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France : Société

Entrer en dissidence

Suite et fin de l'article de Rémi Fontaine, dans Présent, sur l'application des principes non-négociables :

"Comme certains « dissidents » l’avaient saisi pour le régime communiste, la complicité grandit entre ceux qui subissent le système libéral (la dictature du relativisme) et le système lui-même. Au point qu’au sein d’Ichtus (ex-Cité catholique), sans renoncer à son style d’action contre-révolutionnaire, certains proposent aujourd’hui d’y ajouter ce qu’on pourrait appeler la culture ou la vertu de dissidence : « Elle consiste dans le refus d’être l’acteur de son propre système d’oppression » (Philippe Darantière). Outre la dissidence personnelle, on a eu aussi l’exemple d’une dissidence communautaire, identitaire, représentative, corporatiste en quelque sorte avec « Solidarité » en Pologne…

C’est là où, tout en étant plutôt étranger à la pensée du théologien américain William Cavanaugh, on le rejoint volontiers dans sa volonté et ses propositions d’alternative chrétienne, que nous appelons pour notre part un sain et légitime communautarisme, avec des chrétiens et des institutions qui agissent en tant que chrétiens et non plus seulement en chrétiens, selon la subtile distinction de Maritain : « En ce sens, les micro-solutions sont destinées à devenir des macro-solutions, lesquelles pourront alors évangéliser le monde. Je n’écarte pas l’idée de commencer, dans certains domaines, par des macro-solutions, pourvu que ceux qui les initient aient une connaissance éprouvée de l’Etat-nation moderne lorsqu’ils traitent avec lui… Je crois même que les chrétiens peuvent s’engager dans des accords ponctuels avec les Etats. » (Migrations du sacré, p. 47 et 251).

Le professeur Claude Rousseau l’avait dit autrement : « Il se pourrait faire qu’à partir d’un certain moment de l’évolution de la société libérale, la lucidité doive prendre le relais de l’optimisme politique (…). D’où l’idée d’une lutte sur un autre terrain qui serait beaucoup plus modestement celui de la société civile, dans le cadre des communautés ou des petits groupes les moins contaminés et porteurs à ce titre, de l’avenir social des autres ; et en ne se faisant pas d’illusions sur ses chances de retentissement immédiat. » (Disputatio n° 1, 1979).

Parmi d’autres exemples, on pense notamment aux écoles catholiques hors contrat. Ce qui n’empêche pas d’agir en missionnaires dans les autres écoles, ni même en politique, mais il faut bien discerner à la fois la complémentarité et l’urgence hiérarchique des tâches. […] Autrement dit, la défense politique des principes non-négociables passe aujourd’hui par ce qu’on pourrait appeler paradoxalement une praxis non-négociable qui est la solidarité sans faille et représentative des familles chrétiennes, refusant de sacrifier aux nouvelles idoles du temps, à l’instar des premiers chrétiens. Ce n’est plus directement et « artificiellement » d’en haut (du monarque ou de l’Etat) mais d’elles (d’en bas), que pourra renaître organiquement une chrétienté avec ses principes non-négociables, comme l’Europe chrétienne est née jadis des monastères. Ce n’est plus sur trois grains d’encens qu’il s’agit de céder ou de ne pas céder religieusement, mais sur trois points relatifs à la loi (morale) naturelle, au sujet desquels Benoît XVI nous demande de ne pas transiger politiquement."

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