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L'Eglise : L'Eglise en France

Gare à la sécularisation de notre combat sous prétexte d’entrisme et d’efficacité

Extraits de la communicationd’Alain Toulza, Vice-Président de DRAC, lors du Colloque DRAC (Droits du Religieux ancien combattant) du 15 novembre 2014 sur L’héritage des héros consacrés de la Grande Guerre

« S’adressant à la foule des jeunes lors du dernier pèlerinage de Pentecôte, Mgr Aillet, évêque de Bayonne, leur rappelait, à propos de l’engagement politique des catholiques :

« (…) il doit être resitué par rapport à la primauté de Dieu dans la vie de l'homme (…). Nous appartenons davantage à Dieu qu'à César. Le pouvoir de César trouve sa source dans le pouvoir de Dieu et doit s'en inspirer

Nous sommes loin, ici, du discours couleur muraille, qui nous invite à nous fondre dans la masse pour nous confondre avec elle, prétendant la travailler discrètement au corps et l’orienter selon nos convictions intimes sans avoir à exposer celles-ci. Certes, il ne s’agit pas d’exiger de ceux qui rejoignent notre combat qu’ils épousent les postulats de notre foi,mais qu’est-ce qui nous empêche, quand nous sommes invités à justifier nos revendications, d’affirmer que pour nous, les causes naturelles reconnues par les personnes droites découlent d’une Cause première qui est Dieu ?

On entend, par exemple, dans nos rangs, opposer aux lois ou projets destructeurs de la famille, des valeurs de pure écologie humaine présentées comme seules capables d’unir dans un même élan tous les défenseurs des lois naturelles, alors que l’immense majorité des foules qui ont défilé pour les défendre est composée incontestablement de familles chrétiennes. C’est occulter volontairement les vrais fondements de la cause que nous prétendons servir, les vrais fondements de l’amour, de la famille, de la vie ; c’est enfermer les lois naturelles dans un carcan agnostique qui ne leur reconnaît comme auteur que le sui generis du néo-darwinisme. C’est donc nier par omission volontaire que toute loi naturelle a Dieu pour origine, et que cela seul fonde son caractère sacré. Je n’ai jamais entendu un chrétien le dire sur les ondes quand il était interrogé.

Cette sécularisation des impératifs de notre combat sous le prétexte d’entrisme et d’efficacité, nous conduit à une perte progressive de nos repères et à une attitude de neutralité face à des idéologies qui, elles, ne cachent pas leur volonté d’hégémonie athéiste. Et nous en oublions que la neutralité, c’est la neutralisation de la vérité. De la totale vérité. Prenons y garde : quiconque feint obstinément d’ignorer dans le combat public Celui qui, précisément, est La Vérité, est sur la pente qui mène au reniement de l’apôtre Pierre : « Je ne connais pas cet homme ». Et ceux qui le suivent risquent, à leur tour, d’avoir à verser un jour des larmes amères.

Si le sel de notre foi perd de sa saveur, nous sommes alors livrés peu à peu à des influences délétères et nous risquons d’entrer insidieusement dans ce cheminement désastreux que Charles Péguy a décrit si admirablement en peu de mots : « Tout commence en mystique et finit en politique, tout commence par la mystique et finit par de la politique ». Voici alors que les marchandages politiciens se substituent, pas à pas, à l’exigence de radicalité qui était notre motivation initiale. Ecoutons encore, attentivement, cet avertissement sévère de Péguy :

« Rien n'est aussi poignant, je le sais, que le spectacle de tout un peuple qui se relève et veut son relèvement, et poursuit son relèvement. Et rien n'est aussi poignant que le spectacle d'une jeunesse qui se révolte. (…) Rien n'est aussi anxieusement beau que le spectacle d'un peuple qui se relève d'un mouvement intérieur, par un ressourcement profond de son antique orgueil et par un rejaillissement des instincts de sa race. Mais plus cette rétorsion est poignante, plus il serait tragique de la livrer aux mêmes maîtres des mêmes capitulations. Plus elle est précieuse, plus il serait vil de la livrer. Plus elle est jeune et forcément naïve et ignorante et innocente, plus il serait criminel, plus il serait inique, plus il serait fou de la livrer. Oui l'heure est poignante, c'est entendu, et nul ne le sait plus que nous. Mais elle deviendrait aisément tragique si on remettait toute cette nouveauté aux vieilles mains de toutes ces vieilles hontes. Tout ce que nous demandons est tellement simple. Nous demandons qu'ils aillent se reposer. Et qu'on ne les remplace pas par des pareils. Nous demandons qu'on ne garde pas les mêmes, et qu'on ne recommence pas. »

Ces lignes ont été écrites il y a cent ans, en avril 1913. Elles semblent l’avoir été pour aujourd’hui. Or nous croyons, très fort, qu’aujourd’hui, en France particulièrement, c’est l’heure de la chrétienté, l’heure du réveil de la chrétienté. Et donc l’heure du réveil de notre espérance. De multiples petites flammes s’allument un peu partout autour de nous, ô certes fragiles et vacillantes encore, mais qui se communiquent peu à peu l’une à l’autre leur chaleur et ne demandent qu’à être alimentées. Ne les laissons pas s’éteindre entre des mains douteuses.

Elles nous font, à nous, adultes qui partageons ce désir de Tout restaurer dans le Christ (Omnia in Christo Instaurare) cher au Pape Saint Pie X, un devoir de formation et de soutien de cette jeunesse. 

C’est le sens de l’interpellation de sa sainteté le Pape Jean-Paul II au Bourget en 1980 : « France, fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? (…) France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ? ». Cette interpellation a trouvé non pas une réponse mais une invitation à y répondre, dans son célèbre sermon de Reims :

« Cette grande célébration jubilaire du baptême vous donne l’occasion de réfléchir sur les dons que vous avez reçus et sur les responsabilités qui en découlent (…) Ce grand jubilé du baptême doit vous amener à dresser un vaste bilan de l'histoire spirituelle de « l'âme française ». […] C'est justement parce que vous avez derrière vous tant de siècles de christianisme que vous êtes appelés à agir de manière digne de la vocation chrétienne (…). L'Église (…) ne regarde pas son héritage comme le trésor d'un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux (…) »

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