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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Evangile du jour

Evangile du jour

Evangile selon St  Lc: 21, 25-28.34-36

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Dessin de Jean-Joseph Chevalier (https://www.jeanjosephchevalier.fr/)

Commentaire du dessin par le Chanoine Frédéric Goupil, de l’Ordre de saint Remi

Qui ne penserait, en contemplant ce dessin, aux malheureuses victimes de l’éruption du Vésuve en l’an 79 à Pompéi ? Pline le Jeune avait écrit : « Or, c’était le jour, mais tout alentour une nuit, plus épaisse qu’aucune autre, régnait » (Lettres ; livre VI, 16).

Difficile de dire si l’homme à terre est nu ou habillé (même si l’on penche vraisemblablement pour la première solution, vu les détails des articulations), s’il vient de se réveiller ébloui ou s’il est tombé, ce qui permet de généraliser la situation représentée : chacun est surpris à son occupation du moment, « dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». « Ce jour-là […] tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière », nous prévient l’évangile du jour (Lc XXI 25-28, 34-36).

Ici, le conseil du Seigneur n’a pas été suivi : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse […] et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet […]. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ». Notre protagoniste n’échappe à rien, tombé au sol, alourdi, mourant de peur, affolé et désemparé, le bras levé comme pour repousser un filet d’oiseleur. Il n’a pas prié, il n’est donc pas demeuré droit, mais plutôt comme disloqué.

Mais où est donc le Fils de l’homme ? demandera-t-on. A côté du personnage, l’on ne voit en effet qu’une ombre. C’est que l’apparition du Fils de l’homme n’est pas directement visible sur l’image, mais transparaît sur le personnage lui-même : telle la lune par les rayons du soleil, il se trouve ici éclairé par la manifestation glorieuse du Christ. Il est mis en lumière pour son propre Jugement, car voici que tout est mis à nu, au propre comme au figuré : « Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. C’est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière » (Lc XII, 2).

Le déchaînement des éléments, « le fracas de la mer et des flots, […] les puissances des cieux […] ébranlées » avec les tâches noires, aident à nous représenter la surprise et la soudaineté. Sans elles, ce corps passerait pour celui d’un nonchalant, le visage sans expression et sans intelligence, peut-être aveuglé à son réveil par le soleil déjà bien avancé dans sa course. Mais dans notre cas, le décor est sombre ! Dans ce décor apocalyptique, l’obscurité succède rapidement aux éclairs. Ou plutôt qu’une lumière, peut-être craint-il un coup ? « Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde » : voici que celui-ci a peur de son ombre… « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Malheureusement, notre équivalent des vierges folles semble là se redresser, et relever la tête, plutôt pour une condamnation.

Et où la gloire du Christ est-elle figurée ? La nuée noire au sommet peut-elle la refléter ? Oui, pour les pécheurs impénitents, car Son premier avènement avait eu lieu dans la discrétion, sous l’égide d’un astre lumineux, en vue de la Miséricorde, et voici qu’à la Parousie, « on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire », publiquement et solennellement, pour la Justice pleine et entière cette fois, la justice d’un Juge offensé et dont la mesure de patience aura comme été achevée…

« Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents… » (Mt XXII, 11-13).

Chanoine Frédéric Goupil, de l’Ordre de saint Remi

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