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Culture de mort : Euthanasie / L'Eglise : L'Eglise en France

Désormais, avec les progrès des antalgiques, on ne sent plus Dieu qui approche

DiatDans Un Temps pour mourir, Nicolas Diat évoque la mort derrière les murs des monastères, où les hommes de Dieu passent leur existence à préparer le grand passage. De Cîteaux à Lagrasse, de la Grande-Chartreuse à Solesmes, Nicolas Diat a recueilli les confidences de moines sur la fin de leurs vies. Il y en a de simples, d’heureuses, de belles et de lumineuses, des agonies lentes ou douloureuses. Sans aucun doute, ils peuvent nous aider à comprendre la souffrance, la maladie, la peine et la solitude des derniers instants. Extrait, à l'abbaye d'En-Calcat, entre Castres et Carcassonne :

"Personne ne choisit sa fin. Et pourtant, Dieu laisse des médecins abréger des vies. Lorsque j'ai interrogé dom David à ce sujet, un silence s'est installé dans la pièce où nous parlions depuis de longues heures : "Aujourd'hui, le problème de la sédation est grave. Nous devons lutter contre des souffrances intolérables. Mais si nous ne sentons plus la douleur, la vie s'en va. Désormais, avec les progrès des antalgiques, on ne sent plus rien. On ne sent plus la vie. On ne sent plus l'humanité. On ne sent plus Dieu qui approche. L'homme devient une machine abstraite. Plusieurs frères ont souhaité écrire des consignes de fin de vie. Ils refusent l'acharnement thérapeutique et ils ne veulent pas d'une sédation profonde. Nous voudrions partir dans notre sommeil. Les médecins enclenchent des comas artificiels pour être certains que le malade ne souffre plus. La peur est mauvaise conseillère. Elle est l'antithèse exacte de la foi. Nos sociétés matérialistes ont une obsession irrépressible de la douleur. Pourquoi notre monde a-t-il oublié que la vie n'existe pas sans la souffrance ? En Occident, nous sommes des natifs et nous avons peine à imaginer quotidien de l'immense majorité de l'humanité. Comment dois-je réagir quand un moine de quatre-vingt-dix ans demande un appareil auditif ? Comment dois-je réagir quand cet investissement de trois mille euros pourrait soigner vingt personnes dans un village africain ? Comment dois-je réagir quand un frère de quatre-vingt-quinze ans demande un nouvel appareil dentaire ? Quand on pense que nous mangeons beaucoup d'oeufs, de poisson et peu de viande… Il y a des moines hypocondriaques. Ce sont des fragilités. Si le frère accepte retravailler sur cette faiblesse, un grand pas est fait. Son défaut est choquant, mais Dieu pardonne tout".

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