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Liberté d'expression

En 2020, la promotion de la famille vaut un procès en sorcellerie

En 2020, la promotion de la famille vaut un procès en sorcellerie

Dans Valeurs Actuelles, le père Danziec revient sur la liberté d’expression en France :

Bienvenue en 2020 où défendre la paternité, la maternité, l’importance de la vie, fut-elle frappée d’un handicap ou non, posent problème. La mi-janvier n’est pas passée et l’on serait déjà tenté de dire vivement l’année prochaine. A dire vrai, la récente polémique autour de la campagne d’Alliance Vita dans les rues parisiennes ne donne pas le goût du présent. En visionnaire, Bernanos le soulignait dès 1947 :

« L’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : “l’homme qui ne fait pas comme tout le monde”. »

Bien-sûr cette nouvelle affaire des placards n’a pas la même résonnance que la première, sous François Ier. Nul n’a été contraint à l’exil ou brûlé vif en place de grève. Le juge des référés a même ordonné la reprise immédiate de l’affichage avec astreinte financière si non-exécution. Mais les réactions vives et offusquées de la maire de Paris, son acharnement aussi, témoignent d’un terrorisme intellectuel qui sévit de façon latente depuis plusieurs décennies, et sans ambages aujourd’hui. Les batailles idéologiques n’exhalent plus le même parfum et les bûchers ont changé de combustible. La censure a remplacé les flammes. L’ostracisme, la fumée. L’iconographie des affiches d’Alliance Vita était pourtant sobre et leur message clair, d’un naturel tranquille : le progrès réclame un cadre, des conditions de vie pour s’exprimer. Au risque de contrevenir au bon sens, de troubler l’ordre des choses. Il n’y avait rien d’agressif. Pas plus que de transgressif. Il n’empêche, à l’heure d’une société liquide qui se prend à rêver de l’abolition des barrières et à prôner le dogme de nulle contrainte, s’appliquer à rappeler l’équilibre du réel relève désormais du discours discriminatoire et haineux. La promotion de la famille traditionnelle vaut un procès en sorcellerie, une mise à pied et l’injonction de se taire.

Au-delà du message des affiches, et plus généralement des désaccords et des différences de point de vue qui peuvent survenir en société, c’est la manière qui interroge. Frédéric Dard n’a rien d’un La Rochefoucauld, certaines de ses pensées valent cependant le détour et il ne se trompe pas lorsqu’il affirme que « deux hommes intelligents, d’idées opposées, trouveront beaucoup plus de choses à se dire que deux c… appartenant à un même parti. » Le temps de La Grande Illusion, celui du débat courtois et viril entre Pierre Fresnay et Eric von Stroheim semble appartenir à une époque révolue. Notre monde tourne en rond. Il prône l’interdit d’interdire depuis plus d’un demi-siècle pour se mordre la queue. Et s’étouffer. Depuis qu’on a vidé les églises, les hommes n’ont jamais autant été sermonnés. Les disputes deviennent folles et les polémiques se font désastreuses. Or n’est-ce pas quand une société et une époque s’emploient à anesthésier les esprits, à endormir les âmes et à s’emparer des cœurs pour les contraindre à suivre des chemins tracés, que les sursauts sont nécessaires ?

Depuis longtemps, la droite des valeurs ressemble à Saint Jean-Baptiste : une voix qui crie dans le désert. Mais elle n’a pas eu tort de crier. L’alerte sur tout ce qui relève du politiquement correct finit par trouver un écho. Dans un éditorial bien senti dans Charlie Hebdo, Riss – survivant du carnage des frères Kouachi – passe au kärcher les nouveaux visages de la censure. 5 ans après les attentats, il s’inscrit dans le même sursaut contre la police de la pensée. Selon le dessinateur, les nouveaux docteurs de la loi imposent des orthographes genrées, déconseillent d’employer des mots supposés dérangeants, ordonnent de ne plus manger ceci ou de ne plus fumer cela.

« Aujourd’hui, il faut apprendre à dire m… aux associations tyranniques, aux minorités nombrilistes, aux blogueurs et blogueuses qui nous tapent sur les doigts comme des petits maîtres d’école quand au fond de la classe on ne les écoute pas et qu’on prononce des gros mots » écrit-il.

La bêtise avilit les intelligences. Mais elle a au moins le mérite de fédérer les rebelles face à la police de la pensée. De Charlie Hebdo à Valeurs Actuelles, des victimes des Sleeping Giants à celles des minorités diversitaires, la convergence des luttes passe par la défense de la liberté.

Mais quelle est-elle cette liberté chérie ? Léon XIII, dans une encyclique sur le sujet qu’il faudrait relire, nous dit que la liberté est un excellent bien de la nature humaine. Il est même l’apanage exclusif des êtres doués d’intelligence, celui qui confère à l’homme une dignité en vertu de laquelle il devient le maître de ses actes. Ce qui importe néanmoins dans cette prérogative, c’est la manière dont on l’exerce. De l’usage de la liberté naissent les plus grands maux comme les plus grands biens. Mais la liberté est à ce prix. Celui d’être blessé par les opinions contraires ou élever ou transformer par elles. Refuser de payer ce prix, c’est montrer le peu de cas que l’on fait d’elle. C’est préférer en définitive son opinion à la liberté. Son petit moi à un Autre en mesure d’élargir nos perspectives. La liberté ? Le chrétien ne saurait en avoir peur, puisque le Seigneur l’a enseigné : c’est la vérité qui rend libre. Non pas la succession de lois et de pointages de doigts.

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