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David Irving risque 20 ans de prison

L’historien britannique a été arrêté en Autriche pour avoir nié l’Holocauste (le mandat d’arrêt date de 1989), et risquerait jusqu’à 20 ans de prison s’il était reconnu coupable. La démesure de la loi autrichienne rappelle les excès saoudiens, les coups de fouet en moins.

Pourquoi cette loi, surtout assortie de peines aussi insensées, perdure-t-elle ? Sans doute parce que quiconque se déclarerait contre craindrait de se voir soupçonner de secrètes sympathies négationnistes. Le juriste américain conservateur Eugene Volokh, dont le blog est parmi les plus suivis du pays, n’a pas cette lâcheté, et exprime sa position sans tomber ni dans le négationnisme, ni dans le relativisme :

Naturellement, je ne partage ni de près ni de loin les idées d’Irving, telles que je les ai entendu décrites. Mais pourquoi ? Je ne suis pas moi-même spécialiste du sujet. Je fais confiance au consensus parmi les universitaires, comme chacun de nous doit le faire sur presque tous les sujets […].

Mais ce consensus n’est fiable que si les gens sont libres de le mettre en cause. […]

Prenez un sujet dont on a bien moins entendu parler, la mort de millions d’Arméniens en Turquie pendant la Première Guerre Mondiale. Je soupçonne que ce sujet est bien moins connu de nos lecteurs que l’Holocauste; moi, en tout cas, je le connais certainement moins bien. Demandez-vous : quel scénario vous convaincrait davantage que les Turcs ont délibérément essayé d’exterminer les Arméniens ? 1) Les plus éminents historiens sont tous d’accord sur le fait que c’est arrivé, et bien qu’il soit légal de présenter des arguments dans le sens contraire, ces arguments ne les ont pas convaincus; 2) Les plus éminents historiens sont tous d’accord sur le fait que c’est arrivé, et il est illégal de présenter des arguments dans le sens contraire. […]

Je n’ai jamais adhéré aux arguments selon lesquels les paroles ne peuvent pas faire de mal. Bien sûr que les paroles peuvent faire du mal. […] Mais il me semble que la liberté de parole doit être défendue car laisser le gouvernement la restreindre fait au bout du compte plus de mal que de bien. Et il me semble que laisser le gouvernement décider que certaines thèses historiques sont illégales causera au bout du compte bien plus de mal que de bien.

Henri Védas

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5 commentaires

  1. Ne serait-ce que par respect envers les millions de morts de l’Holocauste, cette loi est tout à fait justifiée. Toute négation de crime contre l’humanité doit être sévérement punie, tout comme les personnes qui ne dénonçent pas ces crimes en questions.

  2. Il n’est pas question de nier l’holocauste. Mais cette phrase mérite d’être méditée : “Mais un consensus n’est fiable que si les gens sont libres de le remettre en cause”.
    En effet, ça renforce les arguments que de les confronter à d’autres : c’est ce qui leur donne du poids et assoit leur réalité historique. Le fait d’imposer une seule et unique vérité, sans qu’elle soit vraiment définie, lui donne un caractère douteux. Quelle autre passage de l’histoire est ainsi figée dans le marbre? Les millions de morts de 14-18?
    En résumé, il n’est nullement question de nier l’holocauste, mais il existe des effets pervers au fait d’imposer une vérité unique, indiscutable et définitivement figée.

  3. Je pense juste que l’image des charniers parle d’elle même… L’Holocauste à eu lieu, c’est indiscutable. Il est donc impossible de le nier.
    De plus, le fait d’opposer des arguments, ne remet certaintement pas en cause l’existance d’une loi contre le dénit de crime contre l’humanité.

  4. @caddaric
    Etes-vous d’accord sur le principe qu’en matière d’expression la liberté doit être la règle, et l’interdiction l’exception ? Et que s’il faut interdire, il faut le faire avec le plus de doigté possible ?
    Je ne pense pas du tout que les condamnations de négationnistes pour des spéculations confidentielles soient une juste manière de rendre hommage aux victimes – je dirais presque “au contraire”.
    Je comprendrais en revanche que des restrictions existent sur la diffusion de leurs thèses sur la voie publique : la loi pourrait éviter ainsi que des rescapés des camps soient confrontés à des tracts ou affiches négationnistes, qui susciteraient chez eux une émotion bien légitime. Tout comme nous ne souhaitons pas être, nous non plus, confrontés à des provocations (blasphématoires, pornographiques) quand nous sommes en famille dans la rue – sans vouloir pour autant imposer un “ordre moral” interdisant toute expression qui nous heurterait.
    Je crois qu’en matière de liberté d’expression, il faut que nous dépassions le stade du “tout ou rien”, traduit jusqu’à la caricature dans la peine de 20 ans de prison qu’encourt Irving…

  5. En effet, il me semble qu’on devrait pouvoir discuter de tout sans qu’une loi impose de limites. La vérité a t’elle besoin d’être protégée? Dans un monde idéal, non. l’argumentation scientifique devant se suffire à elle-même et s’imposer naturellement à des hommes capables de la comprendre. Dans le monde réél, on s’aperçoit que les décisions sont prises avant que la vérité ne soit apparue de manière complète. Ainsi, les lois contre les discriminations envers les homosexuels en France n’ont elles pas été durcies suite au “fait” qu’un homosexuel s’était fait agressé et avait été gravement brulé. Mais n’a t’on pas appris par la suite qu’il s’était fait cela lui-même? Notre société de l’image, hyper réactive ne se nourrit plus de vérité mais d’émotion. Tout cela tendrait à légitimer qu’il faille bien une loi pour protéger la vérité. Qu’arriverait-il s’il n’y avait pas cette loi? De multiples versions de la seconde guerre mondiale surgiraient, puisque c’est de cela qu’il s’agit ici. Le risque serait que l’une d’elle, fausse, pénètre les esprits, faibles, et qu’il en découle des conséquences néfastes: nouveaux pogroms, etc…
    Néanmoins, il vaut mieux une vérité assise sur des faits, plutôt qu’une pseudo-vérité dont tout le monde n’est pas convaincu.
    En fait, la loi condamnant le révisionnisme n’est qu’un symptome. Le symptome que la société est atteinte d’une maladie qui empèche ses membres d’accéder à la vérité faute d’une éducation suffisante qui apporterait la clairvoyance et l’esprit critique.
    Supprimons cette loi, laissons la parole aux chercheurs, éduquons nos enfants, en particulier à ne pas réagir de manière inconsidérée à l’info brute. La vérité ne s’impose pas de l’extérieur, elle se démontre. Sinon, c’est de l’obscurantisme.

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