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Histoire du christianisme

De la paternité à la gouvernance

De l'abbé Guillaume de Tanoüarn :

"Seul Dieu est vraiment et complètement "père". Le roi ? Je préfère dire avec saint Thomas qu'il est vicem populi gerens : il tient la place du peuple. Il est le résultat d'un processus d'identification. Qui t'as fait roi ? entendait Clovis. Il n'y a pas d'autorité humaine qui soit absolue. Même la légitimité monarchique, en ce sens, n'est pas un Absolu. Le roi n'est roi que quand ce processus d'identification est possible. Notez au passage que saint Thomas ne parle pas du sacre lorsqu'il se pose la question du meilleur régime politique en IaIIae Q105 a1. Il met comme seule condition à la monarchie bien tempérée qu'elle soit "mixée" d'une sorte de démocratie immanente. Le roi représente son peuple. Cette représentation est concrète. C'est une personne qui représente des personnes. Telle est la faiblesse intime du principe monarchique : il est personnaliste. Mais telle est sa force et sa beauté. Son humanité.

La République, d'une certaine façon, est beaucoup moins démocratique que ne le fut la Monarchie française issue du Pacte de Reims. C'est avant tout une idée, "une certaine idée de la France", la représentation de ce que Jean Jacques appelait un "Moi commun". Sont exclus a priori tous ceux qui ne partagent pas cette représentation et ainsi la République n'est pas tant le gouvernement de la majorité des citoyens que de l'unanimité présumée de tous les Républicains, les autres ne valant rien et pouvant être bannis ou décapités le cas échéant. Qu'est-ce qui fait le Républicain ? L'adhésion à l'idéal commun. La République est une idéocratie. Aujourd'hui l'idée européenne doit être imposée au peuple, elle est obligatoire. Et puis l'idée de la Consommation comme mode de vie, l'idée de la permissivité comme priorité et j'allais dire comme impératif collectif font partie du Moi commun de cette conscience collective républicaine – hors de laquelle il n'y a pas de salut. […]

Ce pouvoir monarchique compensait par sa légitimité (familiale et religieuse) ce qu'il perdait en force. Le roi ? C'était une autorité avant d'être un pouvoir. Et c'est cette autorité personnelle qu'il tenait de Dieu dans la cérémonie du sacre, de Dieu et du peuple insiste saint Thomas : Vox populi, vox Dei.

Aujourd'hui il y a de moins en mois de pouvoirs monarchiques. Même les entreprises sont souvent pilotées par des conseils d'administration, qui sont collectifs. Signe des temps. Mais le drame de toutes les gouvernances, c'est le conformisme, c'est-à-dire la conformité obligatoire. Quand on voudra vraiment remettre l'imagination au pouvoir, il faudra rompre en visière avec les gouvernances et revenir au gouvernement d'un homme. Mais pour éviter l'abus de tous les dictateurs, il faudra encore que cet homme s'identifie au peuple, selon la vieille logique monarchique, qui est chrétienne ou christique : "Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis"."

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