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Sens Commun interpelle le gouvernement sur le délit d’entrave numérique à l’avortement

Extrait d'une tribune de Madeleine de Jessey, porte-parole de Sens Commun :

Maxresdefault"(…) Les députés devront se prononcer jeudi prochain sur proposition de loi visant à «l'extension du délit d'entrave contre l'interruption volontaire de grossesse» afin de rendre illégaux les «sites anti-IVG».

Cette qualification de «sites anti-IVG», reprise sans le moindre discernement par les principaux médias, est pourtant loin d'être neutre: c'est même l'arme la plus habile de Laurence Rossignol et de ses satellites. L'expression suggère en effet que ces sites seraient hostiles à la loi Veil et s'efforceraient d'entraver le droit à l'avortement. Mais qu'en est-il vraiment? Considérons les adresses que la ministre accuse des maux présentés plus haut: ivg.net, sosbebe.org, Testpositif, ParlerdemonivgAucune ne conteste le recours à l'avortement. Comme l'observait fin septembre Dominique Reynié, professeur à Sciences po, dans une tribune remarquable d'objectivité, «sauf procès d'intention, on ne trouve pas sur les sites pointés une hostilité au droit à l'IVG ; aucune apologie de l'entrave à l'IVG, laquelle serait inacceptable» ; de fait, leur objectif est moins de dissuader les femmes d'avorter que de leur permettre de poser un choix libre qui ne génère pas de regrets, notamment en leur fournissant une information que le site officiel du gouvernement se refuse obstinément à apporter sur les conséquences d'une IVG et les alternatives à l'avortement, au cas où la jeune femme hésiterait à garder son bébé, comme c'est souvent le cas. Pour poser un choix libre, encore faut-il pouvoir initier une démarche de réflexion, de recul, de discernement ; ce que ces sites permettaient de faire, en complément salutaire du site officiel du gouvernement. Mais voilà: le gouvernement ne tolère pas qu'on puisse peser autre chose que le pour, de sorte que les intéressées n'auront bientôt plus ni liberté, ni droit à l'information. Ou comment maintenir les femmes dans une minorité dont on prétendait pourtant les extraire.

Bien plus, la disposition prévue par ce nouveau texte de loi assimile le fait d'exprimer son opposition à l'IVG au fait d'empêcher physiquement une femme d'accéder à un établissement pratiquant une IVG, comme si la liberté d'expression d'une personne entravait la liberté physique d'une autre. En dehors de son caractère liberticide, le sophisme grossier sur lequel s'articule l'extension du délit d'entrave revient donc à considérer la femme comme un être mineur, incapable de réfléchir par elle-même, de se forger sa propre opinion ou de prendre de distance vis-à-vis du contenu d'un site web.

Logo-sens-communC'est la désinformation sur l'avortement qu'il s'agit de condamner à travers ce délit d'entrave, nous rétorque-t-on. Mais de quelle désinformation parle-t-on? Est-ce désinformer les femmes que de parler des conséquences éventuellement lourdes d'une IVG en publiant les témoignages de jeunes femmes qui en ont fait les frais? Oui, nous dit le gouvernement, qui affirme péremptoirement sur son site web qu'«il n'y a pas de syndrome post-traumatique qui persisterait à distance, plusieurs années après un avortement.» Ou comment fermer les yeux sur la souffrance de milliers de femmes qui ont eu le mauvais goût de vivre une tout autre expérience.

Est-ce désinformer les femmes, par ailleurs, que de les alerter sur les éventuelles séquelles d'une IVG sur leur fécondité? Oui, nous dit le gouvernement, qui affirme tout aussi péremptoirement sur son site: «Que ce soit par la méthode médicamenteuse ou chirurgicale, il n'y a pas de risque de stérilité. Bien au contraire, la fertilité revient assez rapidement.» Au diable les études internationales qui établissent que les femmes ayant des antécédents d'avortement sont face à un risque 2,3 fois plus élevé d'avoir un cancer du col utérin , et que l'endométrite est bel et bien un risque post-abortif, surtout pour les adolescentes, qui sont 2,5 fois plus susceptibles d'avoir une endométrite après une IVG que les femmes de 20-29 ans!

Est-ce désinformer les internautes, enfin, que de réaffirmer leur droit de décider par elles-mêmes et de résister aux pressions psychologiques ou physiques de leur famille, belle-famille, employeur ou conjoint dont elles sont encore trop souvent victimes? (…) Si le gouvernement s'active avec une persévérance proche du fanatisme contre des entraves qui n'en sont pas, que fait-il pour protéger les femmes de ces situations de harcèlement qui se multiplient partout en France? La vérité, c'est qu'à force d'avoir voulu ériger l'avortement en un droit fondamental et sacrosaint, les ayatollahs de l'IVG, loin d'avoir libéré la femme, l'ont soumise à des pressions et à une rétention d'information qui la dépossèdent progressivement de toute liberté de choix.

Au terme de ces observations, qu'on pardonne à la pauvre femme que je suis d'avoir eu l'audace de raisonner sur un sujet qu'il eût été plus simple, sans doute, de résumer suivant les termes du gouvernement:

La Réflexion, c'est l'Esclavage. La Libre Expression, c'est l'Entrave. L'Avortement, c'est le Chemin."

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1 commentaire

  1. Comment peut elle soutenir Fillon qui proclame que l’avortement est un droit fondamental?
    (il est donc logique que l’on traîne en justice quiconque s’oppose à un droit fondamental )
    Fillon est au premier rang des députés de “droite” ayant voté la banalisation définitive de l’avortement en 2014 proposée par Hollande Valls Touraine Taubira ….(et il s’en vante)
    la confusion, le désordre et la comédie humaine atteignent des sommets en ce moment !!!

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