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L'Eglise : L'Eglise en France

Défendre un patrimoine, qu’il soit matériel ou non, suppose de s’inscrire à la fois dans des permanences et dans une filiation

Défendre un patrimoine, qu’il soit matériel ou non, suppose de s’inscrire à la fois dans des permanences et dans une filiation

Le Père Danziec analyse le grand entretien que Stéphane Bern vient d’accorder à Valeurs actuelles :

[…] A lire l’entretien, fleuve et sans fard, auquel s’est prêté le présentateur de Secrets d’histoire dans les colonnes de Valeurs actuelles, comment ne pas établir un parallèle entre son combat résolu en faveur de monuments en danger et l’engagement de prêtres déterminés dans une France aux fondations chrétiennes menacées. Les paroles de Stéphane Bern en témoignent : trois points saillants participent à l’authenticité d’un sacerdoce. Le bénévolat, la solitude, les convictions. Trois signes qui ne trompent pas chez ceux qui remplissent une mission qui va bien au-delà de leur personne.

Bénévolat. Offrir de son temps : dans un monde où tout se compte, tout se monnaie et tout s’achète, la gratuité d’un ouvrage possède une valeur atomique. Et rappelle que le cœur humain est capable d’élégance aussi. La France périphérique reconnaît au présentateur son désintéressement. Sa parole au service de la cause du patrimoine est d’autant plus libre qu’il agit gracieusement. Tout comme le prêtre au service des âmes et du patrimoine immatériel de l’Église. Je me souviens du regard édifié d’un visiteur inconnu à qui j’avais ouvert les portes de mon presbytère. Éprouvant le besoin de se confier, je lui consacrais naturellement écoute et conseils. Ce dernier, à l’heure de partir, me demanda en portant la main à son portefeuille combien il me devait. Mon sourire réprobateur en guise de réponse fut plus éloquent à ses yeux d’homme que le réconfort de mes paroles. Le désintéressement du ministère sacerdotal enseigne souvent davantage que de jolies homélies.

Solitude. Pour faire avancer certains projets de restauration, Stéphane Bern se heurte à la pesanteur administrative. Et parfois aux contradictions inhérentes du « en même temps » élyséen. Le journaliste relativise le succès de ses émissions comparé à la déculturation rampante du PAF. Il avoue ses doutes et ses inquiétudes. Abrutissement généralisé, méconnaissance de l’histoire, hauts fonctionnaires qui ne comprennent rien : « On se dit que tout ce pour quoi on se donne du mal est ensuite battu en brèche. » Cette solitude, comme je la comprends. Prêcher l’unité dans les familles quand le législateur refuse son modèle naturel. Inviter au sens de l’effort à l’heure de l’apologie du bien-être. Rappeler la grandeur de l’oubli de soi alors que se placarde partout le primat du nombril. Dans le Far West de la postmodernité, le prêtre ne saurait ignorer sa dimension de pauvre cow-boy solitaire.

Convictions. Pour l’animateur, les monuments sont autant de vieilles dames dont il faut prendre soin avec le dévouement d’un jeune scout. « Le patrimoine que je défends est l’éloge de notre identité et de notre mémoire, notre unique rempart contre un monde que beaucoup souhaiteraient uniforme ». Il sait la cause suffisamment grave pour qu’elle rassemble son énergie. Pour le prêtre, le patrimoine auquel il consacre sa vie, c’est celui bimillénaire du christianisme. Les mœurs colonisées par la charité. Le calme d’un cloître. Le charme d’une mélodie grégorienne. Les écrits d’un mystique. Le service des pauvres. La prière des humbles. La croisée d’ogives qui laisse au regard le soin d’aller au-delà. Derrière le provisoire, il s’agit pour lui d’indiquer le définitif. D’enseigner au plus grand nombre les valeurs civilisatrices de l’Évangile.

Par sa place médiatique et son zèle sincère, Stéphane Bern présente le grand intérêt de vulgariser une idée-force. Défendre un patrimoine, qu’il soit matériel ou non, suppose de s’inscrire à la fois dans des permanences et dans une filiation. C’est-à-dire de savoir, pour reprendre l’expression de Rémi Brague, qu’il y a « en amont de soi un classicisme à imiter, en aval de soi un barbarisme à soumettre ». Le drame récent de Villeurbanne nous en rappelle, si besoin était, l’impérieuse nécessité.

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