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Pays : Italie

Elections : pas de compromis avec les points non négociables

À la veille des élections législatives italiennes, l’Observatoire international Cardinal Van-Thuân publie un communiqué pour éclairer le discernement des électeurs :

"À chaque campagne électorale, les catholiques se […] sentent le devoir faire en sorte que les lois et les programmes politiques tiennent compte des “principes non négociables” — vie, famille, liberté d’éducation —, mais ils peinent ensuite à trouver un parti totalement fiable sur ces questions. […] le destin du laïc catholique engagé en politique, comme candidat ou comme électeur, est-il dans le compromis ? Les “principes non négociables” expriment des valeurs fondamentales de raison et de foi pour construire une société qui respecte la dignité de la personne humaine. Ils ne sont pas relatifs, et pour cette raison, ils ne peuvent pas être objet de négociation.

[…] il y a beaucoup de questions politiques qui relèvent du champ du “possible” et pour lesquelles il est licite de discuter les intérêts légitimes de chacun, mais il y a aussi certaines questions qui ne laissent pas la place au compromis. […] La distinction entre convictions personnelles et expression publique vaut pour de nombreuses questions, mais pas pour toutes. Lorsqu’il s’agit d’actions qui blessent profondément la dignité de la personne humaine, on ne peut pas distinguer conviction personnelle et action politique. L’enjeu, en effet, n’est pas seulement le respect de “mes convictions individuelles et privées”, mais le respect de la vérité fondamentale de la personne, qui ne dépend pas de moi. […]

La responsabilité institutionnelle ne peut pas être un alibi pour taire sa conscience. Sinon, pourquoi Jean Paul II aurait-il proposé Thomas More comme patron des responsables politiques ? L’objection de conscience a et aura dans l’avenir encore plus de signification politique ; dans certains cas, elle commande la démission de ses fonctions ou de son mandat. […] Il n’est pas licite de faire le bien par le mal, ni de commettre un acte intrinsèquement mauvais. […] De plus en plus, l’objection de conscience va devenir une manière de faire de la politique. […]

Si la thèse de l’impraticabilité politique des “principes non négociables” était vraie, il en découlerait deux conséquences absurdes pour le catholique. La première serait que le Magistère, qui ne cesse de proposer aux catholiques le critère des principes non-négociables, ou se tromperait ou bien ne donnerait volontairement que des indications abstraites, idéales, laissant à la seule conscience des laïcs la tâche de trouver un compromis. Mais il ne peut en être ainsi, parce que le Magistère n’a jamais soutenu et ne peut pas soutenir que l’on peut faire ce qui est intrinsèquement erroné. La deuxième conséquence serait que le rôle des laïcs dans la vie politique serait diminué. Les chrétiens seraient condamnés au compromis, alors que leur devoir de laïcs est "d’ordonner l’ordre temporel à Dieu". Un tel affaiblissement de la vision du rôle des laïcs contrasterait avec la théologie catholique du laïcat.

[…] il incombe aux laïcs engagés dans la vie politique d’œuvrer en vue du respect pratique des principes non négociables, et de se libérer du fatalisme du compromis. Si les “principes non-négociables” n’existent pas, le bien commun est impossible parce que rien ne saurait s’opposer à la discrimination de l’homme par l’homme. […] Le bien commun n’est pas le moindre mal commun."

Michel Janva

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7 commentaires

  1. Et bien voilà qui rend définitivement impossible au nom du moindre mal de voter pour des partis qui dans leurs propositions ne se conforment pas aux points essentiels de la morale naturelle. Les compromis boutinistes et les alliances en zig zag villiérites (ainsi Martin Peltier a t il été l’allié d’un UMP, battu d’ailleurs, et qui ne fait pas mystère de sa ”différence” d’inverti), c’est délicat, très délicat.
    Les ambiguïtés langagières de certains dirigeants de la droite nationale, ou leur silence par refus d’engagement sur les sujets les plus exigeants de l’avortement, euthanasie et bioéthique, c’est désormais inacceptable.
    Le vote catholique doit devenir le plus ”cher”, le plus difficile, le plus dur à obtenir : un groupe de pression pour la Vie, mettant en balance vote ou vote blanc devient maintenant catholiquement justifié.
    Qaund on examine les résultats des dernières cantonales et municipales, si les électeurs les plus à droite et les plus convaincus avaient voté au second tour, la gauche n’aurait pas pu se dire vainqueur : c’est là la preuve du poids que les catholiques de conviction peuvent avoir.
    C’est bien gênant pour certains qui ont fait prendre aux cathos conservateurs des vessies percées pour des lanternes lumineusement et familialement chrétiennes : ils portent désormais une ”sacrée” responsabilité sur les épaules, du fait de leur imprudence calculée.

  2. La conduite à tenir ne peut être l’abstention parce que sans signification visible mais peut-être le vote nul par inscription du désaccord sur le bulletin.
    [C’est l’inverse qui est vrai puisque le premier chiffre communiqué et auquel est garanti une forte publicité est celui de l’abstention et non du vote blanc ou nul. D’ailleurs on ne parle que très rarement des votes blancs ou nuls. En revanche, il ne faut pas hésiter à écrire aux élus pour leur expliquer le sens de cette abstention. MJ]

  3. Les choses étaient déjà claires : elles ne le sont que davantage encore. Il est temps que les hommes politiques cessent de considérer les électeurs catholiques comme des sous-électeurs ralliables contre quelques miettes. Eh oui, les points non-négociables sont… non négociables !

  4. La question des points “non négociables” est délicate en terre de France.
    Non négociables, ces points n’appellent pas d’arrangements.
    Aussi, quelle doit être la posture d’un catholique, encouragé par son Devoir d’Etat, dans sa vie politique?
    Ne pas voter (vote blanc mal ou nullement pris en compte)?
    S’abstenir?
    Si nous n’étions pas dans le système des copains et des coquins, nous pourrions dire à tous ceux qui sont catholiques de se battre dans leur parti pour que ces idées soient appliquées. Or nous le savons, quelque soit le parti dont nous nous sentons le plus proche, et je suis très large (FN, MPF, MPR, CNI-UMP, UMP, NC, PS), il appartient à l’appareil politico-constitutionnello-fraternel français, ce qui, du coup, voue à l’échec toute tentative d’harmonisation avec les points non négociables. Aucun parti n’est en adéquation avec les points non négociables, quoiqu’en disent certains.
    Pascal G. nous dit que le non-vote des catholiques pourrait peser. Dans l’absolu, oui, je pourrais rejoindre cette idée. Nos gouvernants imposés et leurs opposants savent cependant que nous nous faisons un devoir de voter, même nul. Ils savent le manque d’engagement factuel de nos correligionnaires, et que ces derniers voteront, même quand nous (si l’on peut se considérer comme les plus investis) ne voterons plus. Aucune des mesures prises ces 30 dernières années ne va dans notre sens. Cela montre l’importance qu’ils donnent à notre vote, ou notre non vote.
    Ce qui manque concrêtement, et même si nous n’arriverons jamais à l’utopique parti catholique français, c’est une fédération matérialisée de nos convictions. Association, parti politique, fédérations syndicales de branche, peu importe, mais une réelle entité, avec un pouvoir de communication, représentant notre vision de la vie, et incluant, au strict minimum, les points non négociables dans sa charte fondatrice.
    Utopie, j’ai écrit le mot, prouvez-moi le contraire.
    [Le contraire a existé aux USA où les cathos n’ont pas permis la réélection de Bush Père, faisant gagner Clinton, ce que Bush fils a compris : les mesures pro-vie sont bien réelles aujourd’hui. Et McCain sait très bien ce qu’il doit dire et faire pour acquérir les 2-3% qui pourraient lui manquer…
    En France, pas besoin de parti catholique ou d’inter-syndicale médiatisant notre absence de vote. Il y a juste besoin des voix de nos évêques. Utopie ? Je ne crois pas, plusieurs se sont déjà déclarés favorables à l’objection de conscience. MJ]

  5. En France, le vote blanc est décompté avec le vote nul, contrairement à d’autres pays européens, comme la Belgique, je crois.
    Cela nous prive de la possibilité d’exprimer le rejet de tous au second tour, celui de l’élection. L’abstention est moins ”analysable”, mais elle pèse lourd, lorsque trop de voix manquent au second tour au candidat de droite. Les groupes de pression catholiques et pro vie américains firent ainsi battre par l’abstention BUSH père lorsqu’il se représenta pour un second mandat. Le fils s’en est souvenu pour être élu et pour être réélu.
    Une éditorialiste catholique républicaine très influente a déclaré il y a qq semaines qu’elle préfèrerait plutôt voter Clinton que Mac Cain, du fait de l’absence de fermeté de celui ci sur les questions de défense de la Vie et de bio éthique. Il semble depuis avoir rectifié : les politiques ne comprennent que les tirs du corps électoral.

  6. Si j’adhère à l’analyse de votre exemple “made in America”, je peux difficilement l’accepter dans le cas qui nous occupe, celui de la France. Les systèmes électoraux sont trop différents, l’électorat aussi.
    [Pourtant, à la dernière présidentielle, il aurait pu facilement manquer 2-3% à N Sarkozy. Au nom de l’objection de conscience. La politique c’est du long terme.
    Ceci dit, vous discutez sur la méthode et non sur le fond, lequel est “non négociable”. MJ]

  7. Petite remarque concernant l’objection selon laquelle le vote blanc serait mal pris en compte dans le système francais : lors du dépouillement des votes, tous les cas de figure (blanc, nul, etc…) sont soigneusement recensés dans le procès verbal. Il semble donc logique que si ces informations ne sont pas ou mal communiquées dans les grands médias (ce qui de toute facon ne présente pas grand intérêt : ce n’est pas les électeurs que nous voulons influencer !), ils peuvent être en revanche étudiés par le pouvoir en place.
    Par ailleurs le % de votes blancs est généralement précisés dans les journaux si je ne m’abuse.
    Ensuite : importance du courrier à envoyer aux candidats pour expliquer le vote blanc (un petit effort qui paye…)
    Enfin, il ne s’agit au fond pas tant de s’interroger sur l’efficacité du vote blanc que d’agir en conscience. La fin ne justifie pas les moyens, règle de base…

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