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Culture de mort : Avortement / France : Société

Des soignants quittent leur travail parce qu’on les oblige à prescrire la pilule ou à participer à des avortements

Au lendemain de la Marche pour la Vie naissait une nouvelle antenne d’écoute : Nos mains ne tueront pas, dédiée au personnel soignant. Odile Guinnepain est infirmière en soins palliatifs et s’occupe de leur organisation en maison de retraite. C’est elle qui a lancé et dirige cette nouvelle plateforme d’écoute, rattachée à l’Association Choisir la Vie. Elle a été interrogée par Anne Isabeth dans Présent. Extrait :

8840-p3-flyer-2"Plusieurs choses m’ont montré la nécessité de créer une telle plateforme. J’entends ponctuellement, au gré des rencontres, des soignants – et particulièrement des sages-femmes et des infirmières – dire qu’elles quittent leur travail en raison d’un ras-le-bol, parce qu’on les oblige à prescrire la pilule ou à participer à des avortements. Elles disent n’être pas venues à cette profession pour cela. Il y a aussi beaucoup de questions autour de la sédation terminale, qui débouche sur la mort rapide du patient. J’ai eu récemment l’appel d’une infirmière à qui l’on a demandé de poser une sédation terminale sur une jeune femme, non parce qu’elle se trouvait en fin de vie mais parce qu’elle le demandait. Devant son refus, l’établissement a fait venir une équipe mobile de soins palliatifs qui a validé la décision et ordonné l’administration de cette sédation. L’infirmière en question m’a appelé pour savoir comment faire. Je lui ai donné des outils pour qu’elle puisse surveiller l’administration de la sédation et déterminer quand il y avait surdosage et éviter ainsi la mort. Tout s’est bien passé pour la patiente. Mais lorsque l’infirmière est revenue après plusieurs jours d’absence, elle a appris que la jeune femme était décédée rapidement : l’équipe mobile de soins palliatifs, qui avait ordonné la sédation, est venue et est restée jusqu’au décès de la patiente. Il paraît que cette équipe était furieuse du comportement de l’infirmière mais n’a rien pu lui reprocher, puisqu’elle a agi de façon professionnelle.

Enfin, lors de la dernière marche pour la vie, j’ai compris qu’il y avait très peu de professionnels de santé qui venaient en tant que tels, alors qu’ils sont les premiers concernés par ces lois mortifères. S’ils ne suivaient pas cette culture de mort, elle s’éteindrait par elle-même. Je me suis dit qu’il fallait que les soignants se montrent. L’idée de cette antenne est, bien sûr, de les écouter, mais aussi de les accompagner lorsqu’ils ont des difficultés d’ordre éthique. Il faut les aider, pour que tout le monde ne quitte pas le navire. […] Le but est de leur donner des outils – comme ce que j’ai pu faire avec cette infirmière en soins palliatifs – pour qu’ils puissent continuer d’exercer leur profession, tout en respectant la vie. C’est possible même si c’est, il est vrai, très difficile.

Dans cette perspective d’accompagnement, vous proposez des week-ends de formation ?

Exactement, le premier aura lieu les 27 et 28 mai prochains. Il existe déjà beaucoup de formation sur les sujets éthiques, et qui sont excellentes. Mais il manque une formation très technique, qui parle aux professionnels et qu’ils puissent appliquer dans leur travail quotidien. Nous avons des réponses à donner sur le sujet, pour la simple raison que j’ai pu l’expérimenter dans mon propre travail. Le thème de cette première session est « Comment contourner les sédations terminales euthanasiques ». Pour les prochaines, nous sommes prêts à accueillir d’autres spécialités, pour parler bien sûr. Mgr Aupetit nous accompagnera et nous éclairera sur l’objection de conscience. […]

Vous conseillez les soignants pour qu’ils ne posent pas d’acte contre la vie… Ne tomberiez-vous pas sous le coup de la loi contre le délit d’entrave ?

Il faut quand même prouver qu’en conseillant des soignants, on fait pression sur des femmes voulant avorter. Et puis vous savez, je n’ai jamais entendu de femme porter plainte contre une association qui aurait fait pression sur elle pour qu’elle garde son enfant. Cette loi ne me fait pas peur. Certes elle est dramatique, mais elle est aussi une bonne nouvelle : c’est parce qu’on les dérange que le gouvernement l’a fait voter aussi rapidement."

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