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Pays : Etats-Unis

Etats-Unis : les Républicains enterrent l’Obamania (mis à jour)

En lien avec le correspondant exclusif du Salon Beige aux Etats-Unis, voici les résultats des Midterms.

1. Malgré quelques déceptions, la vague républicaine attendue s'est matérialisée

R Dans notre post de lundi, nous fixions le seuil pour un succès Républicain à 50 sièges à la Chambre des représentants, et de 6 au Sénat. Alors que les résultats définitifs se font encore attendre par endroits, ces seuils paraissent dépassés. Contrairement à ce que tentent déjà d'expliquer les médias, il ne s'agit pas seulement de la sanction d'une situation économique morose, mais du net refus de la politique socialisante d'Obama.

A la Chambre, les Républicains gagneraient plus de 60 soixante sièges supplémentaires – un mouvement plus fort encore que la vague anti-Clinton de 1994 (+54 sièges). 

C Au Sénat, ils renforceraient leur minorite de blocage en gagnant entre 6 et 10 sièges, pour arriver à un total de 47 à 51 sièges sur 100. Les conservateurs du Tea Party Marco Rubio et Rand Paul l'ont emporté facilement en Floride et dans le Kentucky, mais Sharron Angle a échoué dans le Nevada.

Il reste des inconnues : en Alaska par exemple (dont les bureaux fermaient a 6 heures du matin, heure de Paris), l'opposante centriste au conservateur Joe Miller n'était pas qualifiée pour figurer sur les bulletins officiels (ses partisans devaient écrire son nom a la main), le décompte devrait donc prendre du temps.

On reste clairement en bas de la fourchette de gains républicains pour les sénatoriales, avec +6 pour l'instant et 2 Etats toujours en jeu avec un écart très faible (Colorado et Washington). En Alaska, la républicaine centriste sortante Lisa Murkowski semble l'emporter sur le conservateur Joe Miller, mais le décompte devrait être très long. La facture du "Tea Party" est assez lourde, l'émergence de candidats passionnés mais inexpérimentés a fait perdre aux Républicains des sièges de sénateur qu'ils auraient pu gagner avec des candidats plus établis (Delaware, Nevada, peut-être Colorado).

2. La donne change pour les Républicains au Congrès

A la Chambre:

B – Le conservateur modéré John Boehner (photo) remplacera Nancy Pelosi comme président ("Speaker") de la Chambre. Il sera le vis-a-vis républicain le plus visible de Barack Obama. Le président du groupe républicain ("Majority leader") sera certainement le plus dynamique Eric Cantor – un juif pratiquant, solidement pro-famille et pro-vie.

Au Sénat:

M Le Sénateur Mitch McConnell devrait rester "Minority leader". Conservateur modéré, assez peu charismatique, il s'est toutefois montré efficace en évitant la défection de sénateurs républicains centristes dans les votes sur l'Obamacare. Les sénateurs attachant un grand prix à l'ancienneté dans l'accès aux responsabilités, les modérés devraient conserver l'essentiel des positions importantes, à moins que les dirigeants républicains aient l'intelligence de mettre en avant au moins un des nouveaux élus plus conservateurs afin de rassurer leur base. On peut s'attendre en tout cas a ce que des nouveaux élus plus conservateurs (Rubio, Paul, peut-être Miller) rejoignent le Sénateur Jim DeMint pour former un sous-groupe plus ou moins formel  inspiré du "tea party" au sein du groupe républicain.

3. Succès également sur le renouvellement de 37 gouverneurs 

B Au moins 10 des 37 postes de gouverneurs à pourvoir ont été conquis sur le camp démocrate par les républicains. C'est le cas dans le Wisconsin, en Pennsylvanie, dans le Tennessee, le Wyoming, l'Iowa, l'Oklahoma, l'Ohio, le Kansas, le Nouveau Mexique et le Michigan. Le Parti républicain conserve par ailleurs deux États-clé en vue de 2012, le Texas et surtout la Floride. Jan Brewer (photo), gouverneur sortante de l'Arizona à l'origine d'une loi controversée sur l'immigration, a également été reconduite dans ses fonctions.

En Californie en revanche, Arnold Schwarzenegger devrait avoir pour successeur le démocrate Jerry Brown. C'est également une bonne nouvelle puisque, sans entamer le succès général des Républicains, cette défaite est celle d'un républicain modéré (pour ne pas dire de gauche).

Echec de Tancredo, candidat pro-vie au Colorado (50% au Démocrate, 37% à Tancredo, 11% pour le Républicain).

B Le sénateur sortant catholique Sam Brownback, un héros des pro-vie, devient gouverneur du Kansas. Son élection n'est pas une surprise, mais elle pourrait être un bon point d'appui pour une nouvelle tentative à la presidentielle après un échec en 2008.

4. Obama peut encore nuire

O Obama ne peut plus faire passer de projets législatifs sans l'accord de Républicains, avec une double-sécurité:

– 41 Sénateurs peuvent bloquer toute législation - Obama devrait donc s'assurer de la défection d'environ 10 Sénateurs républicains pour faire passer un projet, ce qui s'avèrera impossible sur la plupart des sujets.

En revanche, Obama peut encore peser:

– Contrairement à la France, il n'y a pas de cohabitation: Obama reste maitre de l'ensemble de l'exécutif.

Le nombre de Républicains conservateurs au Sénat ne leur permettra sans doute pas de bloquer la nomination par Obama de juges activistes de gauche, notamment à la Cour Suprême si l'occasion se présente – or, en statuant sur des questions de société allant de l'avortement àl'immigration illégale ou les revendications des "gays", ces juges, dans les faits, légifèrent comme même une majorité democrate au Congrès n'oserait le faire.

– Obama sait aussi contourner le Congrès en jouant de pouvoirs que son exécutif s'est arrogé – la décision de son administration de classer le CO2 comme "polluant" est ainsi une manière d'obtenir les mêmes effets qu'une loi anti-CO2, sans avoir à passer par le parlement.

5. Pour les Républicains, il s'agit maintenant de gagner 2012

2 Le défi pour les Républicains sera de ne pas renouveler l'expérience du premier mandat de Clinton: une large victoire républicaine aux midterms de 1994 suivie la réélection de Clinton en 1996.

Les causes de cet échec avaient été triples:

- La majorité républicaine à la Chambre avait initialement utilisé son arme la plus puissante, le contrôle du budget fédéral, pour imposer un bras de fer avec Clinton en paralysant le gouvernement fédéral – mais des maladresses des Républicains ont rendu la manoeuvre contre-productive.

– Après cet échec, les Républicains ont collaboré avec Clinton pour faire passer une réforme (nécessaire) des prestations sociales – mais ce faisant, ils l'ont aide à se repositionner au centre de l'échiquier.

– Ils ont opposé a Clinton à la presidentielle de 1996 un candidat bien terne, Bob Dole, et n'ont pu se prémunir de la concurrence de Ross Perot au centre-droit (Clinton l'avait emporté par 49% contre 41, et 8% à Perot).

Peu s'attendent à ce qu'Obama parviennent à se réinventer en centriste comme l'avait fait Clinton. Les Républicains auront sans doute à gérer une confrontation qui maintienne l'enthousiasme de leur base (et évite ainsi un candidat Tea Party à la presidentielle de 2012) sans effrayer les électeurs modérées. Et – sans doute le plus difficile – s'accorder sur un candidat de qualité capable de battre Obama en 2012.

6. Référendums

C Les Californiens devaient se prononcer en faveur ou non de la légalisation du cannabis. Les sondages donnaient le oui légèrement vainqueur. De nombreux soutiens avaient appuyé la campagne en faveur de la légalisation: James Riegdon  de l'équipe d'Obama en 2008, ou Philip Harvey  figure majeure dans le monde de la pornographie. Néanmoins, la légalisation du cannabis a été largement rejetée par 57% des suffrages.

En revanche, le référendum pour rendre inopérante une loi anti-CO2 a été rejeté.

Au Colorado, échec du référendum sur la reconnaissance du foetus comme personne, dans les mêmes proportions qu'en 2008 (72%).

Pour la première fois depuis les années 1990, aucune mesure concernant le "mariage" homosexuel n'était soumise à référendum. Toutefois, en Iowa, les électeurs ont remplacé trois juges de la Cour suprême de cet Etat qui avaient participé au vote unanime de 2009 en faveur de la légalisation des unions entre "gays" ou lesbiennes.

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14 commentaires

  1. Ce matin sur France-Info, on sent les journalistes déçus (c’est le moins qu’on puisse dire) des résultats aux États-Unis, mais convaincus que le scenario de 1994-1996 va se rejouer: en somme, les Républicains ont deux ans pour démontrer leur incompétence et assurer la réélection d’ Obama.

  2. On reproche à Boehner de mettre de la religion et d’être pro-life. Mais c’est très bien, ça!
    ici un groupe de juifs de gauche:
    http://www.democraticunderground.com/discuss/duboard.php?az=view_all&address=364×307327

  3. Obama ne marche plus sur l’eau…

  4. merci de ces précieuses informations
    j’attends les suivantes
    ps; Obama n’a plus les mains libres pour la politique intérieure mais pour l’extérieure il peut encore faire beaucoup de “mal” !!

  5. Les titres du Figaro donnent une idée de la préférence et de la déception du quotidien de “droite”…
    Barack Obama tend la main aux républicains
    http://www.lefigaro.fr/international/2010/11/02/01003-20101102ARTFIG00747-comment-obama-peut-rebondir.php
    Etats-Unis : l’essor républicain menace les réformes
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/11/03/04016-20101103ARTFIG00323-usa-l-essor-republicain-menace-les-reformes.php

  6. « Si les élections pouvaient changer les choses, elles seraient interdites. »
    Nous avons du mal à comprendre, tout le monde, enfin presque tout le monde, semble se réjouir du résultat des élections outre-Atlantique, comme si le soleil s’était levé ce matin sur un monde nouveau. Certains chroniqueurs de là-bas allant même jusqu’à déclarer que c’était la revanche de l’homme blanc.
    Certes les chiffres paraissent indiquer une passassion de pouvoir, certes il fallait se débarasser de l’encombrant métisse (ce qui est loin d’être faits, les électeurs comme les femmes ayant l’humeur changeante). Mais avec quelle marge, 3% ? 5% ? et combien d’électeurs sont-ils allés voter ?
    Le jour où l’on pourra parler de changement sera celui où, las de la mascarade et des promesses jamais tenues, personne n’ira voter – ou celui où tous iront voter dans le même sens. En attendant, leurs nouvelles marionnettes mises en place, les princes de l’usure et les marchands de canons, et tous les autres, vont pouvoir continuer à régner sur le monde.

  7. Passation, pardon.

  8. merci et bravo pour la qualité de cette synthèse.

  9. Noam Chomsky disait ” les USA sont un regime à parti unique avec deux tendances”, comme en France ?

  10. France Intox ce matin :
    ‘Obama devra COLLABORER avec les républicains”
    Nous marchons sur la tête !
    Orwell, au secours !

  11. L’échec relatif des Tea Party divers, malgré la justesse de leurs revendications, nous montre qu’on ne conquiert pas les institutions sans en accepter un minimum de règles, et en heurtant excessivement l’électorat.
    Leçon valable en France pour les jusqu’au boutistes de toutes tendances sur tous les sujets au sein de la droite nationale. La modération est le gage de la crédibilité.

  12. @ pg
    Votre tentative d’amalgame avec la compétition Gollnisch-Marine le Pen est vaine.
    Les idées tant sur le plan sociétal qu’économique et social, les soutiens très atypiques de Marine le Pen la classeraient à l’extrême-gauche aux EU.

  13. @ Anonyme
    Il ne s’agissait pas -seulement- de cette compétition. Je pensais au sujet des PNN réduits à la seule question de la loi Veil et à l’incapacité de certains commentateurs à prendre en compte l’état de l’opinion avant de concevoir une stratégie politique sur ce sujet.
    Il est significatif que ce soit des gens dont la plupart avaient fait voté SARKOZY qui ont lancé AUDACE 2012 : la droite nationale-catholique qui n’a jamais abandonné ce combat, a raté le coche, et c’est significatif des conséquences de ses excès verbaux. Plutôt que le plus grand dénominateur commun, on y préfère toujours le plus petit dénominateur, par élimination constante des ”déviants”. Ce n’est pas ainsi qu’on rassemble et unifie pour une cause commune. Dont acte. Il faudrait tout de même en tirer des leçons.
    Par contre, sur le plan économique et social, aux USA, c’est toute la droite nationale, ainsi que le FN, qui serait jugée étatiste, centralisatrice et jacobine, socialisante car partisane du système de protection sociale mis en place par Thorez en 1945-46 : ce sont sont là les thèmes majeurs des différentes composantes des Tea Partys.
    Cela dépasse infiniment le cadre de la compétition actuelle au sein du FN : pour les Français, l’Etat a remplacé la figure du Roi comme défenseur de leurs libertés, alors que pour les Américains il est conçu comme un oppresseur potentiel de leurs libertés.
    La droite nationale utilise actuellement un vocabulaire de gauche sur certains sujets pour défendre des idéaux de droite : pas certain que cela ne se retourne pas contre elle lors des prochaines échéances électorales, car l’ambiguïté qui en découle peut troubler l’aile droite de l’électorat UMP, celui qui est à reconquérir.

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