricale pour faire taire des laïcs qui ont le malheur de lui déplaire.
  2. Tincq regrette les années 1960 où l’Eglise était, dit-il, très impliquée dans la vie sociale et sociétale ; mais il réprouve l’engagement des catholiques de France pour la défense de la vie, des enfants et des familles.
  3. Tincq craint que l’Eglise soit en danger de mort (sic !) à cause de cette terrifiante « frange conservatrice » ; mais il ne voit pas le formidable réveil de la jeunesse chrétienne, dans nos Manifs pour tous ou dans nos pèlerinages.

Bref, M. Tincq promeut Vatican II, mais « son » Vatican II, qui n’a pas grand-chose à voir avec le concile historique, un Vatican II où, en lieu et place de l’engagement des laïcs dans l’Eglise et dans la société, on aurait un cléricalisme imposant une Eglise de collabos de l’ordre (inhumain) établi – collabos de ce que Maritain appelait justement le « désordre établi ».

En un mot, M. Tincq est un homme de l’ancien monde qui ne semble pas comprendre grand-chose au nouveau. Il est évident qu’au XXIe siècle, la France catholique entière n’attend pas, à genoux sur une règle en fer, les oracles du chroniqueur religieux du « quotidien de référence ». Pendant des années, les réprobations de M. Tincq valaient excommunication (songez à la haine anti Jean-Paul II et plus encore anti Benoît XVI qui déferlait naguère dans les médias « religieusement corrects »). Inversement, ses approbations valaient canonisation. Ainsi était-on, en ces temps déjà lointains, à peu près assuré d’aller au Paradis si on était un activiste pacifiste, tiers-mondiste ou immigrationniste (peu importait alors que, comme certaines ONG bien-pensantes, ce zèle fût poussé jusqu’à stériliser des femmes pauvres sans leur demander leur avis, au nom sacré du « développement », ou qu’il fût poussé jusqu’à célébrer le Saint-Sacrifice, une « kalach » à la main…).

Pour nous, les choses sont un tantinet plus compliquées. Nous ne jugeons pas la foi de nos frères à leur action politique. D’ailleurs, aussi curieux que cela puisse paraître à M. Tincq, nous ne nous croyons pas légitimes pour juger de la foi de quiconque. Nous nous battons pour quelque chose de beaucoup plus modeste : faire en sorte que nos enfants puissent être librement catholiques en France, sans être asservis ni détruits par le totalitarisme libertaire ou par le totalitarisme islamique.

Par conséquent, M. Tincq peut bien penser et voter ce qu’il veut, c’est le cadet de mes soucis. J’ai assez à faire pour essayer de vivre en cohérence avec ma foi et essayer de transmettre à mes enfants.

A l’inverse de lui, je me garderais donc bien de demander à quiconque de faire taire M. Tincq. D’abord, parce qu’en nos temps parfois moroses, il serait dommage de se priver de bonnes tranches de rigolade ; ensuite parce que je tiens trop à ma liberté pour enquiquiner les autres ; enfin, parce l’obscurantiste médiéval que je reste obstinément, comme dirait l’excellente Mme Schiappa, reste un adepte du vieil adage : In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas (dans les choses nécessaires, c’est-à-dire la foi et la morale, l’unité ; dans les choses douteuses, la liberté ; en toutes choses, la charité).

J’ignore si M. Tincq croit à la Trinité ou à l’Incarnation – et, encore une fois, cela ne me regarde pas, même si je lui souhaite le meilleur, et donc le salut, et donc la connaissance du vrai Dieu –, mais qu’il soit « catho de gauche » ne signifie pas dans mon esprit qu’il ne soit pas catho du tout. Que beaucoup de cathos de gauche soient devenus athées, voire anticatholiques forcenés, est un fait, malheureusement incontestable – et j’avoue qu’il est, pour moi, incompréhensible qu’un catholique se décharge de ses responsabilités morales et sociales sur l’Etat prétendument « providence ». Mais, enfin, je sais bien, aussi, que certains électeurs socialistes sont vraiment de pieux catholiques et, à ce titre, ils sont pour moi des frères. J’ai bien compris que, pour M. Tincq, l’inverse n’était pas vrai et qu’être de droite valait pour lui certificat d’apostasie. Mais, de grâce, Monsieur le Grand Inquisiteur, éclairez-nous ! Lequel des dogmes catholiques ou des commandements de Dieu avons-nous offensé dans notre action politique ? Et, si nous n’en avons violé aucun, ne croyez-vous pas qu’exiger notre censure par les autorités ecclésiastiques serait une grave perversion de l’autorité de l’Eglise ? Utiliser le Magistère, voire les sacrements, pour imposer une vision politique serait proprement monstrueux, une forme de simonie si l’on veut. On ose espérer que les mots de M. Tincq ont dépassé sa pensée…

Mais, après tout, puisqu’il nous critique sur nos choix politiques – dont j’estime, moi, qu’ils sont parfaitement libres et légitimes –, profitons-en tout de même pour lui répondre.

Or donc, selon les déclarations d’Henri Tincq sur RTL, la « dérive mortifère » (sic) dans laquelle nous autres, « conservateurs » (resic), entraînons l’Eglise (comme si nous avions le pouvoir d’entraîner l’Eglise où que ce soit !) réside dans un « fantasme » principal et dans un vaste fourre-tout de « mises en cause ».

Le fantasme serait que nous passerions notre temps à parler du fameux « grand remplacement » et, notamment, du remplacement des églises par des mosquées. Manifestement, la star des chroniqueurs religieux a, quelque peu, délaissé l’actualité, car cette histoire de remplacement des églises par les mosquées n’est pas une invention du Salon beige, mais du recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur – dont je ne pense pas que M. Tincq supposera qu’il est un catholique ultra-conservateur ! Nous nous sommes contentés de répondre à la provocation de M. Boubakeur et nous avons été assez nombreux – Deo gratias ! – pour que cette idée soit (momentanément) reléguée aux oubliettes. Naturellement, nous ne sommes pas tout à fait naïfs et nous avons des raisons sérieuses de soupçonner qu’il s’agisse d’un ballon d’essai. Nous restons donc vigilants. C’est sans doute cette vigilance que M. Tincq qualifie, dans le langage orwellien typique de la presse « correcte », de fantasme.

Quant aux mises en cause, notre inénarrable « expert » ès religion accuse le Salon beige et, avec lui, toute la « fachosphère catholique » (sic), de « remettre en cause » l’islam, l’avortement, le « mariage pour tous », la GPA…

Au passage, et à propos du mot « fachosphère », j’ai déjà dit cent fois (mais ce n’est sans doute pas parvenu jusqu’aux oreilles de M. Tincq, dans sa retraite capitonnée) que, pour qu’il y ait une « fachosphère », il faudrait deux choses qui, toutes deux, manquent : une coordination entre les différents sites de cette « sphère ». Cette coordination n’existe pas à ma connaissance. En tout cas, je n’y ai jamais participé, ni n’y ai été invité. Et il faudrait aussi des fascistes, c’est-à-dire des gens qui soient à la fois socialistes et nationalistes. Or, il en existe peut-être en France, mais ils ne sont certainement pas au Salon beige. Pour ma part, je suis catholique social, disciple de La Tour du Pin, d’Henri V et de Léon XIII, en matière socio-politique. Cela peut être aussi obscurantiste et paléo-conservateur que voudra M. Tincq (curieusement, d’ailleurs, il nous taxe de « néo-conservateurs », alors que je suis bien pire que cela : pas du tout « néo », mais définitivement « archéo-conservateur », si tant est que ces épithètes aient la moindre signification !!!), mais c’est en tout cas fort éloigné du socialisme et presqu’autant du nationalisme, idéologie révolutionnaire qui n’a pas grand-chose à voir avec l’amour de la patrie charnelle (même si je sais que plusieurs penseurs, Maurras notamment, ont tenté d’unir les deux). Bref, il y a autant de « fachosphère » que de beurre en broche ! Mais, tant qu’à faire de se faire peur, autant imaginer un vaste complot fasciste, n’est-ce pas ?

Revenons à présent aux mises en cause. L’injonction implicite du sieur Tincq serait donc qu’il ne faudrait remettre en cause ni l’islam, ni l’avortement, ni la loi Taubira. Voici un commandement dont je n’avais pas connaissance !

Il me semblait, au contraire, que, pour être catholiques, nous étions un peu tenus de « remettre en cause » l’avortement, qui viole le cinquième commandement de Dieu, et qui détruit la société en s’attaquant, si je puis dire, au maillon le plus faible, l’enfant à naître. Il me semblait que, pour être catholique, il fallait être admiratif de la merveille de la Création de Dieu, et particulièrement à la création sexuée de l’homme, dont l’Ecriture sainte dit que « c’était très bon ». Or, c’est cela, précisément, que la loi Taubira attaque fondamentalement, en prétendant nous mettre sur la voie d’une société où chacun serait « libre » de choisir son sexe et où le sexe reçu à notre naissance n’aurait aucune influence sur notre développement et sur notre vie. Il me semblait que, pour être catholique, il fallait aussi être un peu attaché aux dogmes de l’Incarnation et de la Trinité, niés par l’islam.

Nous interdire de remettre en cause ces fléaux, mais c’est tout simplement nous interdire d’être catholiques ! Il n’est pas question, ici, de « catholiques de droite » ou d’« ultra-conservateurs », il n’est question que de catholiques qui veulent le rester. Si c’est cela qui chagrine M. Tincq, eh bien, j’en suis navré pour lui, mais il risque d’être encore chagriné quelque temps !

Guillaume de Thieulloy

Directeur du Salon beige

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