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France : L'Islam en France / France : Société

Entre Charlie et le Bataclan, l’oubli du patron décapité dans l’Isère

Hervé Cornara est ce patron d’une société de transports dans l’Isère qui avait été sauvagement décapité par son employé, Yassin Salhi, 35 ans. On apprend que ce Salhi était fiché S. Sa femme et son fils déclarent à Paris Match :

"Personne ne nous a prévenus qu’il avait une fiche S. S’il était susceptible de passer à l’acte, il ne fallait pas le laisser livrer du gaz. C’est comme donner un briquet et de ­l’essence à un pyromane ! […]

Comment avez-vous vécu les événements du 13 novembre ? 

A chaque attentat, je vis un nouveau cauchemar. Ce jour-là, une surprise avait été organisée pour mon anniversaire… Les invités n’osaient pas me parler de ce qu’il se passait à Paris, ils se relayaient dans les voitures pour écouter la radio. Quand j’ai su, j’ai préféré rentrer, je pensais aux familles. Depuis, tous les vendredis, je me demande ce qu’il va encore arriver.

Puis il y a eu tous ces hommages. Et on a traité les victimes de façon si différente… Il me semble qu’on oublie mon père et je ne comprends pas pourquoi… Parce qu’on est en Isère et qu’il est la seule victime ? Parce qu’on veut se rassurer en se disant qu’il s’agissait d’un conflit personnel entre un employeur et son salarié ? Les drapeaux de Daech, la photo de mon père expédiée en Syrie, les contacts sur place, tout ça, ça ne compte pas. Je rappelle que son assassin avait choisi de mourir en martyr sur le site d’une société américaine où il n’avait aucune livraison prévue.

Le 23 décembre, quand vous avez appris le suicide de Yassin Salhi, quelle a été votre réaction ? 

Sa mort nous prive d’un procès, et d’une confrontation. Nous y étions prêts. On nous assure que l’enquête continue.

Le juge m’avait proposé une confrontation. Mes proches m’en ont dissuadé. Je le regrette aujourd’hui, car je n’aurai pas de réponse à mes questions. J’en veux à la prison de ne pas l’avoir surveillé et à l’Etat de ne pas nous avoir prévenus qu’il était fiché S. Le procès aurait servi parce que, généralement, les terroristes ne sont jamais arrêtés. La France aurait pu dire : “Celui-là, on va s’en occuper.”"

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