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France : L'Islam en France

De Tariq Ramadan à Jacques Ellul : à propos de la conception musulmane du monde

De Tariq Ramadan à Jacques Ellul : à propos de la conception musulmane du monde

Imaginez avoir appris que Jean-Pierre Delevoye allait être l’orateur principal d’un débat organisé par un Cercle de réflexion en février prochain (on peut imaginer un sujet porteur : Argent, franc-maçonnerie et pouvoir politique : quel équilibre éthique ?) ; ou bien M.G.Matzneff (on peut imaginer : J’ai participé à la mise en place des ABCD de l’égalité de genre dans une classe de cinquième. Retour d’expérience). Vous sauteriez peut-être immédiatement de votre fauteuil pour demander l’annulation du débat prévu.

C’est ce qui vient d’arriver au Cercle The KitSon, dont le mantra est Bonding cultures (qu’on pourrait traduire par Pour unVivre-ensemble interculturel) et qui avait prévu un débat avec M. Tariq Ramadan le 11 février prochain à Paris. Le débat a été annulé.

C’est peut être dommage (même si les places à 195€ le rendait hors de prix…). Le débat ne concernait bien sûr pas La place de la femme dans l’amour courtois et la charia : étude comparative. Non, son titre était : « Will Muslims have taken over Europe by 2040 ? » (Les musulmans auront-ils pris le contrôle de l’Europe en 2040 ?). Après tout, 2040, ce n’est pas très loin, beaucoup moins loin certainement que l’application des clauses de la magistrale réforme des retraites en train de sombrer et pas seulement dans le ridicule. Et au regard de la situation française et européenne face à l’immigration et à la diffusion de l’islam, au regard d’un grand remplacement civilisationnel, toute réflexion qui alerterait sur ce sujet est bonne à prendre.

Alors, afin de nourrir une petite partie du débat qui n’aura donc pas lieu, il a paru intéressant de rappeler un texte de Jacques Ellul. Ce dernier, tout à la fois historien, sociologue et théologien protestant, a écrit deux textes sur l’islam qui ont été rassemblés dans un même ouvrage intitulé Islam et judéo-christianisme aux PUF.  C’est le deuxième texte qui nous intéresse : écrit en 1983 en anglais, il servait de préface au livre de Bat Ye’or  The Dhimmi : Jews and Christians under Islam (livre paru en français sous le titre Le Dhimmi. Profil de l’opprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe Editions Les Provinciales). C’est de cette préface que nous extrayons quelques lignes concernant la conception musulmane du monde (quand les musulmans ont pris le contrôle) :

« Qu’on le veuille ou non, l’islam se donne une vocation universelle, se déclare la seule religion qui doive amener l’adhésion de tous : nous ne devons garder aucune illusion, aucune partie du monde ne sera indemne. Maintenant que l’islam a un pouvoir national, militaire, économique, il cherchera à s’étendre sur le plan religieux à tout le monde…

Le dhimmi est donc celui qui vit dans une société musulmane sans être musulman. Cet homme a un statut social, politique, économique, particulier… Par bien des points, le dhimmi est comparable au serf européen du Moyen Âge. Mais la condition du serf était le résultat d’un certain nombre d’évolutions historiques (transformation de l’esclavage, disparition de l’Etat, apparition de la féodalité etc,). Et par conséquent, lorsque les conditions historiques changent, la situation du serf évolue jusqu’à disparaître. Il n’en est pas de même pour le dhimmi : ce n’est pas du tout le résultat d’un hasard historique, c’est ce qui doit être, du point de vue religieux et du point de vue de la conception musulmane du monde. C’est-à-dire, c’est l’expression de la conception totale, permanente, fondée théologiquement de la relation entre l’islam et le non-islam. Ce n’est pas un accident historique qui pourrait avoir un intérêt rétrospectif, mais un devoir être.

Dhimmi : ce mot veut dire protégé. Et c’est un des arguments des défenseurs modernes de l’islam : le dhimmi n’a jamais été persécuté ni maltraité (sauf accident), bien au contraire, il est un protégé… Mais bornons-nous à réfléchir à ce mot lui-même : le protégé. Et il faut bien se demander « protégé contre qui ? ». Dans la mesure où cet « étranger » est en terre d’islam, cela ne peut évidemment être que contre les musulmans eux-mêmes. Le terme de protégé implique en soi une hostilité latente…

La dhimma est une « charte octroyée », ce qui implique deux conséquences. La première, c’est que celui qui octroie la charte peut aussi bien la révoquer. En fait c’est un arbitraire. La seconde, c’est que nous sommes dans une situation qui est l’inverse de ce que l’on a essayé de construire avec la théorie des droits de l’homme et selon laquelle, du fait que l’on est un homme, on a, obligatoirement, un certaine nombre de droits, donc ceux qui ne les respectent pas sont eux dans une situation de mal. Au contraire, avec l’idée de charte octroyée, on n’a de droits que pour autant qu’ils sont reconnus dans cette charte et pour autant qu’elle dure. »

Evidemment, c’est un peu dur à lire pour ceux qui pensent que l’islam, au-delà d’être apparemment la religion préférée des déséquilibrés mentaux, est une religion de paix, d’amour et de tolérance.

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