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Bioéthique

FIV : la poursuite incessante de la fertilité est un calice empoisonné

Daoudal Hebdo rapporte le très long texte de Helen James, une femme qui raconte comment elle a voulu avoir une « famille parfaite » grâce à la fécondation in vitro, et comment cela a brisé son mariage et sa vie (et provoqué trois avortements, sans compter les nombreux embryons « perdus » au cours des nombreux échecs). Extraits :

F "la technologie de la FIV et l'espoir qu'il apporte a fiché un pieu dans le coeur même de ma vie. J'ai un fils mais j'ai aussi un divorce à mon actif, des amitiés perdues ou radicalement altérées, et les cicatrices émotionnelles d'années d'interventions médicales. La société peut dire que je suis malvenue de le dire, parce que j'ai obtenu mon « prix », mais la poursuite incessante de la fertilité a été un calice empoisonné. […]

Quand mon mari et moi avons commencé notre parcours de FIV en juillet 2005, je venais d'avoir 36 ans et mon mari 35 (il n’était pas été prêt à avoir une famille avant cela et, comme par hasard, lorsque nous avons commencé à essayer naturellement, nous avons constaté qu'il avait des problèmes en raison de son faible nombre de spermatozoïdes). Nous étions très anxieux au sujet de la procédure et sur le fait de savoir si cela fonctionnerait. Mais quand notre spécialiste de la FIV nous a dit que la question n’était pas de savoir si, mais quand nous aurions un bébé, nous avons été encouragés par son assurance et nous avons été convaincus que nous allions bientôt être parents. Effectivement, les semaines suivantes, nous avons eu un test de grossesse positif à la suite du premier traitement. Ensuite, nous avons subi un coup qui indiquait que ça commençait à se gâter. J'ai fait une fausse couche à neuf semaines. A partir de là, la névrose fut ma compagne permanente, et, par conséquent, de mon mari aussi. J'étais convaincue que « ça » n’allait jamais marcher pour nous, que nous n'aurions jamais de bébé. J'étais consumée de jalousie lorsque j’entendais parler d’une femme qui était enceinte, qu’elle ait conçu naturellement ou par un traitement de fertilité. Je me suis brouillée avec ma meilleure amie, qui était terrifiée de me dire qu'elle était enceinte.


Quelques mois après la fausse couche, après un nouveau cycle de traitement, mon mari et moi découvrîmes pour notre plus grand plaisir que j'étais enceinte à nouveau, cette fois de jumeaux – une famille instantanée pour mettre un terme à notre parcours de fécondité. Mais à 20 semaines, nous avons découvert que l'un des bébés avait le cerveau gravement endommagé et on nous a conseillé de mettre fin à sa vie. Notre monde s’est écroulé. J'ai passé les dix semaines restantes de ma grossesse, avant la réduction sélective et sa conséquence: la naissance prématurée de deux garçons – un vivant et un mort – dans des sentiments suicidaires. Alors que j'essayais de me préparer à la perte de l'un des jumeaux, tout en me demandant si je pouvais avoir le courage de me tuer, mon mari s’est battu pour me sortir de la dépression, tout en ayant à gérer sa propre tristesse. Après la naissance (notre fils survivant est né par césarienne d'urgence, six heures après l’avortement de son jumeau), j'ai été informée par un psychologue à l'hôpital que je souffrais d'une forme de trouble de stress post-traumatique pour avoir porté un bébé dont je savais qu’il allait mourir. Je pensais que je ne retrouverais jamais le sourire, et même si j'avais un fils survivant en bonne santé, j'ai appris qu’un très grand chagrin peut facilement éclipser la joie. Il fallut 18 mois pour que je réalise que je ressentais le genre de bonheur que je pensais voir toujours se dérober. Ce fut le sentiment le plus « normal » que je ressentis depuis le début de notre parcours d’infertilité.

Au lieu de me complaire dans ce contentement, je pris de l'avance dans ma prochaine mission – avoir un autre enfant, afin de poursuivre ma quête de la « famille parfaite » et pour compenser la perte d’un de mes fils. Mon mari disait qu'il voulait seulement que je sois heureuse, et il accepta mon projet, même si cela voulait dire dépenser davantage en un traitement coûteux et mettre de nouveau notre vie en attente. En 12 mois, nous eûmes trois cycles décevants de FIV de plus, principalement à cause de mes ovules vieillissants, et je n’avais rien en retour, en dehors d’une dette de 70000 £ (qui monterait plus tard jusqu'à 100 000). Au lieu d'accepter ce que nous étions – les heureux parents de notre propre fils biologique – nous avons pris une décision qui allait s’avérer être « un pont trop loin » pour notre mariage. Nous décidâmes de continuer le parcours par le don d’ovule. Je repense à mon acharnement avec un certain embarras, parce que j'étais comme une femme possédée, prête à demander à toute femme qui m’écouterait si je pouvais avoir ses ovules – mais il y a peu de choses qui peuvent faire dévier une femme stérile et désespérée dans sa mission d’avoir une famille. […]

Après des mois de recherche intensive, nous avons trouvé une étudiante qui semblait parfaite. Sept mois après le début de mes recherches au Canada, nous étions dans l’avion avec notre fils, nous envolant pour – avec de la chance – lui obtenir un frère. Mais après à peine 30 minutes de vol, mon mari eut ce que nous décrivons maintenant comme une dépression subite. Il fondit en larmes et essaya de me dire qu'il avait des doutes au sujet du traitement, qu'il sentait que ce n’était pas bien, que nous avions eu notre fils, que nous devions le voir comme un miracle et en rester là. Mais je ne l’ai pas écouté – je ne le voulais pas. Et j’étais irritée qu'il cherche à entraver mon bonheur, d'autant plus que j’avais le sentiment que la raison pour laquelle nous devions utiliser des ovules de donneuse était qu'il avait fallu cinq ans après que nous nous soyons rencontrés pour être prêts à démarrer une famille, et il me semblait que ma biologie aurait pu le faire beaucoup plus tôt. […]

Quand nous sommes rentrés au Royaume-Uni, nous avons découvert que j'étais de nouveau enceinte de jumeaux, et c'est à ce moment-là que les choses ont commencé à se dégrader. Mon mari ne voulut pas venir avec moi pour les premières échographies et ne montrait rien qui ressemblât à l'intérêt qu'il avait manifesté au cours de ma grossesse précédente. Alors que c’était un homme qui n'aimait rien de plus que d'être à la maison, il rentrait tard la nuit et allait tôt au travail. La détérioration de nos relations était palpable, mais j'étais en train de compléter ma famille et c'était tout ce qui comptait pour moi. Je conclus aussi, avec insouciance, que nous avions vécu tellement de choses ensemble que nous étions liés pour toujours par nos expériences. Mais quand je fus enceinte de huit semaines, alors que je rendais visite à mes parents, je reçus un appel téléphonique qui changea radicalement ce que je croyais. « Il ne s'agit pas de bonnes nouvelles, je le crains – je veux divorcer », me dit-il. Il dit que notre mariage était « cassé », comme une règle de plexiglas lorsqu’on la plie trop longtemps. De retour à la maison, ce fut mon tour d’avoir une dépression. L'idée d'être une mère célibataire de trois enfants, dont deux avaient un père qui n'en voulait pas et ne partagerait pas leur maison, et une mère qui ne leur était pas génétiquement liée, était trop difficile à gérer. Je lui ai demandé de partir. Je pensais que cela prolongerait seulement l’agonie, s’il restait. Et, aussi rationnellement que je le pouvais, alors que j’étais encore sous le choc et avec mes hormones éparpillées, j'ai pris la décision, avec lui, d’avorter. Quand je me suis assise dans la salle d'attente, j'ai pensé : «Je me suis assise dans des cliniques, pendant cinq ans, en souhaitant être enceinte, et maintenant je suis assise dans l’attente de ne pas l’être.» J'ai lu depuis que, selon les statistiques de la HFEA, 80 femmes chaque année avortent après une FIV, bien qu’elles aient tant fait pour concevoir. […]

Mes expériences m'ont ouvert les yeux sur les dévastations méconnues que la FIV peut causer. Personne ne dit comment la quête de la fécondité peut avoir des conséquences négatives : vous êtes supposée fixer les yeux sur le but et juste continuer jusqu'à ce que vous y arriviez. Et quand cela a fonctionné, personne ne vous approuvera si vous dites combien le processus fut long et difficile."

Cette histoire n'est pas isolée. Et elle devrait faire réfléchir les parlementaires qui vont, dans le projet de loi bioéthique, voter sur la poursuite de cette horreur.

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3 commentaires

  1. Quel témoignage courageux!! Il confirme la sagesse de l’Eglise d’interdire toute conception non naturelle, et on voit ici que ce n’est pas un simple interdit moral, mais que l’enjeu est bien plus important. Cette terrible histoire est l’illustration de ce qu’est la culture de mort, celle qui conduit à la destruction, non seulement de bébés, mais de leurs parents, du couple, de la famille.
    Merci au SB de nous relayer ce témoignage, dont nous n’entendrons pas parler ailleurs, hélas.

  2. merci madame d’avoir eu le courage de témoigner !
    Je vous souhaite beaucoup de bonheur avec votre petit garçon qui doit être à la maternelle à présent !

  3. Je prie pour cette famille si malheureuse et remercie cette dame d’avoir le courage de témoigner car son histoire peut changer les coeurs d’autres personnes et peut être leur éviter de vivre son calvaire.

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