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Culture de mort : Euthanasie

De la dignité, on entend tout et surtout n’importe quoi

De la dignité, on entend tout et surtout n’importe quoi

De Vivien Hoch dans L’Homme Nouveau :

[…] De la dignité, on entend tout et surtout n’importe quoi. Le mot a été vidé de sa substance et de sa cohérence. Il a été manipulé, et nous devons dénoncer cette manipulation. Le mot « dignité » a été stratégiquement préempté par les militants de l’Association du Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD), afin de défendre l’euthanasie et le suicide assisté. L’expression « mourir dans la dignité » implique qu’il y aurait des morts indignes. L’expression introduit une variable dans un concept qui signifie justement l’invariabilité. Elle introduit du conditionnel dans l’inconditionnalité.  C’est l’exact inverse de la signification du concept de dignité.

La dignité est d’origine théologique. Saint Thomas d’Aquin, s’appuyant sur Aristote, montre que l’être humain est digne en ce qu’il participe de la dignité suprême de Dieu ; sa dignité est donc relative. Ce qui implique donc qu’elle ne dépend pas de critères humains. Ce n’est pas au médecin, au juge ou même au proche de décréter la dignité de tel ou tel. C’est justement cette hétéronomie de la dignité humaine qui lui donne son caractère inviolable et indisponible. Au fond, la dignité est ce qui reste quand on a perdu toutes les raisons d’être traité avec dignité. En cela, la dignité est « hors raison ». Elle n’est pas encadrée par le discours et par les phénomènes. Elle est « hors-cadre ». En cela, la dignité ne peut pas être jugée, que ce soit par un juge, un médecin ou même un proche. Elle ne dépend ni d’un état, ni d’une volonté – y compris la sienne propre.

« Cette dignité intrinsèque apparaît surtout avec force face à une personne qui, par ailleurs, a tout fait pour perdre sa dignité. Malgré ses actions déplorables elle reste ce qu’elle est : une personne. L’agir suit l’être, l’existence prolonge l’essence, mais le contraire n’est pas vrai : de défaillances, même très graves, dans l’action ou l’existence d’une personne, il n’est pas licite d’en induire la disqualification de totale de son être ou de son essence » (Alain Sériaux, La dignité, principe universel du droit ?, Actu Philosophia, vol. 6,1997, p. 296).

Par son état et ce qu’on juge de lui, Vincent Lambert subit une disqualification ontologique : il ne mérite pas d’être, à cause de son paraître. L’aristotélico-thomisme nous apprend que seul Dieu donne l’être et juge le paraître, étant à la fois seul médecin, seul juge et seul en pouvoir de vie ou de mort. Autrement dit, l’être humain est foncièrement un être de dépendance et d’hétéronomie – ce qui rend l’homme extrêmement dépendant, extrêmement humain. […]

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