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France : Laïcité à la française

Examens dans les écoles catholiques : cachez ces croix qui risqueraient de les convertir

De Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire :

Unknown-7"Le courrier est officiel, il provient du rectorat de l’académie de Bordeaux, sous l’autorité du ministère de l’Éducation nationale, comme l’indique le papier en-tête. Signé par le « Directeur des Examens et Concours », rien que ça, il s’adresse aux directeurs des établissements catholiques « désignés comme centre de correction des écrits du diplôme national du Brevet », les 3 et 4 juillet, et dispense des « conseils » très clairs : « il apparaît souhaitable, dans la mesure du possible, et pendant la durée des corrections, d’ôter ou de masquer tout signe religieux ostensible dans les locaux accueillant les enseignants convoqués pour corriger le DNB ».

On hésite : cela procède de la note interne en service hospitalier « pour une bonne asepsie, prière de désinfecter avant utilisation », ou de la lettre glissée par les parents dans le carnet de correspondance pour signaler une allergie : « merci de bannir tout aliment susceptible de contenir des traces de fruits à coques ».

Les profs du public désignés pour passer la tranchée et aller corriger avec leur casque lourd derrière les lignes du privé, auraient-ils peur de la contamination – la foi serait-elle contagieuse, l’exposition prolongée à un crucifix, comme aux UV, dangereuse pour la santé ? – , ou de l’urticaire géant, voire du choc anaphylactique devant une Vierge sulpicienne ?

On imagine la perplexité des directeurs concernés : que faire ? Déboulonner la plaque « enseignement catholique » posée depuis des temps immémoriaux sur la porte ? Décrocher les icônes ? Voiler les statues ? Gratter fébrilement à la paille de fer, jusqu’à faire disparaître, sur le frontispice, la mention « saint(e)» devant Étienne ou Monique, comme autrefois, sur les arcs de Triomphe, celle des empereurs romains ? Et tiens, d’ailleurs, pour le col du même nom, priera-t-on l’aumônier de le cacher discrètement derrière un passe-montagne opportun  quoiqu’un peu décalé eu égard à la canicule sévissant dans le Sud-Ouest ?

Un solide chef d’établissement dans un courrier sans ambiguïté, bien que dénué, comme il le dit, de « toute animosité », a tranché, et répondu avec fermeté : « Je ne toucherai à rien ! » C’est le « non possumus » des premiers chrétiens. Et le non volumus, aussi, pour être franc, parce que le grand n’importe quoi, voyez-vous, ça va bien : « Quelle unité nationale construire avec ces susceptibilités phobiques et anachroniques ? » s’interroge-t-il dans cette lettre dont nous avons eu connaissance. Comment lui donner tort ? […]"

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